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Le débat sur le Fcfa renaît après l’incident de la Banque de France

L’incendie survenu le 9 février dernier dans l’imprimerie de cette institution éditrice du franc Cfa divise les experts sur la nécessité d’un changement de paradigme.

Il a fallu que l’imprimerie de la Banque de France située dans la localité de Chamalière prenne feu le 9 février dernier, pour susciter à nouveau le débat sur la sortie ou non du franc Cfa, monnaie utilisée par une quatorzaine de pays d’Afrique. D’aucuns à tort ou à raison, redoutent des répercussions sur les réserves des banques centrales des pays utilisant cette monnaie éditée par ladite imprimerie ainsi que certaines coupures de l’euro, devise utilisée dans bon nombre de pays de l’espace européen. Interviewé par un média concurrent, l’économiste Jean Marie Bianda se veut rassurant. « On ne fabrique pas la monnaie au fil de l’eau. Ce n’est pas une usine où il faut forcément laisser tourner en continue et on est foutu en cas d’arrêt comme c’est le cas par exemple dans la métallurgie », explique-t-il. Car, en effet, la fabrication est subordonnée à une commande passée au préalable selon des économistes approchés. En clair, « l’incendie ne pourrait pas avoir d’impact notoire sur le stock monétaire des pays de la zone franc du simple fait que la monnaie est une marchandise pour la France. Nous lui passons la commande de cette marchandise qu’est la monnaie et elle la fabrique. De plus, elle ne peut pas fabriquer la monnaie à Chamalière mais ailleurs puisqu’elle a la formule. C’est comme une imprimante. Je peux saisir mon document dans un autre et l’imprimer où bon me semble », détaille l’économiste sus cité.

IMPACT SUR LES NOUVEAUX BILLETS EN CEMAC

Entretemps, d’aucuns redoutent le fait qu’un tel incident pourrait retarder la mise en service des nouveaux billets de banque en zone Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, Ndlr) cette année. Car en effet, les signes monétaires (billets de banque) sont remplacés après une décennie. Le dernier remplacement en date remonte à 2002, soit 20 ans. La Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) serait en train de procéder aux derniers réglages en vue de la mise en service des nouveaux signes monétaires dans les plus brefs délais conformément au quitus reçu le 2 octobre 2019 du Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac). Or, l’imprimerie qui a fêté ses 100 années d’existence en 2021, a une capacité de production d’environ 2,5 milliards de billets par an selon les sources locales. C’est au vu de cela que Pierre-Yves Boissinot, directeur du site cité par le journal français « L’Express », indique « qu’il y aura forcément une incidence sur la production de billets ». Cependant, il rassure qu’il n’y a pas de raison de s’inquiéter. « L’outil global productif n’a pas été touché. Il faudra mettre en place des mesures adaptées », poursuit-il non sans évoquer que cela pourrait être pire. Envisagé depuis plusieurs années, le déménagement de l’imprimerie et de ses quelque 700 employés sur le site de Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme) doit être confirmé dans les prochains mois, pour intervenir d’ici à 2026.

QUID DE LA GESTION DES RESERVES ?

La problématique de la gestion des réserves des pays de la zone franc a été à nouveau évoquée à la suite de l’incendie de l’imprimerie de la Banque de France. Si la métropole a consenti à laisser 50% desdites réserves aux pays de la Cemac (Cameroun, Gabon, Congo, Guinée Equatoriale, Tchad et République centrafricaine) en hausse par rapport aux 35% d’autrefois, les experts du monde de la finance semblent divisés au sujet de la manière avec laquelle celles-ci sont gérées. Beaucoup se félicitent du fait qu’elles soient gérées par la salle des marchés de la Beac qui les place sur des bonnes cotations internationales. Ces placements ont remporté respectivement en net, 31 et 29 milliards de Fcfa en 2018 et 2019, tandis que les comptes d’opération et de nivellement qui ont cumulé 3359 et 3740 milliards de Fcfa en solde, ont rapporté 9 et 12 milliards de Fcfa au cours des années susmentionnées apprend-t-on. D’aucuns estiment que ces chiffres sont insuffisants tout en appelant à la création d’une monnaie propre ou à la sortie de la France de la Zone franc.

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