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Une lettre des délégués dénonce la clochardisation du personnel

Dans une correspondance adressée au directeur général Denis Bohoussou, les employés dénoncent entre autres les irrégularités dans de la période paiement des salaires, la non augmentation de certaines primes et indemnités de salaires, le non-paiement des allocations familiales à la Cnps, les difficultés des retraités à percevoir leur pension.

La situation est chaque jour plus confuse au siège de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi) à Yaoundé. Alors que l’on n’a pas encore fini de clarifier l’affaire liée aux soupçons de malversations financières et de détournement qui pèsent toujours sur le directeur général (DG) Denis Bohoussou, une correspondance signée par cinq délégués du personnel adressée le 31 janvier 2022 à l’Ivoirien, et portant essentiellement sur les salaires du personnel et la vie de l’organisation, est à nouveau venue mettre le feu aux poudres.

En parcourant le document de trois pages, parvenu au DG par voie de courrier officiel et dont nous avons obtenu copie, il apparait clairement que la sérénité est loin d’être revenue dans la maison, comme a tenté de faire croire Denis Bohoussou, lors d’une sortie face à la presse le 25 janvier dernier. « Nous avons l’honneur de vous écrire dans la peine, car vous le savez mieux que nous, le climat social n’est pas serein au sein de l’Organisation, en raison de l’actualité concernant les salaires du personnel et la vie de l’Organisation », peut-on lire à l’entame de la lettre.

VARIATIONS DE LA PERIODE PAIEMENT DES SALAIRES

En effet, dans le premier volet concernant les salaires du personnel, les délégués déplorent les irrégularités dans le paiement dudit salaire qui s’effectuait généralement entre le 8 et le 15 de chaque mois. Sauf que ladite période de paie connait désormais une variabilité incompréhensible. « L’impression que la majorité du personnel a, est que ces retards sont l’expression d’un mécontentement de votre part, qui frise la punition à l’endroit du personnel (…) en supposant que cette variation de période de paiement des salaires soit une réforme en cours, il serait souhaitable d’indiquer clairement à quelle échéance fixe les salaires seront désormais payés à l’Oapi », écrivent les délégués du personnel.

D’ailleurs, au moment où la correspondance était rédigée, les employés de l’Oapi accusaient déjà pratiquement deux mois d’arriérés de salaire, puisque la dernière paie mensuelle a eu lieu le 3 décembre 2021. Un fait jugé « inédit depuis plus de 30 ans », selon les délégués. Et ces derniers ne manquent pas de préciser que le personnel de la structure « a vécu deux mois avec un seul salaire », avant qu’il n’ordonne la semaine dernière le paiement d’un seul mois sous la pression des employés. Une situation paradoxale quand on se souvient que le 25 janvier 2022, Denis Bohoussou avait lui-même déclaré que l’Organisation a une trésorerie courante de plus de 20 milliards de Fcfa.

Tout porte à croire qu’il s’agit d’un acte délibéré du DG. Désigné ordonnateur des fonds avec son Directeur général adjoint, il aurait entre temps donné des instructions au service financier pour être désormais le seul ordonnateur, ceci en violation des textes de l’Oapi.

LA SECURITE SOCIALE EN PERTE DE VITESSE

Dans le second volet de la lettre portant sur la vie de l’Oapi, les délégués reprochent tout d’abord au DG de ne pas tenir les promesses faites à son retour du Conseil d’administration tenu à Cotonou au Bénin le 10 décembre dernier. La première concernait l’augmentation de certaines primes et indemnités de salaires, tandis que la deuxième portait la fin de son séjour à la tête de l’organisation à la fin de mois de juillet 2022, et l’invitation adressée au personnel intéressé à faire acte de candidature pour le poste. Malheureusement, deux mois après, aucune suite n’a été donnée à l’une ou l’autre de ces déclarations fortes.

Autre sujet de préoccupation relevé dans la lettre des délégués du personnel, le non-paiement des allocations familiales à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps). En effet, selon le document, le personnel allocataire n’aurait pas touché les allocations trimestrielles pour le compte des années 2019, 2020, 2021. « Pourtant chaque mois, les cotisations sont prélevées sur la paie du personnel concerné et reversées. Il serait souhaitable que le Directeur général en informe son homologue de la Cnps et l’invite à régulariser la situation en urgence », préconisent les délégués.

Dans le même registre de la sécurité sociale, les employés de l’Oapi déplorent les difficultés rencontrées depuis quatre ans par le personnel pensionné pour bénéficier de la pension retraite. « Ces difficultés sont de deux ordres à savoir, la télédéclaration et la constitution du dossier y relatif. Une autre difficulté est la liquidation de leurs avoirs au niveau de la Cnps », peut-on encore lire.

Ce sont tous ces griefs et bien d’autres amènent le personnel de l’Oapi à penser que « l’atmosphère demeure pesante, et le climat de travail malsain » au sein de cette instance panafricaine qui fêtera ses 60 ans d’existence cette année. D’où l’urgence d’intervenir, notamment au niveau des autorités camerounaises qui abritent le siège de l’organisation, pour que la sérénité revienne au plus vite dans la maison.

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