Cela fait déjà une quinzaine de jours que les enseignants du secondaire du secteur public sont en grève au Cameroun. Depuis le début des protestations sur toute l’étendue du triangle national, se sont les élèves qui trinquent. A travers le mouvement d’humeur dénommé « Craie morte » adossé sur des collectifs formés à cet effet notamment « le collectif des enseignants indignés du Cameroun (Ceic) » et « le collectif On a trop souffert (OTS) », les grévistes ont finalement mis à exécution cette menace qu’ils brandissaient depuis plusieurs années pour réclamer l’amélioration substantielle de leurs conditions de travail. Faut-il le rappeler, ces enseignants employés par la fonction publique camerounaise sollicitent entre autres : le paiement des avancements dont bénéficie normalement un fonctionnaire en termes de progression d’échelon et éventuellement de grade ; le paiement des compléments de salaire ; le paiement des primes d’évaluation et des missions et corrections des examens ; l’application du décret portant statut particulier des enseignants au Cameroun ; les intégrations immédiates des lauréats des écoles de formation ; l’intégration des vacataires ; la prise en compte des primes de non logement ; la marchandage des rappels des enseignants au moment d’être régularisé après plusieurs années sans salaire pour certains…
Compte tenu du rôle central que jouent les enseignants dans le système éducatif au Cameroun, on se serait attendu à une réaction prompte du gouvernement pour que la situation s’arrange au plus vite. Que non ! Les « seigneurs de la craie » sont toujours aux abois, puisque leurs revendications sont restées lettre morte aux yeux des dirigeants. D’ailleurs, la rencontre initiée à cet effet le 1er mars dernier au Premier ministère entre représentants du gouvernement et les syndicats et collectifs d’enseignants a accouché d’une souris. Dans un communiqué signé conjointement par les représentants du Synaeepcam), le Syndicat national autonome de l’enseignement secondaire (Snaes), le Syndicat national autonome de l’éducation et de la formation (Snaef), le Syndicat National Indépendant des Enseignants de Base (Snieb), la Cameroon teacher’s trade-union (Cattu), la Fédération camerounaise des syndicats de l’éducation (Fecase) et le collectif de cadres de jeunesse et d’animation (Cocaja), les enseignants disent regretter le fait que « le Gouvernement n’ait pas accepté de s’engager sur un échéancier clair et précis » pour mettre fin à ce « conflit ».
D’ailleurs, face à l’inaction du Gouvernement, les enseignants grévistes n’excluent pas l’éventualité d’un durcissement du mouvement sur le terrain. Malheureusement, dans cette guerre entre employés et employeurs, ce sont les élèves et les parents qui payent les peaux cassés. Si les premiers sont pénalisés par cette suspension des cours, les seconds voient leurs efforts financiers tombés à l’eau. La situation s’avère même plus critique pour les élèves en classe d’examen en provenance des lycées, qui auront un désavantage certains face aux candidats issus des établissements privés qui eux, ne connaissent de perturbations de cours. C’est peut-être la raison pour laquelle les dirigeants du pays semblent traiter avec désinvolture ces revendications, puisque leurs enfants ne fréquentent que dans des collèges privées de grandes renommées, où d’ailleurs certains enseignants grévistes continuent à dispenser des cours normalement, puisqu’étant gracieusement payés.