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Ce qu’il faut comprendre de la fusion Gicam-Ecam

Mercredi 5 avril 2023, les présidents de ces deux organisations patronales ont scellé à Douala l’Union de leur organisation. Le but est d’œuvrer à un environnement des affaires plus sain, plus productif et plus en phase avec son temps.

a partir du 1er Janvier 2024, la nouvelle centrale patronale unifiée issue de la fusion du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) et du mouvement patronal d’Entreprises du Cameroun (Ecam) prendra effet. Cette fusion qui semble être pour l’heure une absorption naît de la volonté des deux présidents de ces organisations patronales, de donner plus d’intensité à leurs initiatives communes.

Lors de la cérémonie marquant la signature du traité de fusion entre Ecam et le Gicam, Célestin Tawamba, Président du Gicam a déclaré : « la fusion que nous matérialisons ce jour, marque assurément un tournant décisif dans l’histoire du patronat camerounais, et contribuera significativement à rendre nos entreprises plus prospères, par le biais d’une nouvelle organisation patronale plus en phase avec les défis de demain ».

Dans un premier temps, le projet commun est de donner naissance à une centrale patronale unifiée, forte à tous les apports du secteur privé. Le Gicam qui compte à présent plus de 1000 membres, avec entre autres près de 300 grandes entreprises et près de 500 Petites et moyennes entreprises (PME), se verra à cours sûr renforcer par l’effectif d’Ecam qui comptabilise pour sa part environ 460 PME, très petites entreprises (TPE), y compris les réseaux d’associations et syndicats d’entreprises.

UNE CENtraLE PatroNaLE UNiFiéE

Ainsi, cette nouvelle centrale patronale unifiée aura vocation à rassembler le secteur privé dans l’ensemble : les différentes branches, filières et les différents syndicats patronaux. Ce qui fera naitre comme l’a indiqué Protais Ayangma, président d’Ecam, une centrale patronale unifiée avec unegouvernance conforme aux exigences modernes de la démocratie associative. A travers cette fusion, ils envisagent donc restructurer, repenser et réinventer le patronat camerounais. « Pas simplement pour afficher une unicité de voix et de positions, mais pour coller aux aspirations profondes et légitimes de nos adhérents, pour assurer à nos adhérents une défense de leurs intérêts, avec une influence décuplée », fait savoir Protais Ayangma. Et de poursuivre : « nous réinventons le patronat camerounais à travers cette fusion pour matérialiser la fonction sociale et d’acteur de développement de l’entreprise. A travers l’intégration de nouvelles questions économiques transversales, comme le numérique, l’économie solidaire et durable, l’écologie, l’épineuse question du financement des PME, l’agribusiness, etc. » En outre, le Gicam et Ecam ambitionnent aussi à travers cette nouvelle centrale patronale unifiée, de transformer structurellement et efficacement le dialogue public-privé. Sur ce, « les pouvoirs publics auront un interlocuteur unique avec des sensibilités plurielles certes, mais un interlocuteur unique plus représentatif de l’écosystème économique, donc à plus à même de partager les options économiques du gouvernement à la majorité des acteurs du secteur privé », nous laisse-t-on entendre.

CE qUi a été Fait aVaNt La FUSioN

Ces deux organisations patronales ont commencé à être perceptibles à cette fusion, le 17 janvier 2019, lorsqu’elles ont décidé de mettre en place une instance de concertation sous la dénomination de « coordination patronale ». Cette dernière dont l’objectif global était de partager des informations et d’harmoniser les positions de leurs deux organisations sur les problématiques relevant de leurs missions, a permis entre autres de faire au gouvernement des propositions consensuelles sur certains sujets d’intérêts commun. Il s’agit notamment de : l’élaboration d’un plaidoyer en vue de la réforme du système fiscal des entreprises, visant à l’implémentation d’une fiscalité de développement ; l’élargissement de l’assiette devant induire la baisse de la pression fiscale sur les entreprises, avec en prime des mesures spécifiques en faveur des PME ; la modification substantielle du cadre réglementaire et institutionnel relatif à l’incitation aux investissements au Cameroun, pour l’adapter au contexte actuel et réduire les distorsions de marché occasionnés par le cadre actuellement en vigueur ; l’adoption des positions communes en vue de la réforme du Cameroun business forum, principale plateforme de dialogue public-privé, à l’effet de le rendre plus efficace et à même de participer effectivement à l’amélioration de l’environnement des affaires.

Avec l’accompagnement du Bureau International du travail (BIT), le Gicam et Ecam ont signé le 6 juillet 2021, un protocole d’accord pour la mise en place d’un cadre permanent de dialogue social avec les organisations syndicales des travailleurs les plus représentatives. Sous cette casquette, ils ont fait parvenir au gouvernement des propositions consensuelles sur la révision du Code du travail et la revalorisation du Smig. « Si l’union qu’avait consacrée la coordination patronale a fait notre force, alors assurément, la fusion, fera notre puissance. J’ai la faiblesse de penser et certains diront que je rêve en couleur, que dans un contexte marqué, fracturé et incertain, qui fait peser des risques réels sur nos entreprises et la pérennité de nos investissements, cette fusion, acte fondateur de notre nouvelle ère patronale, apparaît comme la note d’espoir attendue en mesure d’infuser et de se diffuser dans l’ensemble de notre corps social », avait déclaré Célestin Tawamba.

Compte tenu d’une part, des résultats obtenus dans le cadre de la coordination patronale, et d’autre part, du constat fait de la puissance des propositions patronales, lorsqu’elles sont partagées par Ecam et par le Gicam, il ne fait l’ombre d’aucun doute que les nombreux autres défis à relever pour l’amélioration du climat des affaires, postulent la mise en place d’une structure juridique unique, qui permettra une meilleure lisibilité de l’action du patronat et une meilleure représentativité dans la défense de ses intérêts.

CoNDitioNS DE L’oPératioN

En ce qui concerne les conditions de l’opération, le traité de fusion est clair. La charge est dévolue aux deux présidents des institutions fusionnées, de veiller sous leurs responsabilités personnelles, à l’accomplissement des traitements comptables compatibles à la période transitoire qui s’ouvre dès la fin des Assemblées générales extraordinaires entérinant le traité de fusion, et s’étend jusqu’au 31 décembre 2023. Cette période ne pourra être renouvelée qu’une fois pour un délai de 6 mois. Concernant la délégation de pouvoirs. Il est mentionné dans la secteur 2 du traité que tous les pouvoirs sont conférés à Protais Ayangma Amang et à Célestin Tawamba, pouvant agir conjointement ou séparément, à l’effet de poursuivre la réalisation définitive des opérations de fusion, par eux-mêmes ou par un mandataire par eux désigné.

Il faut par ailleurs noter que cette fusion se déroule au moment où le mandat du président actuel du Gicam tire à sa fin. Selon les textes de l’Organisation, le mandat de Célestin Tawamba s’achève en décembre 2023 et de nouvelles élections devront être organisées. Cependant, quel sera l’impact de cette nouvelle fusion sur l’avenir de Célestin Tawamba à la tête du Gicam ? Nous obtiendrons sûrement les réponses à la fin de cette année.

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