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L’avenir alimentaire de l’Afrique en sursis

Malgré sa richesse en terres et une grande variété sur le plan agroé-cologique, l’Afrique subsaharienne est loin d’être à l’abri de l’insécurité alimentaire. C’est en substance ce que l’on peut retenir des « Perspectives agricoles de l’Ocde et de la FAO 2022-2031 » rendues publiques le 29 juin dernier. Fruit de la collaboration entre l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avec l’aide d’experts de leurs pays membres et d’organisations internationales, cette production annuelle analyse les perspectives des marchés nationaux, régionaux et mondiaux des produits agricoles, halieutiques et aquacoles de base pour la décennie à venir.

La partie consacrée à l’Afrique subsaharienne considérée comme la région qui concentre la majeure partie de la pauvre de la planète, laisse présager des doutes quant à l’avenir de sa population sur le plan alimentaire. Surtout dans un contexte où elle affiche le taux de croissance démographique le plus élevé de toutes les régions, soit 2,5 % par an. D’ailleurs, d’après les projections, cette partie du globe comptera en 2031 pas moins de 334 millions d’habitants de plus qu’en 2019-21, ce qui représente une hausse de 16,5% de la part de la population mondiale vivant dans cette région, dont plus de la moitié en zone rurale. Cette situation est aggravée par le fait que les ménages d’Afrique subsaharienne consacrent en moyenne 23% de leurs revenus à l’alimentation, ce qui représente le pourcentage le plus élevé de toutes les régions. Par conséquent, relève l’Ocde et la FAO dans leurs perspectives agricoles 2022-2021, « améliorer la sécurité alimentaire et réduire la faim dans un environnement où les revenus sont faibles, sera l’un des plus grands défis qui attendent la région au cours des dix ans à venir. Malgré les progrès et les succès enregistrés dans certains pays, le niveau de productivité reste bas dans la plus grande partie de la région ».

Dans le volet consacré à la production, l’analyse révèle que la production agricole, halieutique et aquacole en Afrique subsaharienne devrait connaitre une progression de 2% par an en moyenne en valeur ajoutée nette. L’on parle d’ailleurs d’une hausse de la part de la région dans la production des céréales, racines et tubercules, la viande bovine, la volaille ou encore le lait sur les marchés mondiaux d’ici 2031. Sauf que c’est une situation paradoxale car « compte tenu de la croissance démographique rapide, cela signifie que ramenée au nombre d’habitants, la production va continuer de diminuer, une tendance apparue dès 2015 », expliquent les experts.

La situation n’est guère reluisante pour l’Afrique en termes de consommation. Car du fait une fois encore de la croissance démographique rapide et une possible hausse de la disponibilité en calories par habitant, la région sera au cours de la prochaine décennie le principal moteur de l’augmentation de la consommation alimentaire pour le secteur agricole mondial. Situation similaire pour ce qui est échanges, car selon les prévisions, la région n’étant pas autosuffisante pour les aliments de base, elle deviendra de plus en plus dépendante aux importations pour combler l’écart entre la production et la consommation intérieures. « Pendant la prochaine décennie, les importations de céréales, de viande, de produits halieutiques et aquacoles, de sucre et d’huiles vont sensiblement augmenter et à un
rythme plus rapide que la production. Le blé représente presque la moitié des importations de céréales de la région, et la Russie en a toujours été le principal fournisseur, en plus des volumes importants fournis par l’Ukraine.L’évolution de la guerre de la Russie contre l’Ukraine est donc un motif supplémentaire de préoccupation concernant la disponibilité du blé et le coût de ses importations »
, peut-on lire dans le rapport.

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