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Les impacts sur l’économie de la Cemac

La perte annuelle de 3,1 millions d’hectares de forêts ainsi que l’assèchement du Lac Tchad entrainent une baisse des activités agricoles et sylvicoles, ainsi qu’une baisse de l’offre des produits alimentaires et l’inflation.

avec un peu plus de 250 millions d’hectares de forêt tropicale et abritant le deuxième poumon vert de la planète après l’Amazonie, les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ne sont pas épargnés par les effets dévastateurs du changement climatique. D’après Michel Dzombala, vice-gouverneur de la Beac qui a ouvert les travaux du séminaire continental des banques centrales africaines le 15 mai dernier à Yaoundé, les estimations font état d’une perte annuelle d’environ 3,1 millions d’hectares de forêts naturelles au cours des cinq dernières années. En particulier, le Lac Tchad qui est reconnu comme étant l’un des plus gros lacs d’Afrique pourrait complètement disparaître dans une vingtaine d’années, si rien n’est fait pour revitaliser l’écosystème de son bassin. Sa superficie étant passée de 25 000 km2 à 1 500 km2 en l’espace de 50 ans, soit une réduction de près de 90 % comme le faisait déjà remarquer Abbas Mahamat Tolli, le gouverneur de la Beac, le 9 mai dernier à Douala lors du tout premier forum international sur la finance durable en Cemac. Cet assèchement du Lac Tchad résulte du triple effet de la sécheresse, de la baisse des précipitations et de l’augmentation des prélèvements d’eau pour les besoins d’irrigation dans le cadre des activités agricoles.

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En conséquence, selon la banque centrale, ces deux fléaux entraineraient une baisse importante des activités agropastorales et sylvicoles menées par les populations qui en dépendent, et au final, l’offre globale de ces produits. D’ailleurs, les analyses récentes des services de cet institut d’émission sous-régionale sur l’inflation ont souligné que sur le plan interne, elle a découlé principalement des chocs climatiques, qui ont négativement affecté l’offre alimentaire domestique contribuant ainsi à une hausse historique des prix des denrées alimentaires en glissement annuel, au-dessus de 10% entre juillet 2022 et mars 2023. Ces chocs climatiques ont été marqués en 2022, pour la dernière campagne agricole dans la zone sahélienne, par les inondations suite aux pluies abondantes et dans la zone forestière, par une pluviosité avant la période des semis, prenant de court les agriculteurs.

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Au niveau africain, la Banque africaine de développement (BAD) prédit que les effets négatifs du changement climatique réduiraient le produit intérieur brut (PIB) du continent d’environ 1,4 %, tandis que les coûts induits par les solutions d’adaptation atteindraient 3 % dudit PIB par an d’ici 2030 et 343 millions de personnes pourraient passer sous le seuil de pauvreté dans cet horizon de temps. Aussi, dans les régions d’Afrique où l’eau est déjà rare, le changement climatique a de plus en plus d’impacts négatifs sur la production agricole en raison de la diminution progressive des réserves hydriques, de la multiplication des épisodes extrêmes tels que les inondations et les tempêtes violentes, de l’augmentation du stress thermique et de la prévalence grandissante des parasites et des maladies.

Pour relever les défis du changement climatique à l’échelle continentale, la synergie entre les banques centrales africaines et les superviseurs s’avère primordiale pour contribuer à évaluer, réduire et gérer l’impact des risques climatiques sur l’économie réelle et la stabilité financière, selon le Dr Djoulassi Kokou Oloufade, secrétaire exécutif de l’Association des banques centrales africaines (Abca) présent à Yaoundé.

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