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Culture de rente : Le diktat de l’Union européenne sur le cacao africain

Ses Etats membres en collectent 22,5 milliards d’euros de TVA contre 1,8 milliard pour les pays producteurs selon l’OIC.

La première session sur la thématique : « Prix et dynamique du marché » du cacao tenue le 10 mai dernier à Yaoundé entre le Cameroun et l’Union européenne (UE), a permis aux deux parties de débattre de la problématique de la transparence au niveau des échanges entre producteurs et acheteurs. Cette rencontre qui s’inscrivait dans le cadre de la plateforme dénommée « CocoaTalks », a été présidée par Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre camerounais du Commerce (Mincommerce), assisté pour la circonstance, des hauts responsables de la Délégation de l’UE au Cameroun. C’était l’occasion pour la partie camerounaise de dénoncer les inégalités existantes entre les acheteurs (partie européenne) mieux avantagés que les producteurs qui sont les plus lésés.

« Le marché du cacao est tout sauf transparent », a lancé le Mincommerce. Le membre du gouvernement camerounais dénonce « l’inégale répartition de la valeur entre les différents maillons de la chaîne ». Une situation qui frise le scandale selon lui. En effet, d’après des statistiques du Mincommerce, le producteur ne perçoit que 2% des 100 milliards de dollars américains générés par le marché du cacao par an. Ce qui est « en total déphasage avec les marges que ramassent les différents segments de la chaîne de valeur », a-t-il indiqué.

En outre, une étude récente menée par le Secrétariat de l’Organisation internationale du cacao (OIC), en rapport avec la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) appliquées aux produits semi-finis de cette culture de rente, montre que les pays membres de l’UE se taillent la part du lion. Ces derniers collectent par an 22,5 milliards d’euros (14.737,5 milliards de Fcfa), alors que les pays producteurs parmi lesquels, la Côte d’Ivoire, qui occupe le premier rang au niveau mondial suivie du Ghana et du Cameroun, ne reçoivent que 1,8 milliard d’euros (1.179 milliards de Fcfa). Ces inégalités de répartition de la chaîne de valeur nécessitent un changement de méthode, pour permettre à chacun de vivre des fruits de son travail d’après la partie camerounaise. « Si on veut discipliner le producteur, il faut que les bases de la rémunération des producteurs soient saines. Autrement dit, le travail des enfants tant décrié sera perçu comme une sanction des producteurs. Et, le dialogue ne sera pas équilibré », a ajouté le  ministre Mbarga Atangana.

En réponse, la partie européenne dit avoir pris bonne note et entend poursuivre le dialogue qui, faut-il le rappeler, intervient après ceux de la Côte d’Ivoire et du Ghana. Le représentant de l’ambassadeur, chef de la Délégation de l’UE au Cameroun, Filippo Amato, par ailleurs chef de la coopération au sein de cette institution, soutient que « l’Union européenne propose d’accompagner l’ensemble de ce processus de dialogue. Ceci afin de discuter des questions de prix et des marchés, de traçabilité et de production durable, des questions environnementales, sociales, et de travail des enfants sans oublier la dimension d’égalité pour voir comment tirer les choses vers le haut au bénéfice des producteurs ».

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