Vous êtes ici
Accueil > Banque, Bourse, Finance > Finance > 12 pistes pour développer la finance durable en Cemac

12 pistes pour développer la finance durable en Cemac

Elles ont été définies les 8 et 9 mai 2023 à Douala au cours d’un forum y relatif conjointement organisé par la Beac et la SFI.

Au-delà de l’officialisation par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) de son adhésion au Réseau banque et finance durable (Sbfn), parachevant ainsi la signature de la convention y relative en septembre 2022, laquelle a été présentée au cours du tout premier forum international sur la finance durable organisé à Douala, les 8 et 9 mai 2023. Il a débouché sur 12 résolutions devant la booster au niveau de la sous-région Cemac (Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale). Les travaux placés sous la présidence d’Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), ont vu outre la participation des hauts responsables de la Société financière internationale (SFI) sous la houlette de Mary Porter Peschka, directrice du département environnement, social, gouvernance et genre au sein de cette filiale du groupe de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, celle des dirigeants de la banque centrale, des institutions financières de la sous-région, des banques, des bourses, des assurances et bien d’autres.

La première piste à suivre pour développer la finance verte en Cemac, est selon les participants, la poursuite des initiatives adoptées au niveau des différentes institutions sous-régionales. Par ailleurs, d’après les résolutions finales lues par Michel Dzombala, vice-gouverneur de la Beac, « il faudrait identifier et mettre en cohérence les différents outils dont les institutions de la Cemac disposent en matière de finance durable, dans le respect des prérogatives individuelles de chacune des structures », a-t-il souligné. A ce point, s’ajoute le développement d’une approche collaborative de la finance durable, en créant un espace de dialogue qui intègre les parties prenantes, tout en bâtissant un consensus pour l’élaboration de la feuille de route en gestation. Aussi, l’adoption d’une approche graduelle dans l’élaboration de cette feuille de route a également été soulignée. Celle-ci doit prendre en considération les besoins et les priorités des différentes parties prenantes. De telles initiatives doivent s’accompagner des actions de sensibilisation et d’accompagnement à l’endroit des différents acteurs que sont en l’occurrence, les investisseurs, les émetteurs et même les différents régulateurs (Cobac, Cosumaf, Cima etc).

L’AttrAit DeS FiNANCemeNtS et CAPitAux iNterNAtioNAux eN LiGNe De mire

Sur un tout autre plan, les différents intervenants aux différentes thématiques soulevées dans le cadre de ce forum, ont souligné la nécessité « d’ancrer les réalités locales dans le développement de la feuille de route et l’élaboration de la création de la taxonomie ». Il convient d’aligner ces initiatives avec les besoins réels des populations pour qu’elles aient un impact réel. Développer la taxonomie, reviens à faire de l’élaboration d’une taxonomie une priorité et de l’intégrer dans la feuille de route en cours d’élaboration. Il faudrait par conséquent, adresser les problématiques sociales, des petites et moyennes entreprises (PME), de l’inclusion financière et de genre. Il s’agit de s’aligner sur les standards internationaux dans l’élaboration de la feuille de route afin d’attirer plus de financements et capitaux internationaux. Mais, avant, il est impérieux selon les participants au forum de Douala, de canaliser les ressources disponibles. « En effet il existe beaucoup de ressources, cependant il conviendrait d’établirun cadre qui permettrait d’assurer une gestion saine et durable de ces ressources. Par ailleurs, il est important de faire preuve de transparence dans l’utilisation de ces ressources afin de soutenir les modèles de croissance durable et inclusive », a indiqué le vice-gouverneur de la Beac lors de la synthèse des travaux.

uNe FeuiLLe De route Sur LA FiNANCe DurAbLe eN CourS D’éLAborAtioN

Au sujet de la feuille de route en cours de préparation, les participants ont insisté sur la mise en place d’une organisation pour coordonner l’élaboration et la validation de ladite feuille de route de la finance durable en zone Cemac, sous la direction de la Beac. A cet effet, les personnalités commis à cette tâche sont appelées à solliciter davantage la SFI et les membres du Réseau des banques pour la finance durable en anglais (Sbfn) dont la SFI assure le secrétariat ainsi que d’autres partenaires extérieurs, non seulement pour des besoins d’assistance technique, mais également en termes de renforcement des capacités. A cela s’ajoute la mise en place d’un écosystème qui sera retranscrit dans la feuille de route afin d’accompagner les émissions des obligations vertes à travers la création des labels verts pour récompenser les entreprises qui s’engagent dans la finance durable par exemple. Aussi, la promotion de la production de données en quantité et en qualité afin de mettre en place un reporting efficace sur les risques ESG (environnement, social et gouvernance), ainsi que l’accompagnement et le soutien du développement de projets et des activités durables, pour les rendre bancables, ne sont pas à négliger.

Réactions

Dahlia Khalifa, directrice régionale de la SFI pour l’Afrique centrale
« Notre stratégie pour la région Cemac vise à créer des opportunités »

Notre stratégie pour la région Cemac vise à créer des opportunités pour améliorer l’infrastructure numérique, soutenir les chaînes de valeur nationales, en particulier dans le secteur agricole, améliorer l’accès des Très petites et PME au financement et répondre aux besoins en infrastructures d’une population de plus en plus urbaine. L’une de nos principales priorités est le développement d’infrastructures propres et durables et la finance inclusive. En guise d’exemples de projets de la SFI dans la région de la Cemac, nous avons : Le projet hydroélectrique de Nachtigal sur le fleuve Sanaga, ici au Cameroun. Ce projet constituera une source majeure d’énergie propre pour le pays et représente aujourd’hui le plus grand investissement de la SFI dans le secteur de l’électricité en Afrique. Ce projet a nécessité un financement de 1,3 milliard de dollars. Ensuite, il y’a eu un financement de plus de 175 millions d’euros en 2021 en collaboration avec le gouvernement du Gabon et d’autres investisseurs pour la centrale hydroélectrique de Kinguele aval de 35 MW afin d’apporter à Libreville une capacité de production d’énergie propre et à faible coût.

D’autres actions comme le partenariat avec Bocom Petroleum en 2022, a visé à étendre l’accès au gaz de pétrole liquéfié (GPL) au Cameroun, impliquant 50 millions d’euros, aidant à remplacer l’utilisation du kérosène, du charbon de bois, du bois de chauffage et de la sciure de bois qui alimentent la déforestation et affectent la qualité de l’air dans les ménages. En outre, partenariat de conseil avec Activa Assurances en 2019 avait pour but de renforcer la couverture d’assurance pour les femmes, y compris les femmes entrepreneurs. Nous avons également conclu un partenariat avec la Société camerounaise d’équipement (SCE) afin d’aider les PME camerounaises à accéder plus facilement au financement et de soutenir l’activité économique et la création d’emplois dans le pays.

Alvine Mefotie, directeur général adjoint de CCA-Bank
« Nous sommes tous interpelés »

La finance durable est une problématique qui doit être prise en compte par tous les acteurs de la finance aujourd’hui. On ne peut pas seulement se permettre de travailler sur du court terme, sans chercher à pérenniser ce que nous disposons comme richesses. Au cours du forum international sur la finance durable, nous avons été édifiés par ce qui se fait ailleurs. Il est donc temps pour notre sous-région de définir un cadre approprié à cet effet. Cela doit se faire en parfaite symbiose entre le régulateur, les établissements de crédit, etc. Tous les acteurs intervenant dans la finance au sein de la sous-région doivent être associés. Au-delà de l’élaboration d’un cadre, il faut se doter des moyens pour soutenir la finance durable. Nous sommes tous interpelés. Nous avons beaucoup été édifiés par des exemples d’ailleurs en la matière. Cependant, il est plus que temps d’agir afin que ça ne reste que de la théorie. Nous saluons au niveau de CCA-Bank, l’initiative de la Beac et de la SFI.

Richard Chedjou, directeur corporate à Afriland First Bank
« Nous sommes venus nous informer »

Le concept de finance durable est nouveau dans notre environnement. Donc a, il est important que l’on arrime pour rester en phase avec l’évolution au niveau mondial. Allusion est ainsi faite aux Objectifs de développement durable (ODD), les différentes COP etc. Nous sommes tous interpelés. Nous sommes venus nous informer, comprendre comment cela se passe et voir comment s’adapter à la nouvelle donne de la finance mondiale. Dans mon intervention, j’ai demandé au régulateur du secteur bancaire qui est en l’occurrence la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), ce qui peut être fait pour encourager ? Lorsqu’on a à faire avec un concept nouveau comme celui-ci dans notre sous-région, on incite les gens à adhérer. Il est donc important que les Etats et les différentes institutions proposent des incitations en vue de l’adhésion d’un plus grand nombre à la cause.

INTERVIEW

Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Beac
« La finance durable est bénéfique pour nos Etats »

Dans un bref échange avec la presse au terme du forum sur la finance durable de Douala, il souligne sa portée au niveau de la sous-région.

Quel est le bien fondé de l’adhésion de la Beac au réseau banque et finance durable de la SFI ?

Consciente des opportunités et des enjeux liés au développement de la finance durable pour la Cemac, la Banque des Etats de l’Afrique Centrale a rejoint en septembre 2022 le Réseau de la banque et de la finance durables (Sbfn) de la SFI, à la suite de la Cosumaf en avril 2022. L’adhésion de la Beac à ce réseau consacre l’engagement formel de la Banque centrale pour le développement responsable et durable du secteur financier de la sous-région. Cet engagement était déjà tangible à travers la mise en œuvre de ses différentes missions statutaires et son rôle de soutien aux politiques économiques des Etats membres, sans compter ses actions visant à développer le secteur financier et renforcer l’inclusion financière. D’autres institutions sous-régionales, ainsi que plusieurs Etats membres ont déjà pris des initiatives s’inscrivant dans cette même dynamique. Toutefois, au regard des interactions entre, d’une part, les politiques budgétaire, structurelle, monétaire et prudentielle, et, d’autre part, les différentes parties prenantes du secteur financier, il serait opportun de dé- velopper une approche commune et coordonnée à l’effet de rationaliser les efforts, de mettre en cohérence les mesures adoptées et de s’assurer d’une convergence des objectifs.

Qu’est ce que cela va apporter au secteur financier de la Cemac ?

Aujourd’hui, tous les secteurs sont concernés par la finance durable. Les questions environnementales s’imposent à l’humanité de façon plus globale. Tous les secteurs d’activités doivent déployer des efforts pour contribuer aux objectifs de développement durable. Et, la finance durable contribue à la réduction de la pauvreté ainsi qu’à la promotion de l’égalité du genre. Nous nous devons de bâtir une stratégie communautaire en droite ligne avec les objectifs poursuivis par nos Etats membres. La finance durable représente une opportunité pour les générations futures. Notre environnement a besoin d’avoir beaucoup plus d’institutions financières, d’être davantage attractif et attirer des financements extérieurs. Elle est bénéfique pour nos Etats.

Laisser un commentaire

Top