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L’Afrique plombée par la résistance aux antimicrobiens

L’impact mondial de la Résistance aux antimicrobiens (RAM) vient de faire l’objet d’une première analyse réalisée par « The Lancet », une revue scientifique médicale hebdomadaire britannique. L’étude réalisée par les experts indépendants et publiée le 20 janvier dernier sous l’intitulé : « Charge mondiale de la résistance bactérienne aux antimicrobiens dans 204 pays et territoires en 2019 : une analyse pour l’étude sur la charge mondiale de morbidité », révèle en effet qu’environ 1,27 million de personnes sont mortes sur la planète en 2019 d’infections bactériennes résistantes aux antibiotiques. Ce phénomène naturel qui se caractérise par le fait que les micro-organismes comme les bactéries, les virus, les parasites et les champignons deviennent insensibles aux effets des médicaments antimicrobiens, tels que les antibiotiques, précédemment efficaces pour traiter les infections, a ainsi fait plus de victimes que le paludisme et le VIH-Sida qui ont respectivement été à l’origine de 830.000 et 1.120.000 décès sur la même période.

Avec pas moins de 255.000 décès enregistrés en 2019 seulement, l’Afrique notamment dans sa partie subsaharienne, s’avère malheureusement être la région la plus affectée par la RAM. D’après l’étude, cette situation est la résultante du « manque de réglementation dans certains pays africains, ) qui conduit nombre de patients à se procurer des antibiotiques sur les marchés locaux, parfois sans notice, disposés à même l’étal du marchand, disponibles au détail à moindre coût et délivrés sans ordonnance ». Et si rien n’est fait, la situation pourrait se détériorer dans un avenir proche si l’on tient compte du fait qu’il y a quelques années, les experts estimaient à 10 millions le nombre de décès annuels qui pourraient être provoqués par la RAM d’ici 2050. « Les conclusions de ce rapport montrent que nous sommes en train de perdre la course contre la RAM et que nous devons collectivement prendre des mesures immédiates », prévient à cet effet Raphael Chanda, Senior Policy Officer chez ReAct Africa.

Considérée comme l’une des principales causes de décès dans le monde, les conséquences de la RAM vont au-delà de l’aspect sanitaire pour affecter l’économie d’un pays. En effet, en plus d’être associée à une augmentation de la mortalité et à une prolongation des maladies chez l’homme et l’animal, elle est à l’origine d’importantes pertes de production dans l’agriculture, l’élevage et l’aquaculture. « Cela fait peser une menace pour la santé mondiale, les moyens d’existence et la sécurité alimentaire. En outre, la résistance aux antimicrobiens augmente le coût des traitements et des soins », note un expert de l’OMS.

Avec des estimations pour 204 pays et territoires, 23 agents pathogènes bactériens et 88 combinaisons agent pathogène-médicament, en 2019, l’étude du cabinet « The Lancet » vise donc à améliorer la compréhension de cette importante menace pour la santé humaine et surtout l’endiguer. Et pour ce faire, le rapport souligne le besoin urgent d’intensifier les actions de lutte contre la RAM. Ce qui devrait alors se faire à travers l’optimisation de l’utilisation des antibiotiques existants, la meilleure surveillance et contrôle des infections et la fourniture davantage de financement pour développer de nouveaux antibiotiques et traitement.

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