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L’Afrique doit produire ses vaccins anti-Covid-19

La pandémie liée à la Covid-19 a généré de nombreuses opportunités financières dans le monde. L’un des pans les plus prolifiques est le marché des vaccins qui représente plusieurs centaines de milliards de Fcfa pour les firmes pharmaceutiques. Dans une sortie médiatique en mars dernier, l’économiste de la santé et par ailleurs enseignant-chercheur à l’université Paris-13, Nathalie Coutinet, indiquait que « le vaccin anti-Covid va rapporter énormément d’argent aux laboratoires pharmaceutiques. Pour eux, c’est une belle opportunité. Même Sanofi, qui a pris du retard sur le vaccin, a gonflé ses résultats grâce à la crise, notamment avec les ventes de Doliprane ».

Fidèle à son statut de consommateur, l’Afrique est à présent courtisée par les nombreux fabricants de ces vaccins qui usent de stratégies diverses pour écouler leur « marchandise » sur le continent. L’exemple du Cameroun qui fait vacciner sa population avec différentes marques de vaccins depuis la semaine dernière, illustre parfaitement cet état de choses. Le pays a en effet réceptionné le 17 avril dernier à Yaoundé, les 391.200 doses de vaccin de type AstraZeneca qui lui ont été offertes par la facilité Covax. C’est la première livraison des 1.200.000 doses attendues de ce vaccin pourtant recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), mais dont l’efficacité a fait débat dans plusieurs pays européens en février dernier. Quelques jours plus tôt, soit le 12 avril 2021, le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, procédait au lancement officiel du processus de vaccination contre la pandémie dans le pays. Il avait alors plutôt reçu une des 200.000 doses du vaccin chinois, Sinopharm, réceptionnées la veille par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute. Et ces deux vaccins contre la Covid-19 ne seront vraisemblablement pas les seuls sur le territoire camerounais, puisque le vaccin russe Spoutnik V et plusieurs autres pourraient intervenir.

En marge des morts et des dégâts économiques qu’elle cause dans le monde, la lutte contre cette crise sanitaire, notamment la production des vaccins, représente une réelle opportunité de développement pour l’Afrique, surtout si cette dernière décidait d’en produire pour ses populations, au lieu de se contenter d’en produire. Et c’est ce que Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’est attelée à démontrer lors du sommet virtuel sur la production de vaccins en Afrique organisé du 11 eu 12 avril 2021 par l’Union africaine. Pour l’ancienne ministre des Finances du Nigeria, « l’Afrique doit mettre en place des ressources et des mesures pour produire ses propres vaccins ». En effet, un vaccin nécessite de nombreux composants qui peuvent être fabriqués dans différents pays. D’où la nécessité d’envisager d’installer des centres d’excellence dans différentes régions du continent.

Entre autres avantages, fabriquer ses propres vaccins permettrait à l’Afrique de créer pas moins de six millions d’emplois. Ce qui contribuerait alors à lutter contre le chômage qui mine les pays du continent, et particulièrement la jeunesse. « Il ne s’agit pas seulement d’un débat sur notre santé, mais aussi sur notre économie et nos moyens de subsistance », a justifié Vera Songwe, secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) en faisant cette annoncé. L’économiste pense d’ailleurs que l’Afrique ne devrait pas s’arrêter à la production de ses vaccins, mais étendre cette activité sur l’ensemble des intrants comme les seringues, les réactifs et les médicaments pour tirer plus davantage de cette crise. Mais les dirigeants politiques suivront-ils les avis de ces experts ? On peut en douter, car la plupart restent préoccupés par leur pouvoir que le bien-être du peuple.

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