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La Covid-19 et les incongruités du projet Filets sociaux

Depuis quelques jours, on observe d’importants mouvements de populations dans les sièges de différentes mairies de la ville de Yaoundé et dans plusieurs autres municipalités. Les personnes présentent ont été invitées à s’y rendre pour se faire enregistrer en vue de l’obtention des financements octroyés par le projet Filets sociaux, soutenu majoritairement par la Banque mondiale. Ces transferts monétaires sont destinés à soutenir les activités génératrices de revenus des plus vulnérables et de ceux dont les affaires ont été impactées par la Covid-19. De manière globale, l’initiative va toucher 176.000 ménages à travers le territoire national. Mais pour le cas spécifique de la crise sanitaire, elle vise essentiellement 80.000 ménages choisis dans 140 communes du pays en ce qui concerne la riposte économique de la Covid-19. Un montant intégral de 16 milliards de Fcfa sera ainsi distribué dans les tous prochains jours à ces foyers pauvres, recensés dans les chefs-lieux de régions ainsi que la ville de Limbé.

Selon les responsables du projet Filets sociaux, chaque ménage sélectionné percevra une somme totale de 180.000 Fcfa payable en trois mois. « Le premier mois, il reçoit 45.000 F pour s’occuper des besoins essentiels notamment le loyer, électricité et eau. Le deuxième mois, c’est le même montant qui lui est transféré et le troisième mois, c’est une somme de 90.000 F qu’il reçoit pour lui permettre de relancer les activités économiques », avait expliqué le coordonnateur du Projet Filets sociaux Michelin Njoh, dans les colonnes du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune en octobre 2020.

Connaissant les effets néfastes du coronavirus depuis un an déjà dans l’environnement économique déjà morose de notre pays, avec notamment les pertes d’emplois pour certains et la fermeture forcée des activités pour d’autres, surtout ceux exerçant dans les secteurs de l’enseignement, du tourisme, l’hôtellerie et la restauration, on ne peut que saluer ce type d’initiative. Sauf que l’on observe des grincements de dents au sein des populations, en ce qui concerne le choix des ménages appelés à bénéficier de ces financements qui s’avèrent déjà être une manne véritablement tombée du ciel.

En effet, sur les listes de certains quartiers de Yaoundé remises par les opérateurs de terrains recrutés spécifiquement pour cette opération, des personnes non retenues déplorent des incongruités et crient à l’injustice. Comment comprendre qu’on retrouve sur la liste des bénéficiaires des individus qui vivent seules, sans enfants à charge, alors que l’aide est uniquement destinée aux ménages ? Autre incohérence relevée, des noms apparaissant doublement parmi les bénéficiaires, la présence de plusieurs membres d’une même famille (parents et enfants majeurs) ou pire encore, des étudiants et des employés du secteur public qui ont continué à percevoir leur salaire sans discontinue malgré l’apparition de la pandémie. Toutes choses qui ont contribué à retarder les premiers paiements dans certaines communes de la capitale camerounaise, le temps pour les responsables du Projet Filets sociaux d’y voir plus clair.

En observant cette cacophonie, il est évident que le problème s’est posé à la base, notamment dans le recensement des personnes. Au lieu d’aller ménage par ménage dans les quartiers, certains opérateurs de terrains se seraient appuyés sur des points focaux qui leur ont alors transmis des listes concoctées au gré des affinités familiales, politiques et même religieuses. Ce qui a eu pour effet de biaiser la qualité du travail. Et si le tir n’est pas rectifié à temps par l’équipe des Filets sociaux, une partie de ces financements sera malencontreusement octroyée aux mauvaises personnes, au grand dam des véritables bénéficiaires à qui les fonds auraient pu être plus utiles.

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