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La Beac de nouveau à la rencontre des industries extractives

Abbas Mahamat Tolli, son gouverneur devrait faire le point des négociations entre ces dernières et la Banque centrale, le 12 avril 2023 devant la Chambre de commerce de Washington DC aux Etats-Unis.

Le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) est en séjour aux Etats-Unis d’Amérique depuis le 10 avril 2023, a appris LFA de sources bien introduites. Selon celles-ci, il y est allé faire le point des négociations entre la Banque centrale et les compagnies extractives au sujet du respect par ces dernières de la règlementation de changes en vigueur dans la Cemac. Abbas Mahamat Tolli devait s’exprimer devant la Chambre du commerce américaine, le 12 avril dernier à cet effet. Cette énième rencontre de la Beac avec les industries extractives, s’inscrit dans la démarche de son top management de poursuivre les négociations avec celles-ci même si elles semblent se montrer réfractaires à l’implémentation du règlement sus évoqué. Ce rendez-vous se tient à l’initiative du Joint Working Group, présenté comme un lobby constitué d’une vingtaine d’entreprises parmi lesquelles ExxonMobil pour ne citer que celle là.

dES AvANCéES

Au cours d’une conférence de presse tenue le 14 juillet 2022 au terme de la deuxième session ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM) de la Beac, son gouverneur avait indiqué, répondant à une préoccupation des journalistes sur le sujet, que « les discussions avancent à grands pas ». Selon lui, les deux parties ont convenu du rapatriement des recettes d’exportation. Pour ce faire, ces industries exigeaient de la banque, des garanties quant à la non-saisie des dits fonds une fois rapatriés. Une loi communautaire a été votée dans ce sens. Pour ce qui est de l’ouverture des comptes off-shore, une autre exigence desdites entreprises, il a été procédé à l’ouverture de plus de 300 comptes par la Beac, apprend-t-on. Au regard de ce qui précède, le rapatriement desdits fonds devrait se faire d’ici la fin du mois de juillet 2022, délai limite accordé à ces dernières par la Beac pour se conformer à la règlementation des changes susmentionnée. Elles disposaient également d’un délai de 3 mois pour la restauration du fonds de change. Le Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) réuni en session ordinaire le 21 juillet 2022 à Douala avait appelé les Etats de la sous-région au renforcement de la transparence tout en favorisant le rapatriement des recettes pétrolières et soutenir sans réserve la Beac dans l’application de la règlementation des changes aux opérateurs du secteur extractif.

LES RéSERvES dES iNduStRiES ExtRACtivES

Parlant du non-respect par elles de la réglementation des changes en vigueur dans la zone Cemac, certaines entreprises concernées en ont donné quelques raisons par voie de presse. Elles considèrent par exemple que « le rapatriement des recettes d’exportation entrave l’accès à des financements auprès des banques internationales et limitent l’accès immédiat aux devises pour le règlement des fournisseurs dans des délais requis », peut-on y lire. Pour ce qui est de l’interdiction de l’ouverture d’un compte en devises hors de la Cemac et à l’intérieur de cet espace sans l’autorisation préalable de la Beac, elles pensent que « la détention des comptes en devises à l’étranger est une condition d’emprunt sur le marché bancaire international et un moyen de paiement, dans les délais, des fournisseurs implantés hors Cemac » selon la même source. Aussi, l’obligation de rapatriement des fonds de réhabilitation des sites leur semble être « un leurre ». Car, selon elles, la Cemac ne semble pas être capable de sécuriser ces fonds jusqu’au terme de leurs contrats d’exploitation. Par conséquent, elles préfèrent les préserver dans des comptes à l’étranger.

Au niveau sous-régional, les entreprises locales accusent la réglementation d’être en leur défaveur au profit de leurs concurrents étrangers. « Concrètement, il faudrait plusieurs mois à une société de services locaux de la Cemac pour honorer ses engagements contractuels avec un opérateur, contre seulement quelques jours ou semaines pour tout autre concurrent non contraint par la même réglementation. En conséquence, les entreprises d’Afrique sont condamnées à perdre inexorablement les contrats qu’elles ont travaillé si dur pour obtenir des opérateurs étrangers présents en Afrique centrale », déplore la Chambre africaine de l’énergie citée par la presse. D’autre part, les politiques fiscales accrues ajoutées à la limitation des flux de capitaux, ne permettent véritablement pas aux entreprises locales de rivaliser d’adresse avec les étrangers ou encore d’en établir des partenariats.

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