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Le prix de la souveraineté alimentaire

La situation devient davantage plus critique chaque jour au Cameroun avec la flambée des prix des produits alimentaires que connait le pays. Le dernier fait en date est cette hausse des prix du pain imposée par les boulangers et les meuniers aux consommateurs il y a quelques jours, sous le regard impuissant de l’Etat à travers le ministère du Commerce (Mincommerce), visiblement dépassé par les évènements. En effet, dans un contexte marqué par le rebondissement des cours du sac de farine de près de 30% à l’international, les opérateurs de cette filière après plusieurs plaintes, n’ont eu d’autre choix que d’augmenter à leur tour le prix du pain, fabriqué essentiellement à base de cette céréale.

Sauf qu’avant le pain, il y a eu par exemple le riz, les huiles végétales (huile de palme, huile raffinée), le poisson, le poulet qui ont vu leurs prix connaitre une courbe ascendante au grand désespoir des populations. Si la crise sanitaire liée au Covid-19 était jusqu’ici la principale cause de cette flambée à cause de son impact négatif sur les échanges commerciaux, la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui sévit depuis plus d’un mois à l’autre bout du monde, a largement contribué à détériorer la situation. « Le conflit armé entre les deux pays perturbe, d’ores et déjà, les chaînes d’approvisionnement des produits fournis au Cameroun par ces derniers. Cette situation est de nature à engendrer la hausse des coûts à l’importation et, par conséquent, se traduire par l’augmentation des pressions inflationnistes en général, plus accentuées sur les produits provenant de ces deux pays, notamment la farine de blé et ses produits dérivés (le pain, pâtes alimentaires, etc.), les engrais et certains matériaux de construction », a confirmé l’Institut national de la statistique (INS) dans un document publié le 21 mars dernier.

Malheureusement, la tournure politique de ce conflit laisse penser que les hostilités ne vont pas se terminer de sitôt. Face à cela, le Cameroun qui reste encore fortement dépendant des importations étrangères pour nourrir sa population, est loin d’être sorti de l’auberge. Pourtant, le pays a eu une occasion en or de booster sa production locale après les émeutes de la faim de 2008. En effet, au lendemain de cette crise alimentaire qui avait poussé les populations dans la rue, bon nombre d’États au Sud du Sahara ayant compris l’importance de la souveraineté alimentaire, ont initié des programmes pour relancer les productions céréalières, afin d’être moins dépendants des marchés étrangers. Ce que le Cameroun a malencontreusement omis de faire, se contentant simplement de prendre des mesures de défiscalisation des importations à travers la suspension de droits de douanes sur certains produits.

Aujourd’hui, plusieurs de ces Nations respirent mieux sur le plan alimentaire. C’est le cas du Nigeria qui a mis en place le Programme de transformation agricole (ATA) du Nigeria. Etalé sur la période 2011-2015, il a permis au géant africain de réduire sa dépendance vis-à-vis des importations de produits alimentaires. A titre d’exemple, environ neuf millions de tonnes de riz sont produites chaque mois. Une démonstration de force a été faite le mois dernier à travers la présentation de 15 pyramides de riz érigées à l’aide d’un million de sac de riz. Le pays s’est même payé le luxe en 2019 d’interdire les importations de cette céréale.

A côté, le Sénégal a lancé la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana) qui lui a permis d’augmenter la production agricole de ses principales cultures (arachides, mil, sorgho, maïs, riz…). En Côte d’Ivoire, c’est la stratégie révisée de développement de la filière riz (2012-2020) visant à couvrir les besoins nationaux de consommation à partir de 2016 qui a été mise sur pied. Les résultats sont probants aujourd’hui puisque le pays connait une hausse de sa production de riz de 25%. Non loin, le Gabon grâce au projet agricole Gabonaise des réalisations agricoles et des initiatives des nationaux engagés (Graine) avance progressivement vers son objectif qui est de réduire ses importations alimentaires de 50%.

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