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Afrique centrale : La Cemac et ses contrastes

Les états généraux de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) se sont achevés le 1er septembre 2022 à Libreville, après trois jours de travaux. La rencontre présidée par le Premier Gabonais Rose Christiane Ossouka Raponda, représentant personnel du président Ali Bongo, a réuni les participants issus des six pays de l’espace communautaire (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, RCA, Tchad).

Il s’agissait en somme de revisiter le chemin parcouru depuis l’entrée en vigueur en juin 1999, du traité instituant la Cemac, de manière à ressortir les acquis, mais aussi faire état des forces et des faiblesses de la Communauté. Et en guise de perspectives, il a été question d’identifier les solutions pour une meilleure Communauté. « Nous avons incontestablement le devoir de préparer le rayonnement de la Cemac de demain, en contribuant, dans le cadre des présentes assises, à scruter, à apprécier et, s’il le faut, à repenser la stratégie de la mise en œuvre des missions de notre Organisation commune afin de la rendre plus apte à répondre à sa vocation d’intégration », a déclaré à l’ouverture des travaux le Pr Daniel Ona Ondo, président de la Commission Cemac.

Justement, en parlant d’intégration, l’objectif principal assigné à la Cemac au moment de sa création il y a 23 ans, était de faire de la sous-région d’ici 2025, « un espace économique intégré, émergent où règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance ». Sauf qu’à moins de trois ans de cette échéance, on semble très loin du compte. Les chiffres publiés dans ce sens sont d’ailleurs suffisamment clairs. Comparé à d’autres espaces communautaires sur le continent, le niveau des échanges intercommunautaires qui a à peine franchi la barre de 4% en Afrique centrale depuis plus de trois décennies, est encore jugé très faible. C’est la preuve que l’intégration régionale tant prônée par nos dirigeants politiques demeure une illusion.

 En effet, d’après des estimations conjointes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de la Commission Cemac, le commerce intracommunautaire des marchandises s’est s’établi à seulement 2% en 2018, 3,3% en 2019 et 3,6% en 2020. L’on peut imaginer qu’avec la survenue de la crise sanitaire liée au Covid-19 en début 2020, et ses restrictions dans le domaine du transport, la situation s’est davantage détériorée.

Sur les causes de ce faible niveau des échanges intracommunautaires qui portent malheureusement un sérieux préjudice au développement socioéconomique de la sous-région, l’on évoque en priorité des contraintes infrastructurelles, institutionnelles et organisationnelles. Des études menées à propos relèvent le manque d’efficacité des outils de facilitation des échanges intracommunautaires, avec à la clé le renchérissement des coûts de transactions. A tous ces griefs, l’on peut ajouter les obstacles tarifaires constitués entre autres de la lourdeur des procédures administratives et douanières, les replis identitaires, le manque de volonté politique et plus récemment les mesures phytosanitaires.

A l’heure où la Zone économique de libreéchange continentale (Zlecaf) est désormais en vigueur, il est grand temps que l’Afrique centrale se décide à faire bouger les choses en matière d’intégration. Les décisions ne doivent restées écrites, mais se traduire dans les faits pour pouvoir profiter de ce vaste marché unique de plus de d’1,2 milliard d’individus.

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