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L’Afrique centrale désormais sans bouclier protecteur

Selon des experts en matière de sécurité, le Tchad apparaissait à tort ou à raison, comme un pivot de stabilité relative au milieu d’un océan de troubles. Allusion est faite à Libye, le Niger, le Nigéria avec la secte Boko Haram et le Soudan avec son Darfour.

La disparition de celui qui apparaissait comme la fermeté absolue du combat contre le jihadisme, est un mauvais coup pour le G-5 Sahel, et une bonne nouvelle pour les stratèges du Jihadisme. Les pays riverains du Lac Tchad comme le Cameroun, le Nigéria, le Niger et le Tchad craignent le retour en force de la secte islamiste Boko Haram toujours en activité au Nord du Nigéria. Pire encore, la déstabilisation du Tchad pourrait servir de base arrière aux groupes jihadistes en activité dans le Sahel notamment en Libye, au nord du Mali et même au Niger et au Soudan. Une situation qui pourrait menacer la sécurité des Etats comme le Cameroun, la République centrafricaine (RCA), et même, l’ensemble des Etats de la Cemac. On comprend dès lors, la raison pour laquelle, le président Denis Sassou Nguesso a décrété un jour de deuil national au Congo vendredi dernier.

De son vivant, le maréchal Déby avait conscience de cette situation. Dans une récente interview accordée au magazine « Jeune Afrique », il indiquait parlant de sa longévité au pouvoir (trente ans), que « c’est une mauvaise chose pour un pays stable. Et parfois, quand un pays a des problèmes, c’est une bonne chose. J’avais promis, lorsque j’étais encore soldat, de ne faire que deux mandats. En 2006, je ne voulais pas me représenter. Mais il y a eu la rébellion et je ne pouvais pas laisser le pays dans le désordre et le chaos. Il fallait gérer cette guerre construite depuis le Soudan par Omar el-Béchir. Ensuite, en 2011, il y a eu la menace venue de Libye et, en 2016, la Centrafrique, Boko Haram et, toujours, la Libye. Chaque fois, cela aurait été irresponsable de partir et d’ouvrir la porte à une guerre civile. Trente ans, c’est long, mais j’ai une responsabilité face à l’Histoire », expliquait-il. C’est fort à propos, que dans un communiqué du 22 avril dernier, la Conférence des chefs d’Etat de la Cemac lui reconnait « un engagement au service de l’intégration et de la sécurité de la sous-région. Mais aussi, l’attachement aux valeurs qui fondent l’Union Africaine », écrit Paul Biya, son président en exercice par ailleurs, président de la République du Cameroun.

A la tête du Conseil militaire de transition (CMT) au pouvoir au Tchad pour une durée de 18 mois, le général de corps d’armée Mahamat Déby Itno semble inexpérimenté pour jouer le rôle de bouclier qu’assurait son défunt père selon les experts. « Le fils n’a pas l’expérience du père qui, lui, a mené une rébellion depuis le Darfour pour renverser le président Hissein Habré dans les années 90. Par conséquent, il n’a pas de légitimité suffisante pour engager l’armée sur les différents fronts. L’engagement de l’armée tchadienne sur les différents fronts, est une volonté du président Idriss Deby », indique Seidik Abba, journaliste et écrivain auteur du livre « Comprendre Boko Haram » joint depuis Abidjan par la télévision « France 24 », le jour de l’annonce de la disparition de l’ex-chef de l’Etat tchadien.

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