Vous êtes ici
Accueil > Fenêtre > Indépendance financière : La révolution Touadéra en Afrique

Indépendance financière : La révolution Touadéra en Afrique

Le président centrafricain, le Pr Faustin Archange Touadera, vient de marquer l’histoire en promulguant le 22 avril dernier, la loi régissant l’activité de la crypto-monnaie dans son pays. Cette décision relève pratiquement de l’inédit quand on sait que cette Nation d’Afrique centrale, qui figure parmi les plus pauvres au monde, affirme son désir de s’affranchir du joug financier de la France, qui continue d’imposer son diktat politico-économique à ses anciennes colonies africaines à travers le Franc cfa.

En effet, en même temps qu’elle met en place un cadre légal qui autorise et règlemente l’utilisation de la monnaie digitale sur son territoire, la RCA a également adopté le Bitcoin comme monnaie officielle. Le but étant selon les autorités centrafricaines, de créer un environnement favorable au secteur financier et répondre à ses besoins et à ceux de l’ensemble des acteurs économiques. Outre la France qui voit assurément d’un mauvais œil le choix de la RCA, les autres pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) semblent ne pas apprécier cette décision. Un groupe de travail « sur l’implication de la loi régissant la crypto-monnaie en RCA» a d’ailleurs été mis en place par le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), Abbas Mahalat Tolli. Surtout que la Banque centrale considère davantage les crypto-monnaies comme des actifs financiers plutôt que comme des moyens de paiement.

Quoi qu’il en soit, le Pr Faustin-Archange Touadéra, au pouvoir depuis six ans, a réalisé une petite révolution certes économique, mais davantage politique. Cet enseignant d’université, titulaire d’un doctorat en mathématiques, montre ainsi que les Africains peuvent prendre leur propre destin en main de manière souveraine, dans le but d’améliorer la situation de leurs Etats. L’ancien Premier ministre de François Bozizé entre 2008 et 2013, a peut-être tracé la voie d’une éventuelle sortie de l’emprise du Franc Cfa.

Reliée à l’euro selon une parité fixe, cette monnaie taxée de « coloniale » par bon nombre de ses détracteurs, est de plus en plus décriée sur le continent. Elle reste l’instrument idéal pour maintenir sous tutelle les 14 pays africains qui l’utilisent. La France ayant selon le macro économiste Michel Santi, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales, « imposé à cette monnaie une valorisation artificiellement haute (vis-à-vis du Franc Français puis de l’Euro) dans le seul but de rendre plus attractives les exportations françaises en direction du réseau CFA, et afin que les exportations de ces pays africains vers le reste du monde soient plus chères, confortant ainsi leur entière dépendance à l’endroit de Paris ».

Certes, le risque d’adopter une monnaie digitale à côté du franc cfa en RCA n’est pas à exclure. Mais cela en vaut la peine d’essayer en adoptant une monnaie nationale à l’instar du Bitcoin, libre de toute influence du prédateur français. Et donc, plutôt que de recevoir des flèches, le président centrafricain devrait être soutenu pour cette courageuse démarche qui l’éloigne un peu plus pré carré français. Car il vient ainsi prouver que l’Afrique francophone peut se départir de la domination française si elle le veut, et surtout si elle a des dirigeants suffisamment lucides.

Laisser un commentaire

Top