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L’enjeu des titres publics dans le financement des pays de la Cemac

Mahamat Tolli, gouverneur de la BEAC. En marge de la session inaugurale du « Cadre permanent de concertation des Trésors publics de la Cemac » prévue le 11 mars prochain à douala, votre journal vous livre les dernières statistiques sur ce mode de financement des budgets publics de la sous région.

La Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) va livrer une leçon inaugurale aux représentants des Trésors nationaux des pays de la Cemac ainsi qu’aux Spécialistes en valeur du trésor (SVT) qui opèrent sur la marché monétaire pour le compte des banques, à l’occasion de la première session du « Cadre permanent de concertation des Trésors publics de la Cemac » de l’année 2022. Cette rencontre se tient au lendemain de la publication par la Beac, le 9 mars 2022, des « Statistiques mensuelles du marché des valeurs du Trésor de la Cemac » du mois de février 2022. Ce document édité par la Cellule de règlement et de conservation des titres (Crct) de la Beac que dirige Christian Rodrigue Otoly, le chef de service, donne en détail les évolutions de ce mode de financement du budget des Etats de la Cemac qui prend au fil des jours des grandes proportions. Il en ressort que l’encours des valeurs du Trésor des pays de la Cemac se chiffre à 4775,32 milliards de Fcfa à fin février représentant 8,5% des PIB des pays de cet espace communautaire. A fin janvier cet encours était de 4708,28 milliards de Fcfa, représentant 8,4% des PIB des pays de cet espace qui totalisent 56 184 milliards de Fcfa à cette date. L’évolution de l’encours des valeurs du Trésor des pays de la Cemac sur les cinq dernières années donne le niveau d’engouement que les Etats ont sur ce nouveau mode de financement du budget que la Beac a lancé en 2011 confère tableau 2. On constate dans ce tableau que l’encours des titres publics de la Beac est parti de 907,56 milliards de Fcfa en décembre 2017 représentant 1,8% des PIB à 4775,32 milliards de Fcfa à fin février 2022 représentant 8,5% des PIB des pays de la communauté. Les avantages offerts par ce marché des titres publics à souscription libre ont amené les Etats de la sous-région a délaissé depuis 2019 le marché financier où ils levaient avant les emprunts obligataires. Mais la saturation des banques sur ce marché les obligent depuis l’année dernière (Gabon) et cette année (Cameroun) à revenir sur le marché financier pour l’emprunt obligataire. Il est important de relever que si le marché primaire des titres du Trésor caracole à plusieurs milliers de milliards par an depuis trois ans, le marché secondaire peine à se développer. D’où la nécessité de trouver les voies et moyens pour rendre ce compartiment dynamique afin que le marché primaire puisse davantage s’épanouir.

Organisation du Marché des titres publics

Le marché des titres publics de la Cemac comporte deux compartiments : le marché primaire et le marché secondaire. Le marché primaire est celui sur lequel un émetteur (Etat) introduit des titres pour la première fois en émettant des bons ou des obligations du Trésor. Les Spécialistes en valeur du Trésor (SVT), agréés par l’Etat émetteur pour suivre et animer le marché souscrivent à ces titres par voie d’adjudication pour leur propre compte ou pour celui de leurs clients (institutions, entreprises ou particuliers). Les titres acquis sur ce premier marché peuvent dès lors s’échanger sur le marché secondaire où interviennent les acheteurs et les vendeurs de titres qui font l’objet de diverses transactions directes entre les acteurs. En résumé, sur le marché primaire, l’investisseur achète ses titres en passant par des structures agréées tandis que sur le marché secondaire, les investisseurs s’échangent directement des titres déjà acquis après une négociation entre parties. Ces deux marchés sont complémentaires.

Les avantages du marché secondaire des titres

Dans la pratique, de nombreux émetteurs publics s’intéressent principalement au marché primaire et la plupart des investisseurs institutionnels détiennent les obligations souveraines jusqu’à leur échéance. Or le marché secondaire facilite des transactions plus fréquentes que les opérations primaires ponctuelles. Par conséquent, il favorise plus de transparence sur les prix pratiqués ; la mise à jour plus fréquente des prix ; un meilleur accès au marché des investisseurs divers ; une augmentation substantielle de la demande et une réduction significative des coûts sur le marché primaire. Par ailleurs, un marché secondaire liquide contribue à allonger la maturité de la dette souveraine, fournit une référence hors risqué, à partir de laquelle est établie une courbe de rendements. Enfin, il est presque impossible de créer une courbe de taux significative en l’absence d’un marché secondaire.

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