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L’Afrique a droit à son autonomie en médicaments

La Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique est désormais sur les rails. L’initiative de la Banque africaine de développement (BAD) dont le Conseil d’administration a validé la création le 27 juin dernier est louable. Surtout dans la mesure où cette nouvelle institution va selon les experts, considérablement améliorer l’accès de l’Afrique aux technologies qui sous-tendent la fabrication de médicaments, de vaccins et d’autres produits pharmaceutiques qui sont encore grandement importés de l’étranger par les pays du continent à hauteur de plus de 70%, soit l’équivalent de 14 milliards de dollars de dépenses annuelles.

Nul besoin de rappeler les problèmes que rencontrent encore les pays africains pour accéder à bon nombre de médicaments. A quelques exceptions prêtes, on dénombre très peu d’industries pharmaceutiques au sud du Sahara. Une situation particulièrement alimentée par le faible accès aux financements des acteurs de ce secteur, l’absence de mise en place d’outils industriels performants, le manque d’harmonisation réglementaire entre pays ou encore l’indisponibilité de personnels hautement qualifiés. Mais paradoxalement, ce sont les populations vivant dans cette région qui sont régulièrement frappées par des maladies épidémiques ou endémiques à l’instar du paludisme, le virus Ebola, la tuberculose, le choléra, le VIH-Sida ou encore le Covid-19 qui tirent leur enracinement des facteurs géoclimatiques et environnementaux, le sous-développement et des comportements humains le plus souvent liés à des facteurs socioculturels. Les ravages sont inestimables avec à la clé d’importantes pertes en vies humaines.

Dans un tel contexte, la mise en place de la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique qui accordera la priorité aux technologies, aux produits et aux processus dévolus aux maladies ainsi qu’aux pandémies qui prévalent actuellement et celle qui le seront à l’avenir en Afrique, ne peut être que salutaire pour un continent qui accuse encore malheureusement un grand retard sur le plan industriel. « Il s’agit d’une grande avancée pour l’Afrique. L’Afrique doit se doter d’un système de défense sanitaire, basé sur trois grands domaines : la relance de l’industrie pharmaceutique africaine, le renforcement des capacités africaines de fabrication de vaccins et la mise en place d’infrastructures de soins de santé de qualité en Afrique, » a déclaré à cet effet Akinwumi Adesina, président du Groupe de la BAD. Lors du Sommet de l’Union africaine tenu à Addis-Abeba en Ethiopie en février dernier, le Nigérian soulignait déjà l’importance pour l’Afrique de prendre la sécurité sanitaire de ses 1,3 milliard d’habitants en main.

La création de la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique qui aura son siège au Rwanda, a d’ores et déjà été favorablement accueillie par des institutions d’envergure internationale telles que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Si la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a apprécié une « action novatrice », le principal responsable de l’OMS, Tedros Ghebreyesus, a pour sa part parlé d’un changement de donne qui vient accélérer « l’accès des entreprises pharmaceutiques africaines aux technologies et au savoir-faire protégés par la propriété intellectuelle en Afrique ».

Vivement que les premières réalisations de la Fondation soient visibles sur le terrain au plus vite, afin que les populations africaines puissent aisément avoir accès à des médicaments de qualité en quantité, et surtout à moindre coût.

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