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Le point sur les scandales financiers dénoncés par le Parlement

Des affaires restées sans suite malgré le tollé général qu’elles suscitent à la fois de la part de l’opinion et des institutions nationales et internationales.

Pour une meilleure compréhension par les lecteurs de la dénonciation faite par l’Assemblée nationale au sujet des scandales financiers du pays, LFA se propose de faire un bref rappel des affaires décriées.

Pour ce qui est de la gestion des fonds Covid-19, le rapport final de la Chambre des comptes de la Cour suprême publié le 3 juin 2021, avait ressorti de nombreuses irrégularités parmi lesquelles, quatre marchés fictifs de médicaments d’un montant de 536,44 millions de Fcfa et une surfacturation de 15,3 milliards de Fcfa dans le cadre de l’acquisition de tests de dépistage. A cela s’ajoutent 1,25 milliard de Fcfa de travaux payés sans être achevés et des doubles paiements de marchés générant un préjudice de 708,4 millions de Fcfa entre autres. Cette enquête a confirmé les accusations de malversations financières autour de la gestion des fonds Covid formulées depuis le début de la crise sanitaire au Cameroun par l’opposition. Depuis lors, plus rien n’a filtré. Lesdits fonds étaient gérés par la « Task force » créée par le président de la République par le truchement du ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence de la République le 31 mars 2021. Elle était dirigée par le ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr), Ferdinand Ngoh Ngoh. Une décision qui, avait en son temps, suscité une levée de boucliers, car certains y voyaient une « élévation » de ce dernier au détriment du Premier ministre qui était jusque-là, le coordonnateur dudit Fonds. Le chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute avait d’ailleurs été interpellé par la Représentation nationale sur ce sujet au cours de la séance plénière du 17 juin 2022.

Le caS de L’autoroute douaLa-YaouNdé

Supposé fluidifier le trafic entre les principales villes du pays, ce projet s’est plutôt illustré par des retards et des surfacturations dans sa réalisation. De l’avis des experts, le coût des 60 km devant relier la localité de Bibodi à la capitale Yaoundé, est passé de 339 milliards de Fcfa à 424 milliards de Fcfa. Pourtant, la Banque mondiale à l’époque trouvait déjà le premier montant anormalement élevé par rapport à ce qui se fait ailleurs. Malgré cela, le chantier est toujours en cours près de 9 années après son démarrage. Comme si cela ne suffisait pas, 204 milliards de Fcfa supplémentaires devraient être injectés pour les travaux de raccordement de la section Yaoundé-Bibodi à la Nationale numéro 3. Au total, la première phase de ladite autoroute aura coûté un peu plus de 628 milliards de Fcfa au Trésor public camerounais.

Le Stade d’oLembé

Le tout récent litige opposant l’entreprise Magil construction corporation et le ministère camerounais des Sports et de l’éducation physique (Minsep) a mis au goût du jour, le scandale financier de cette infrastructure conçue pour abriter les matchs de la CAN organisée par le Cameroun en janvier 2022. L’entreprise sélectionnée en 2020 pour remplacer Piccini à qui le chantier avait été confié en 2015 accusait l’Etat camerounais dans sa lettre de ré- siliation de contrat, de n’avoir plus versé aucun paiement ni à elle ainsi qu’à ses soustraitants depuis juillet 2021. Elle l’a indiqué avoir mis en demeure le Minsep le 5 décembre 2022, lui demandant « de régulariser ses obligations sous 30 jours pour éviter la résiliation du contrat ». Une correspondance restée sans suite selon l’entreprise. En réponse, Pr Narcisse Mouelle Kombi, le patron de ce département ministériel dans un courrier interne du 3 janvier dernier qui a fuité sur les réseaux sociaux et abondamment relayé par la presse, accusait Magil de n’avoir achevé « aucune composante du complexe d’Olembé ». Ceci après avoir déjà consommé 2 ans de travaux et 42 milliards de Fcfa.

Le projet prévoyait un stade de 60.000 places, des stades d’entraînements, une piscine, un gymnase etc. A ce jour, seul le stade a été achevé en urgence pour les raisons de la CAN 2022. Jean Michel Nintcheu, député à l’Assemblée nationale récemment exclu des rangs du Social democratic front (SDF), dénonçait dans un communiqué, « des détournements massifs de deniers publics par les autorités, alors que plus de 250 milliards de Fcfa sont partis en fumée et que pratiquement tout est à refaire sur ce site », déplorait-il.

LeS chaPitreS 65 et 94

L’audit des chapitres 65 et 94 initié par la Présidence de la République, il y a quelques mois, a poussé quelques bénéficiaires à justifier les fonds reçus. Pour mieux comprendre le fond de l’affaire, une définition des lignes susvisées s’impose. Intitulé « dépenses communes de fonctionnement », le chapitre 65 est géré par le ministère des Finances (Minfi) tandis que le 94 intitulé « interventions en investissement » généralement utilisé pour des investissements en urgence par exemple en cas de catastrophe, est géré par le ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat). Des indiscrétions faisaient état de nombreuses entorses aux prescriptions règlementaires. Une liste des bénéficiaires a même été rendue publique à cet effet. Des hautes personnalités du secteur public et du privé y figurent. Ce qui dérange, c’est la fixation qui est faite sur les deux ministères susmentionnés. Beaucoup se seraient attendu à ce que l’opération touche l’ensemble des administrations publiques et para publiques où des fonds destinés à certains programmes sont détournés en toute impunité, apprend-t-on. Néanmoins, cette opération est salutaire dans le sens qu’elle contribue à l’assainissement des finances publiques. Reste maintenant à savoir si les auditeurs du Consupe se sont rapprochés du Premier ministre supposé être l’ordonnateur desdits chapitres budgétaires.

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