Vous êtes ici
Accueil > Actu Magazine > Actu Cemac > <strong>Stabilisation des prix et services : La Beac prescrit le relèvement du pouvoir d’achat des ménages</strong>

Stabilisation des prix et services : La Beac prescrit le relèvement du pouvoir d’achat des ménages

Selon l’institut d’émission, cela peut se faire soit par la hausse des subventions de l’Etat, ou par une réduction des marges bénéficiaires des entreprises.

A court terme, il est difficile, selon la Beac, d’accroître les capacités de production des économies. Car, les investissements requièrent en général des délais d’intervention parfois longs. Or, dans l’immédiat, atténuer les effets négatifs de la hausse des prix relatifs sur les ménages à revenus les plus faibles, « passerait donc nécessairement par un renforcement de leur pouvoir d’achat plutôt que par un plafonnement des prix », prescrit la Beac. Cette augmentation du pouvoir d’achat pourrait être mise en œuvre à travers une hausse des subventions des Etats ou une réduction des marges bénéficiaires des entreprises. La réduction des marges des entreprises peut être implémentée à travers un plafonnement administratif des prix de certains produits ou une répercussion partielle des évolutions des prix des produits importés sur les prix de vente.

Selon la Banque centrale, l’efficacité des mesures de plafonnement des prix exige la mise en place des dispositifs de contrôles des prix sur le terrain. Or, dans la pratique, les contrôles des prix sont généralement inefficaces, et donc à proscrire. « Lorsque les marges commerciales découlant du respect du plafonnement des prix deviennent négatives, les unités de production arrêtent de produire avec pour corollaire la mise au chômage de leurs salariés. Celles qui continuent de fonctionner augmenteront implicitement leurs prix à travers des fraudes à la métrologie au détriment du consommateur », explique Léo-Spencer Keungne Kouotang, chef service balance de paiement à la Direction des études, de la recherche et des statistiques de la Beac.

Par ailleurs, la mise en place des dispositifs de contrôle des prix dans un contexte de dégradation du pouvoir d’achat favorise l’émergence de la contrebande ou des poches de corruption. Concernant la répercussion partielle de la hausse des prix des biens importés sur les prix de vente, elle ne devrait concerner que les entreprises ayant des marges relativement importantes. Pour finir, les subventions des Etats à l’importation des biens et services peuvent être implémentées à travers le renoncement au prélèvement de certaines taxes fiscales ou douanières ainsi que par des subventions à l’importation des intrants des unités de production locales.

Sur le long terme, la forte vulnérabilité des économies de la Cemac aux fluctuations des prix des produits importés traduit une progression insuffisante de l’offre des produits de substitution locaux, notamment les produits agro-industriels. Une illustration de ce constat est qu’au Cameroun, l’augmentation des prix des produits locaux a été depuis le début des années 2000 supérieure à celle des biens importés. Limiter la vulnérabilité des économies aux évolutions défavorables des prix de certains biens importés requiert une augmentation des capacités de production domestique. Par conséquent, les mesures à mettre en œuvre devraient prioritairement concerner la création de conditions socio-économiques, financières et institutionnelles propices à l’augmentation de l’offre locale des produits agro-industriels et énergétiques qui représentent la part la plus importante du panier de biens et services à la consommation.

Adapter l’offre domestique Aux évolutions de la demande

L’analyse de l’impact de la hausse des prix relatifs de certains des biens et services à l’international semble augurer des perspectives macroéconomiques sombres dans la Cemac en l’absence de retournement de la dynamique des prix à l’international. Pourtant, une évolution à la hausse ou à la baisse des prix relatifs ne constitue pas toujours un problème en soi. Elle reflète les déséquilibres entre l’offre et la demande des biens et services et pourrait constituer un signal permettant d’identifier des opportunités d’investissements potentiellement rentables. Ainsi, la persistance de l’augmentation du prix relatif de certains biens et services à la consommation peut n’être que le reflet à court terme d’une lenteur de l’adaptation de l’offre domestique aux évolutions de la demande. Elle peut également constituer un signal d’alerte sur la nécessité de mettre en place des réformes structurelles appropriées pour booster les capacités de production domestiques. Tant que les sociétés non financières sont en mesure d’ajuster leurs capacités d’offre à la hausse, il n’y a pas forcément lieu de s’inquiéter pour les perspectives socio-économiques. Avec des possibilités d’ajustement des capa[1]cités de production domestique, plafonner les prix pourrait plutôt ralentir les investissements dans des filières potentiellement rentables et nuire aux perspectives de croissance à moyen terme.

Laisser un commentaire

Top