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La menace économique de la guerre russo-ukrainienne sur l’Afrique

Après la crise sanitaire liée au Covid-19 dont l’impact négatif reste significatif sur la vie de ses populations ainsi que sur son développement socioéconomique, l’Afrique pourrait encore subir les conséquences d’une action posée loin de ses terres. Tout comme le virus de la maladie à coronavirus parti de Chine il y a plus de deux ans, la guerre en Ukraine qui se déroule également à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres entre deux belligérants frères n’ayant d’ailleurs aucune histoire commune avec le continent, devrait elle aussi avoir d’après plusieurs analystes, de sévères répercutions économiques sur les pays africains.

En effet, l’invasion russe marquée par le début des bombardements de l’armée de Vladimir Poutine dans plusieurs villes ukrainiennes le 24 février dernier, a entrainé de nombreux bouleversements économiques dans le monde. Hausse drastique des prix de certaines matières (pétrole, gaz, blé, maïs, colza, orge, aluminium…) et effondrement des principaux indices boursiers mondiaux sont entres autres conséquences enregistrées dans ce sens. Comme on pouvait s’y attendre, plusieurs Nations européennes, voisines du géant russe, ont été les premières à subir les affres de ce conflit fratricide, avec notamment la flambée des prix enregistrée dans le domaine énergétique. Normal, puisque 40% du gaz naturel utilisé en Europe proviennent de Russie, premier exportateur mondial de gaz naturel. Tout comme 30% du pétrole que l’on retrouve sur le vieux continent sont importés de la Fédération russe. D’ailleurs, en l’espace de quelques jours, les prix de l’or noir ont explosé pour atteindre à présent 110 dollars le baril de Brent. Outre l’énergie, les conséquences de ce conflit se font également ressentir sur le plan alimentaire. Et l’Afrique aurait pu être épargnée si seulement elle n’était pas fortement dépendante des importations de certaines céréales produites par ces deux pays en guerre. C’est le cas du blé majoritairement utilisé dans la fabrication du pain sur le continent. Si la Russie est en effet le premier exportateur de blé au monde avec 18 millions de tonnes métriques de blé exportées en 2020, l’Ukraine arrive quant à elle au cinquième rang. Quoi de plus normal donc que les perspectives d’une chute de production des céréales dans ces deux pays fasse craindre une flambée des prix dans le monde, avec un impact considérable sur l’Afrique qui importe plus de 60% du blé qu’il consomme. Pour citer quelques exemples, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Egypte importe près de 90% de son blé de Russie et d’Ukraine, la Libye en importe 43% de sa consommation totale de blé d’Ukraine, tandis que le Kenya est ravitaillé en blé par la Russie et l’Ukraine à hauteur 75%. En somme, l’Afrique et le Moyen-Orient absorbent à eux seuls 40% de la production de maïs et de blé ukrainien.

Face à cette situation qui s’annonce fort préoccupante, des experts redoutent déjà l’aboutissement à état d’insécurité alimentaire qui, du fait du Covid-19, frappe désormais près de 330 millions de personnes sur le continent. D’ailleurs, comme l’a indiqué le site Action contre la faim, « l’arrêt des cultures et des exportations à cause du conflit risquent à moyen terme d’avoir des conséquences sur la sécurité alimentaire de ces régions dont les marchés sont déjà largement impactés par les effets indirects de la pandémie de Covid-19. »

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