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Le développement de l’industrie au coeur de la « Pro Meet Up and learn »

Depuis le 1er janvier 2021, date d’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf), des actions se multiplient pour faire bénéficier aux Africains de ce nouvel instrument. C’est dans ce cadre que s’inscrit la Conférence « Pro Meet Up and learn » (PML) initiée par Carole Mbessa Elongo. Prévue du 15 au 16 septembre 2021 à Douala, PML a pour mission de mettre à la disposition des acteurs du développement, une plateforme permanente d’échanges et de réflexions sur les problématiques liées au leadership économique africain, en s’appuyant sur le concept de la cohérence africaine comme levier dans l’élaboration des solutions adaptées à la construction d’une Afrique plus performante économiquement.

Pour cette deuxième édition du PML, la promotrice a décidé de mettre l’accent sur la Zlecaf. « Cette zone de libre échange qui est effectivement devenue opérationnelle en janvier 2021 charrie sans doute des opportunités, mais également des défis. Le premier étant qu’elle serve réellement au développement des économies africaines. Je vais citer Stanislas Zézé qui nous disait lors de la dernière conférence, qu’il est temps que les pays africains rentrent dans la logique de trouver des solutions eux-mêmes pour leur développement. C’est une question de survie », a-t-elle évoqué au cours d’une conférence de presse organisée le 30 juillet 2021.

La deuxième édition du PLM qui se tiendra cette année a pour thème : « Zlecaf : comment le financement et le développement de l’industrie peuvent être un support à la dynamique de croissance des pays-membres ? ». Pour Alain Blaise Batongue, facilitateur du Forum PLM, c’est une thématique qui s’impose d’elle-même à partir du moment où la Zlecaf a été mise en oeuvre le 1er janvier 2021. « Il n’y a pas une semaine qui se passe sans qu’il n’y ait un colloque, un forum, des journées spécifiques où on adresse cette question-là. Les questions efficaces pour tirer profit de cela sont encore à trouver. La question du développement par les sous-régions est une manière d’aborder le projet », fait-il savoir.

La conférence de cette année est totalement ancrée dans cette posture, et adresse la question du développement de l’industrialisation des pays membres de la Zlecaf. Elle mettra également en exergue l’épineux problème du financement de cette nécessaire industrialisation.

Les actions de la BAD pour encourager la création des valeurs

D’après les économistes de la Banque africaine de développement (BAD), les économies africaines demeurent trop largement tributaires des produits de base. Entre 2011-2013, les produits manufacturés représentaient seulement 18,5% des exportations, tandis que 62% de l’ensemble des importations étaient des produits manufacturés, un déséquilibre commercial qui selon eux, dépouille le continent de ses richesses. « Cette situation est pire dans les pays où une conjugaison de contraintes structurelles et l’instabilité politique mettent en péril tout effort de diversification et de transformation économique pilotées par le secteur privé », font-ils savoir.

À travers la priorité « Industrialiser l’Afrique », la BAD avait prévu il y a quelques années, s’attaquer à un éventail de problèmes et encourager la création des valeurs, l’emploi formel et les acquis commerciaux positifs, notamment par le truchement du commerce régional et l’amélioration de la balance des paiements. Elle soutiendra l’amélioration de la productivité par l’automatisation, la gestion de la qualité, l’amélioration des processus et de la formation. Dans la droite ligne de la Stratégie de développement du secteur privé du Groupe de la BAD, l’institution se consacrera à l’amélioration de la capacité des producteurs africains, principalement les fabricants et industries connexes, pour leur permettre de soutenir la concurrence avec les produits importés sur les marchés locaux et pour les relier aux marchés régionaux et internationaux. Elle soutiendra également le développement et l’expansion des PME, des niches industrielles et l’établissement de partenariats public-privé, comme moyen de mobiliser des ressources pour le financement du processus d’industrialisation.

L’ambition de la Banque est de contribuer à doubler le Produit intérieur brut (PIB) industriel d’ici à 2025, et permettre ainsi de porter son PIB industriel à 1,72 milliard dollars, et son PIB général à 5,6 milliards dollars, principalement par la dotation du secteur privé des moyens nécessaires pour conduire efficacement le processus d’industrialisation sur le continent. Outre un appui direct à la mise en place de la Zlecaf, la BAD contribue à l’intégration africaine dans chacune de ses cinq grandes priorités dites « High 5 » : nourrir l’Afrique, éclairer l’Afrique et l’alimenter en électricité, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la vie des populations africaines.

REACTIONS

Carole Mbessa Elongo, promotrice de la conférence Pro Meet Up and learn
« Les Africains ont la ressource nécessaire pour leur développement »

Cette conférence s’adresse particulièrement aux institutions publiques et privés, aux chefs d’entreprises, aux chercheurs et aux partenaires au développement de l’Afrique. C’est une plateforme inclusive qui a pour objectif d’adresser les questions liées au développement de l’Afrique avec la particularité d’intégrer le concept de cohérence africaine comme axe de réflexion, à l’élaboration des solutions et de promouvoir également le national branding partout où il se déploie en Afrique. Nous entendons par là, apporter des solutions de développement qui intègrent pour leur pleine efficacité, le contexte particulier de l’Afrique, ainsi que sa culture comme boussole. Cette plateforme est née de l’observation des résultats obtenus jusqu’ici par les solutions pensées globalement. En Afrique, nous sommes souvent importateurs de concepts clés en main qui s’avèrent être très efficaces pour le développement des autres, mais tardent à délivrer leur efficacité chez nous, à l’épreuve des opérations. Nous l’avons bien remarqué lors de la catastrophique pandémie du covid-19. Cette pandémie qui a démontré la faible résilience économique des pays africains a surtout été l’occasion de constater la formidable capacité de résilience sanitaire dont la majorité des Etats ont fait montre. Nul besoin d’aller convaincre les Africains qu’ils ont en leur sein, la ressource nécessaire pour leur développement.

Alain Blaise Batongue, facilitateur
« L’un des problèmes des entreprises c’est financer leur projet d’industrialisation »

Les questions du financement et de l’industrialisation sont importantes pour le développement de l’Afrique en sachant qu’elles charrient des opportunités, mais aussi des menaces. Tout le monde ne verra pas d’un bon oeil que l’Afrique puisse tirer profit de la zone de libre-échange continentale pour se développer, parce que notre continent reste encore un centre de convoitise de tous les autres continents. C’est aux Africains d’assurer leur leadership avec une cohérence africaine pour trouver des solutions originales. L’un des problèmes que les PME ont aujourd’hui pour grandir et se développer, c’est financer leurs projets d’industrialisation. Et l’arrivée du Covid au Cameroun encore un peu plus qu’ailleurs, nous a permis de nous rendre compte que l’une des clés de notre développement va être notre propre industrialisation. Lorsqu’on se rendra compte qu’on n’est plus obligé de commander, d’importer tout ce que nous consommons au quotidien et que nous pouvons le produire et le transformer localement, nous aurons beaucoup avancé et il n’y aura que des points positifs, par exemple le déséquilibre actuel de la balance commerciale va devenir une vertu, la question de la réserve de change que la Beac rappelle régulièrement n’aura plus raison d’être, et l’industrialisation locale va permettre de créer de nouveaux emplois et donc de résorber le chômage, produire de nouvelles richesses. Donc c’est une question centrale qui si elle est bien menée, peut totalement transformer l’Afrique, d’abord le Cameroun.

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