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Fonction publique : gare désormais aux absentéistes

L’absentéisme est devenu un fait banal au sein de la fonction publique camerounaise, au point où ce phénomène ne suscite plus l’indignation. Voir un fonctionnaire ou un agent de l’Etat qui a disparu de son poste de travail pendant pratiquement un mois, mais qui va tout de même se présenter au guichet de la banque en temps opportun pour percevoir son salaire, ne semble gêner personne. Pas même des collègues de bureau ou des supérieurs hiérarchiques sensés dénoncer cette attitude immorale. Bien au contraire, les collaborateurs s’en accommodent plutôt, devenant même parfois des complices, en échange de quelques pots-de-vin.

En effet, ce n’est qu’un secret de polichinelle de savoir que certains fonctionnaires ont un double emploi. Ces derniers consacrent ainsi l’essentiel de leur temps à leur seconde activité visiblement plus lucrative. Pour ces employés véreux, la présence dans la fonction publique n’est justifiée que par l’obtention du « matricule » qui donne l’assurance d’un emploi stable régulièrement rémunéré et une retraite paisible. Si dans les grandes villes certains agents de l’Etat affectés dans les services centraux se rendent au bureau sporadiquement, la situation est plus criarde en région où les absentéistes n’y vont pratiquement pas, arguant des conditions de travail difficiles à l’instar du mauvais état des infrastructures de transport, ou encore l’absence de l’électricité. Le secteur de l’enseignement est l’un des plus affecté par ce fléau.

Malgré moult incriminations émanent de l’opinion publique, le gouvernement est toujours resté sourd et muet face à cette gangrène, jusqu’à cette correspondance du Secrétaire générale de la présidence de la République (Sgpr) adressée au Secrétaire générale des services du Premier ministre (Sgpm), en date du 9 mars 2021 avec pour objet : « Absentéisme chronique des fonctionnaires et agents de l’Etat de leurs postes de travail ». Dans le document qui a fuité sur les réseaux sociaux, le Sgpr reconnaît non sans le déplorer, le fait que certains employés du secteur public ne travaillent que quelques jours par mois. « Cette situation serait aggravée par la propension observée chez certains fonctionnaires travaillant dans les zones reculées ou les villes secondaires, à ne pas résider dans la localité dans laquelle ils exercent leurs activités », écrit encore le ministre d’Etat, Ferdinand Ngoh Ngoh.

Dans l’optique de mettre fin à cette pratique assurément contre-productive, la correspondance du Sgpr révèle que le chef de l’Etat qui a été interpellé sur ce problème d’absentéisme, a demandé au Premier ministre : de tenir en urgence, une session du Conseil supérieur de la fonction publique dédiée à l’examen de ce problème ; d’instruire les ministres compétents ainsi que les autorités administratives de veiller à la remontée systématique, des informations relatives aux cas répétés des agents publics de leurs postes de travail, et à l’application des sanctions disciplinaires prévues par la règlementation en vigueur ; d’instruire le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative (Minfopra) de veiller à la tenue régulière des Conseils régionaux de discipline de la fonction publique.

La coupe était donc déjà visiblement pleine, au point où les plus hautes autorités du pays décident de prendre le taureau par les cornes, venant ainsi sonner le glas de ce phénomène qui a des conséquences multiples sur le fonctionnement étatique. Car, l’absentéisme des fonctionnaires et agents de l’Etat désorganise le service public, fait perdre inutilement de l’argent au pays et épuisent les autres agents quotidiennement rompus à la tâche.

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