A partir de cette année, le continent africain perdra entre 7 et 15 milliards de dollars par an en raison des conséquences du changement climatique, a annoncé Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement (BAD) lors du lancement du Bureau régional africain du Global Center on Adaptation (GCA) le 16 septembre à Abidjan. « Juste quatre ans plus tôt, le phénomène météorologique El Niño a ravagé les régions est et australe de l’Afrique avec de sévères vagues de sécheresse. En 2019, les cyclones tropicaux Idai et Kenneth ont causé 2 milliards $ de pertes aux économies du Mozambique, du Malawi et du Zimbabwe tout en faisant 800 morts. L’on estime qu’à partir de cette année 2020, l’Afrique perdra entre 7 et 15 milliards de dollars à cause du changement climatique », a affirmé le patron de l’institution financière panafricaine. C’est la raison pour laquelle la Banque a inclu dans ses priorités, l’accompagnement de la croissance verte et la mobilisation de la finance climat à hauteur de 25 milliards de dollars d’ici 2025. Dans le même sillage, la BAD a organisé le 15 septembre dernier par visioconférence un Forum mondial de la philanthropie dans la perspective d’atteindre l’objectif d’une Afrique résiliente au changement climatique. Les experts présents à ce conclave ont appelé à une collaboration accrue entre les bailleurs de fonds. Ce qui permettrait de faire face à la grave menace que représente le changement climatique pour le développement de l’Afrique. « La solution est de collaborer davantage et de manière plus judicieuse pour pouvoir atteindre des objectifs ambitieux et s’assurer l’appui de tous les secteurs », ont constaté les participants qui attirent l’attention de l’humanité sur les difficultés sans précédent posées par la pandémie de Covid 19.
D’ailleurs, cette rencontre virtuelle a débuté par un appel à l’adoption de moyens durables permettant à l’Afrique de sortir plus forte de la pandémie de Covid-19. « La voie vers une reprise durable face à la pandémie de Covid-19 nécessitera des investissements qui s’attaquent simultanément à la pandémie elle-même et aux risques avérés en matière de changement climatique, tout en offrant des avantages indirects attractifs », a déclaré Al Hamndou Dorsouma, directeur chargé de la lutte contre le changement climatique et de la croissance verte à la BAD.
Pour Arame Tall, spécialiste de l’adaptation et de la résilience au Groupe de la lutte contre le changement climatique de la Banque mondiale, « l’heure est aujourd’hui à l’adaptation. Il est intéressant de noter que nous recevons l’attention d’organisations philanthropiques, du secteur privé et d’investisseurs non traditionnels qui souhaitent investir dans le but d’exploiter les nouvelles opportunités qui se présentent dans le domaine de l’adaptation au changement climatique ».
En octobre 2018, la BAD a approuvé un plan cadre pour la mise en oeuvre du Programme de financement des risques de catastrophes en Afrique (Adrifi), qui offre aux pays africains la possibilité de mettre en commun leurs ressources et de transférer leurs risques liés au changement climatique en s’acquittant d’une prime d’assurance souveraine. La Banque s’est associée à une société d’assurance, la Mutuelle panafricaine de gestion des risques (ARC), pour garantir la mise en oeuvre de l’Adrifi. « Au sein de la Mutuelle panafricaine de gestion des risques, nous collaborons avec les pays pour les préparer à l’exposition aux risques auxquels ils sont confrontés et nous les aidons à se préparer à réagir, notamment en les aidant à créer un fonds de prévoyance. Nous avons également établi un partenariat avec la Banque africaine de développement pour le Programme de financement des risques de catastrophe en Afrique et pour différents autres outils de financement », a déclaré Lesley Ndlovu, directeur exécutif de l’ARC.