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Production des CNI : l’échec de tout un système

Le débat sur l’établissement de la Carte nationale d’identité (CNI) au Cameroun fait rage en ce moment. Face aux difficultés rencontrées par les usagers pour obtenir ce document qui a pour principal but de certifier l’identité et la nationalité de son titulaire, plusieurs individus ont décidé d’entreprendre diverses initiatives pour exprimer leur colère. A titre d’illustration, de nombreux Camerounais sont toujours dans l’attente de leur pièce d’identité deux ans après le dépôt du dossier dans un commissariat de police. Sur les réseaux sociaux, plusieurs campagnes ont été lancées afin d’interpeller les pouvoirs publics pour remédier à cette situation devenue critique et même ridicule à la limite. Estimant que le gouvernement n’a pas apporté d’explications probantes face à ses récriminations, le « Collectif 100 papiers du Cameroun » inconnu jusque-là, a décidé de passer à la vitesse supérieure, annonçant dans un communiqué publié vendredi dernier, des marches dans les rues pour réclamer la délivrance des CNI. Un appel à mobilisation sur tout le territoire national du Cameroun est donc désormais lancé par ce collectif, afin de préparer les personnes concernées aux futurs rassemblements « dans une date qui sera bientôt communiquée ».

A-t-on besoin d’en arriver là pour obtenir une simple pièce officielle à l’instar d’une simple CNI ? Est-on en droit de se demander. Déjà que les retards constatés dans l’établissement des passeports, avaient soulevé un tollé de contestations il y a plusieurs mois, tant à l’intérieur du pays qu’au sein de la diaspora. Ce qui est tout de même curieux, c’est que certains individus parviennent à obtenir leur CNI après quelques semaines, voire quelques jours, tandis que d’autres tirent le diable par la queue, essuyant les multiples renvois des agents de police qui n’ont d’autre choix que de proroger à chaque fois, la date de péremption des récépissés devenus des loques, puisque ceux-ci sont établis sur un papier périssable et pour une durée bien déterminée. Face donc à ce qui s’assimile à une menace, la Délégation générale à la sûreté nationale (Dgsn) à travers son Secrétaire général, a été contrainte de faire une sortie médiatique le samedi 8 janvier dernier dans le but d’apporter des éclaircissements. Et pour la police nationale, les blocages constatés dans l’établissement des CNI, résultent principalement des multiples identités reconnues chez de nombreux Camerounais. Soit plus de 3 millions d’individus (plus de 10% de la population) qui ne peuvent pas obtenir une CNI, car selon Dominique Baya « le système reconnait seulement la première identification comme authentique ».

S’il est même vrai qu’il se pose un problème d’identités multiples au sein de la population camerounaise, la faute incombe à qui ? Avec ce problème de CNI, le Cameroun paye les conséquences des failles constatées dans son système d’état civil qui n’était pas du tout encadré. Le phénomène des « actes de naissance Kumba » qui consistait à se faire établir un nouvel acte de naissance pour diminuer son âge et bénéficier d’un certain nombre de prérogatives dans la société n’a-t-il pas fait long feu au Cameroun sous le regard complice des autorités ? Conséquence de cette situation, il n’était plus extraordinaire de rencontrer un individu possédant plusieurs CNI avec des noms et des âges différents, ou encore un refugié d’un pays voisin brandissant sa CNI qui fait de lui un Camerounais à part entière. Aujourd’hui donc, plusieurs Camerounais sont rattrapés par leurs pratiques illicites opérées il y a plusieurs années avec l’aval du système en place.

Sauf que les identités multiples ne sont pas la seule raison des blocages observés dans l’établissement des CNI. Et la Dgsn semble vouloir ne pas le reconnaitre. Des personnes qui n’ont jamais eu un problème de double identité sont toujours dans l’attente de leur carte depuis plus d’un an pour certains. Après plusieurs démarches, d’aucuns ont finalement découvert que le problème se situait avait pour origine l’enregistrement au poste de police, soit au niveau du nom, de la date de naissance, de la profession ou d’un signe distinctif. Des erreurs inadmissibles de la part des agents de police pour un travail aussi délicat et sérieux. A cela, viennent s’ajouter les lenteurs observées dans le processus d’établissement de ce document attribué de façon incompréhensible à une société étrangère. Comme s’il n’y avait pas une expertise locale pour réaliser ce travail.

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