Vous êtes ici
Accueil > Enquêtes > La BAD inquiète du niveau de la dette du Cameroun envers la Chine

La BAD inquiète du niveau de la dette du Cameroun envers la Chine

Dans son récent rapport de 2021 sur les perspectives économiques en Afrique, elle dénonce le caractère non transparent des prêts chinois.

Le Cameroun est trop endetté vis-à-vis de la Chine. C’est du moins ce que dénonce la Banque africaine de développement (BAD) dans son rapport de 2021 sur « les perspectives économiques de l’Afrique ». Ce pays détiendrait à lui seul, 61,3% de la dette bilatérale du Cameroun si on en croit certaines sources introduites dans des structures spécialisées sur les questions liées à l’endettement. D’après celles-ci, la dette totale du pays à l’endroit de l’Empire du milieu représenterait 27,4%. Une situation qui inquiète l’institution financière panafricaine. Selon elle, « les créanciers non membres du Club de Paris ayant des conditions de prêt moins transparentes compliquent les problèmes de gestion de la dette. Le nombre de créanciers non membres du Club de Paris dans le paysage des créanciers africains a augmenté. Le plus important étant de loin la Chine », constate la BAD. Seulement, « une grande partie de ces prêts ne sont pas transparents sur les conditions de prêt et les garanties. La plupart des pays actuellement en situation de surendettement ou jugés à haut risque de surendettement sont fortement exposés aux prêts chinois », dénonce-t-elle. Parmi les pays exposés auxdits prêts, figurent Djibouti (57%), l’Angola (49%), la République du Congo (45%), le Cameroun (32%), l’Ethiopie (32%), le Kenya (27%) et la Zambie (26%). Ces pays, selon la BAD, sont également « aux prêts garantis sur le pétrole accordés par les négociants de matières premières », ajoute-t-elle.

Hausse de la dette de Yaoundé vis-à-vis de Pékin

La Caisse autonome d’amortissement (CAA) évaluait à 2033,2 milliards de Fcfa, la dette du Cameroun vis-à-vis de la Chine à fin juin 2017. Celle-ci était en hausse de 3,0% en glissement trimestriel, et 14,5% en glissement annuel. Seulement, la Chine accuse le Cameroun de « non-respect de ses engagements ». Pékin attend toujours de Yaoundé, le remboursement de ces créances. A la place, les autorités camerounaises sollicitent de leur créancier, un moratoire pour l’apurement de la dette. Ce que ce dernier ne semble pas accepter. Lui qui par l’entremise de Yang Jiechi, représentant spécial de Xi Jinping, le président chinois, avait au sortir d’une audience à lui accordée par le président Biya à Yaoundé le 18 janvier 2019, annoncé l’allègement de la dette sans intérêt du Cameroun envers la Chine à l’échéance fin 2018. Le montant de l’allègement serait de 78 millions de dollars américains, soit environ 41,5 milliards de Fcfa si on en croit des sources bien introduites au ministère chargé de l’Economie (Minepat). C’était ainsi une réponse au plaidoyer du chef de l’Etat sur la réduction de la dette de son pays vis-à-vis de la Chine. Avec la décision des pays du G-20 de suspendre de manière temporaire le service de la dette de 77 pays les plus pauvres, le Cameroun qui fait partie des bénéficiaires avec un allègement de dette de 230 milliards de Fcfa, espère le même geste de la Chine. Une sollicitation de plus, qui ne semble pas plaire à Pékin.

L’impact des financements chinois au Cameroun

La Chine accompagne le gouvernement camerounais depuis près de 10 ans, dans la réalisation des projets dits structurants devant lui permettre d’être un pays émergent à l’horizon 2035. Yaoundé a obtenu de Pékin 243,17 milliards de Fcfa et 301,5 milliards de Fcfa de prêts pour la construction du Port en eau profonde de Kribi. A cela s’ajoutent les 36,4 milliards de Fcfa destinés à l’acquisition des avions de typeMA60 en 2012. Lors de sa visite dans « l’Empire du milieu » du 22 au 24 mars 2018, le chef de l’Etat camerounais a obtenu de ce pays un don de 400 milliards de Fcfa réparti sur trois ans avec une première tranche de 334 milliards de Fcfa. Selon le ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat), Alamine Ousmane Mey, ce don était réparti sur trois années, soit 334 milliards de Fcfa pour 2018, et le reste pour les années 2019 et 2020. De la même source, on a appris que ce don faisait partie des 5 conventions signées lors du séjour du président Paul Biya en terre chinoise. Il faut ajouter à cela, le prêt concessionnel octroyé à Yaoundé par Eximbank China pour la phase 2 du Projet d’alimentation en eau potable dans 9 villes du pays.

En outre, les interventions directes de la Chine s’élevaient à un peu plus de 3000 milliards de Fcfa d’après des estimations faites en 2018. Celles-ci se traduisent par des prêts et dons octroyés à partir des différents bailleurs de fonds tels que le gouvernement chinois, Export-Import Bank (Eximbank) China, Industrial and commercial Bank of China, Bank of China et bien d’autres.

Laisser un commentaire

Top