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Des journalistes économiques édifiés sur les réformes engagées au Minfi

Un atelier de renforcement des capacités a été organisé à leur intention du 4 au 5 novembre 2020 dans la ville balnéaire Kribi.

Afin d’informer et sensibiliser les hommes de médias sur les réformes engagées au niveau de son département ministériel, Louis Paul Motaze, le ministre camerounais des Finances (Minfi) a réuni une cinquantaine de journalistes à l’hôtel la Marée à Kribi. Au menu de cette rencontre qui s’est étalée sur deux jours, des conférences-débat sur différents thèmes à savoir : « Réformes des finances publiques, modernisation des modes de gestion et modernisation des services : acquis et perspectives » ; « Innovations et mécanismes de financement de l’économie » ; « Enjeux et innovations du nouveau régime financier de l’Etat » ; « Fiscalité de porte : une équation de développement » ; « Enjeux et fiscalité incitative » ; « promotion des investissements privés et amélioration du climat des affaires ».

Ces différentes thématiques ont soulevé de nombreuses interrogations. Les journalistes n’ont pas hésité à se prononcer sur des sujets liés notamment au Compte unique du trésor (CUT), à la disponibilité des fonds pour le financement des projets, au rôle des banques, aux interventions de l’Etat sur les marchés, aux prêts commerciaux, à la fiscalité, aux délais de paiement, etc. Autant de préoccupations qui ont permis à ces derniers de comprendre les réformes engagées au niveau du Minfi.

« Je pense qu’il est toujours important de pouvoir faire le point à un moment donné. Faire le point veut dire faire un état de ce que nous avons eu à faire jusqu’à alors. Pour ce faire, une telle rencontre permet à ce que le Minfi essaye de nous situer par rapport à ce qu’il a eu à faire, à ce qu’il fait et à ce qu’il va faire », a fait savoir El Pacho-Paul N. Ntoogue, journaliste. Toujours selon directeur exécutif du journal satirique Le Popoli, « c’est important que nous sachions comment avancent les finances publiques dans notre pays… ce séminaire est très important pour le renforcement des compétences des journalistes et le partage des expériences entre les journalistes et le personnel du ministère des Finances ». Dans le même sillage, Aboudi Ottou, journaliste, spécialiste des questions économiques a indiqué « qu’il était très utile que la presse s’imprègne de ce qui a déjà été fait, afin de jouer de façon efficace et efficiente son rôle, sa partition dans la conduite de ce vaste réforme ». Cette session de formation des journalistes de la presse économique est intervenue deux ans après le lancement du nouveau régime financier de l’Etat qui date de 2018. Elle est aussi arrivée quelques semaines avant la décision du gouvernement camerounais, de procéder à la fermeture des comptes ouverts dans les banques commerciales des administrations publiques et les Collectivités territoriales décentralisées, en faveur du CUT.

Pour le ministère des Finances, la formation de Kriki était importante dans la mesure où, ce sont les journalistes qui sont les mieux placés pour transmettre les informations. « Le but est d’en faire des relais fiables de transmission du message essentiel de notre département ministériel auprès à la fois des publics cibles et aussi des usagers », a fait savoir Gédéon Adjomo, chef cellule communication au ministère des Finances. En sa qualité de président de l’Association des journalistes économiques (PressEco), François Bambou a signifié toute sa reconnaissance envers le Minfi, qui a donné l’opportunité aux journalistes économiques de comprendre les reformes engagées au niveau de cette institution.

REACTIONS

François Bambou, président de PressEco, et Directeur de publication du journal « Défis Actuels »
« Les opportunités comme celles-ci permettent qu’on aille au fonds des sujets »

L’une des missions fondamentales de notre association est d’améliorer la qualité du travail des journalistes économiques, parce que l’on s’est rendu compte que beaucoup de confrères qui s’intéressent à l’information économique ont quelques lacunes. Nous nous sommes également rendu compte qu’il y a eu beaucoup de mesures prises au niveau du ministère des Finances, comme le nouveau régime financier de l’Etat. Nous voulons comprendre s’il y a une vision derrière où se sont les mesures éparses. Nous voulons comprendre la philosophie, l’objectif recherché, c’est pour cela qu’on a sollicité le ministère des Finances pour que l’on puisse avoir un travail un peu plus cohérent sur les réformes mises en oeuvre. Cela permet aux journalistes de pouvoir évaluer si on va dans la bonne direction. On doit comprendre avant d’expliquer. Quand on suit les éléments sur les politiques fiscales, il y a les choses qu’on croyait savoir et quand on explique, on se rend compte qu’on était du mauvais côté et on ne comprenait pas très bien ce qui se passait. Il n’est jamais ni trop tôt ou trop tard pour apprendre, surtout lorsqu’il s’agit de politique publique et que nous avons affaire à une administration qui est traditionnellement fermée, où la rétention de l’information est un peu une tradition extrêmement respectée. Donc, les opportunités comme celle-ci permettent qu’on aille un peu au fond des sujets. Il n’est pas exclu que pendant un an ou deux, que l’on reparte à la charge pour essayer de savoir quelles sont les dispositions qui ont été mises en oeuvre.

Gédéon Adjomo, chef de la cellule de communication au Minfi
« On leur a expliqué les bienfaits que cette réforme sur la gestion de la trésorerie de l’Etat »

Nous voulons faire des journalistes, des relais fiables de transmission du message essentiel de notre département ministériel auprès à la fois, des publics cibles et aussi des usagers. Nous avons abordé des aspects liés à la réforme des finances publiques. Et, on est revenu de long en large sur le Compte unique du trésor. On leur a expliqué les bienfaits que cette réforme pourrait avoir sur la gestion de la trésorerie de l’Etat. On est revenu sur les nouveaux mécanismes de financement du déficit budgétaire et là également, on a montré les contours des interventions de l’Etat sur le marché financier et sur le marché monétaire. Ce sont des mécanismes nouveaux que l’Etat utilise pour justement se donner une marge de manoeuvre dans la gestion de la trésorerie, parce que la gestion de la trésorerie est un véritable défi. C’est cela qui permet par exemple de payer les prestations de l’Etat à temps. Il faut toujours que l’Etat dispose d’un volant de ressources qui lui permet de respecter tous ses engagements à temps. On a donc expliqué aux journalistes en quoi consistent les interventions de l’Etat sur les différents marchés (financiers et monétaires). On a parlé du nouveau régime financier de l’Etat qui date de 2018. Vous saviez que le premier régime financier a été promulgué en 2007, il a fait l’objet d’une réforme. Une nouvelle loi s’en est suivie et la nouvelle s’appelle loi portant régime financier de l’Etat et des autres entités publiques. Elle a été promulguée en 2018. Tout ceci a été largement présenté aux journalistes dans le cadre de cette session de travail.

Pierre Célestin Atangana, rédacteur en chef journal « L’Anecdote »
« Nous avons les outils qui nous permettent de mieux analyser le travail »

Je dois d’abord dire merci au ministère des Finances pour cette initiative qui nous permet nous les journalistes, de mieux apprécier le travail qui est fait au niveau de la gestion budgétaire et de manière globale de la gestion des finances publiques. Toutes ces réformes ont un impact direct sur le vécu quotidien des populations et donc de nous tous. De manière spécifique, pour ce qui est des journalistes qui bénéficient de cette formation qui va renforcer leur capacité, je dois dire que pour beaucoup d’entre nous, il y avait une sorte de méprise de la part non seulement des concepts, mais également du contenu même de ces réformes. Aujourd’hui avec la session de formation à laquelle on a assisté, nous avons bonne impression que nous venons de puiser à bonne source, les outils qui nous permettent de mieux analyser et de mieux rendre compte du travail fait au niveau du ministère des Finances, ainsi que la mise en place des réformes qui capacitent le gouvernement où l’Etat à mieux faire son travail. Mais également nous avons à notre niveau, les outils qui nous permettent de mieux analyser le travail qui est fait. Mieux décrypter tous les faits qui tournent autour de la gestion budgétaire et des finances publiques, de pouvoir rendre compte de manière professionnelle tout ce que nous avons appris ici…

Aboudi Ottou, journaliste, chargé de l’éditing à l ’agence Ecofin
« Les objectifs assignés à la réforme doivent être atteints »

Je pense qu’il est important de venir auprès des sources officielles pour prendre l’ampleur d’une action publique qui est engagée, notamment une réforme comme celle des finances publiques. A cet égard, je pense que le séminaire organisé la semaine dernière par le ministère des Finances est une très bonne initiative. Elle est d’autant plus importante parce que la presse a un rôle très crucial à jouer dans l’aboutissement de cette réforme. Lorsqu’on parle de la réforme des finances publiques, il faut savoir que la transparence est au coeur de ce processus là. Et qui dit transparence dit notamment recevabilité des dirigeants, publication d’un ensemble de données et contrôle citoyen. Et la presse est un peu le support à travers lequel cela peut se faire. Je pense qu’il est très utile que la presse s’imprègne de ce qui a déjà été fait, afin de jouer de façon efficace et efficiente son rôle, sa partition dans la conduite de cette vaste réforme. La réforme des finances publiques consiste à la transposition des directives Cemac et donc cette transposition vise la modernisation des finances publiques, afin de rendre l’action publique plus efficiente, efficace et de rendre l’utilisation des fonds publics beaucoup plus efficace. De mon point de vue, cette réforme correspond à ce qu’il faut faire en ce moment où les finances publiques sont sous pression, où les ressources sont limitées alors que les besoins sont extrêmement élevés. Dans ce contexte-là, on ne peut pas se permettre d’avoir un ensemble de dérives dans la gestion des finances publiques ou tout au moins, on doit tout faire pour circonscrire ces dérives là afin de permettre que le moindre 5 francs collecté par l’Etat puisse être utilisé pour l’action publique. L’inquiétude réside dans sa mise en oeuvre effective. Parce que, ce que l’on observe ici sont des textes adoptés mais ils ne sont pas mis en oeuvre. Et si les textes ne sont pas mis en oeuvre, les objectifs assignés à la réforme ne seront pas atteints.

Brice R. Mbodiam, journaliste, Investir au Cameroun
« Le trésor camerounais est plutôt crédible »

Comme l’a dit le représentant du directeur de la trésorerie à l’entame des travaux, il y avait une sorte d’asymétrie dans la compréhension de certaines réformes qui sont impulsées depuis quelques années entre ceux qui conduisent cette réforme et les journalistes. Donc il était important de remettre tout le monde au même niveau de compréhension, pour que ces derniers puissent relayer la quintessence de ces réformes sans créer de confusion. C’est véritablement l’intérêt que revêt cet atelier qui est tombé à point nommé. Ces travaux nous ont permis de savoir d’où on est parti et où on se trouve aujourd’hui, et quelles sont les conséquences de ces réformes là sur la gestion efficiente des financements publiques. L’un des effets de la nouvelle réforme ce sont les activités de l’Etat du Cameroun par exemple sur le marché monétaire. Quand on parle de la dette en Afrique, on voit toujours le risque pays. Le Cameroun au niveau de l’endettement n’est pas toujours le pays le mieux présenté. Mais avec le changement de paradigme qui consiste aujourd’hui à aller tester la signature du Cameroun sur le marché monétaire, il est très intéressant dans la mesure où depuis 2010, lorsque le gouvernement a décidé de diversifier ses sources de financement de son budget, on se rend bien compte que le trésor camerounais est plutôt crédible ; c’est-à-dire la signature de l’Etat du Cameroun est crédible comme l’indique les statistiques qu’on a pu voir, soit près de 900 milliards sur le marché en termes d’emprunt long, plus de 1000 milliards en termes d’emprunt à court terme, cela veut dire que ce sont les réformes qui sont porteuses de satisfaction.

Philipe Nsoa, journaliste, Eco matin
« Je reste perplexe sur l’approche participative »

Le ministère s’est appesanti sur sa volonté et ses efforts de réformes mais je reste perplexe sur l’approche participative. Si on prend le cas du compte unique du trésor, je n’ai pas bien saisi le niveau d’implication de la Banque centrale par exemple. Bien plus, on n’a pas abordé l’aspect technique et technologique c’est-à-dire, l’infrastructure qui va porter la réforme du compte unique du trésor, surtout quand on prend en compte les carences en matière d’électricité et d’internet. Une autre appréhension vient du niveau d’appropriation des réformes par les autres administrations sectorielles. Par exemple, on a appris que les lenteurs décriées dans le paiement des factures des prestataires de l’Etat n’étaient pas toujours le fait ministère des Finances. Il y a aussi la mentalité. Le Cameroun affiche une épargne nationale de 4000 milliards de Fcfa mais qu’on n’arrive pas à transformer en investissement, en grande partie à cause la culture de la thésaurisation. Il est pourtant apparu que les banques peuvent jouer un rôle plus important dans la dynamisation de l’économie.

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