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Les chefs d’entreprises restent optimistes malgré la Covid-19

Le deuxième baromètre des chefs d’entreprises africains réalisé par l’Africa CEO Forum et le cabinet d’audit Deloitte a interrogé les chefs d’entreprises sur les perspectives de développement du continent à court terme et à long terme.

L’édition 2020 du baromètre des chefs d’entreprises du continent africain est connue. L’enquête menée auprès de 150 chefs d’entreprises africains qui a débuté en fin 2019, a évalué le climat des affaires sur le continent. Ces chefs d’entreprises ont été interrogés sur six thématiques couvrant l’ensemble des problématiques, opportunités et défis qui se posent aux acteurs du secteur privé africain dont la stratégie, la gouvernance, la finance, l’innovation, l’impact et les talents.

Eu égard du contexte sanitaire lié à la pandémie à coronavirus, une deuxième étude a été menée ciblant plus de 230 chefs d’entreprises. Cette étude visait également à comprendre les mesures à court terme adoptées par les entreprises, et leurs effets structurels à long terme. Il en ressort, en premier lieu, que la pandémie a eu un impact négatif dans l’esprit des dirigeants d’entreprises africaines qui ont vu leur activité chuter. 95% d’entre eux affirment avoir subi un impact peu reluisant sur leur chiffre d’affaires. Cependant, les créateurs de richesses affichent un niveau de confiance relativement élevé sachant que 38% d’entre eux prévoient une reprise rapide de leur activité au cours du premier trimestre 2021. Beaucoup plus, ils se déclarent de plus en plus confiants dans le développement économique du continent à long terme (80% des répondants en 2020 contre 73% en 2019), tout en admettant qu’un ralentissement économique mondial aura des effets négatifs sur leurs opérations domestiques.

« Il y a un changement de paradigme immédiat chez les dirigeants avec notamment le déploiement de mesures de rationalisation des coûts, digitalisation, la revue de la supply chain et la renégociation de certains contrats à long terme et en apportant une attention particulière au volet RH par une variabilisation/flexibilisation négociée pour préserver substantiellement l’emploi. Nous ne pouvons plus être dans le modèle d’avant », relève Aziz Mebarek co-fondateur de la plateforme AfricInvest.

Digitalisation

Dans le sillage du développement, l’accent est mis sur l’accélération de la digitalisation. D’après les chefs d’entreprises, la digitalisation est l’une des composantes essentielles de la stratégie de la reprise. Le baromètre rendu public ce mois de septembre montre que, 85% des dirigeants estiment à ce titre que la Covid-19 a un impact important sur l’innovation pour les années à venir.

Pour propulser à grande échelle la digitalisation, les chefs d’entreprises recommandent : la digitalisation de l’entreprise, notamment via le renforcement des outils de télétravail ; la digitalisation de l’Etat, notamment les services publics (Santé, Social, Sécurité, Finance, Commerce) , la digitalisation de l’économie (ecommerce, Supply Chain, procédures du commerce extérieur, de la douane, des déclarations fiscales, etc.), la structuration de l’écosystème d’innovation, via le soutien aux fonds d’investissement, pour favoriser l’émergence des champions.

En outre, à l’heure où l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) a été reportée en 2021, les chefs d’entreprises de l’Afrique sont de plus en plus hardis dans le développement économique de l’Afrique à long terme. L’étude estime aussi que le secteur privé doit nécessairement jouer un rôle complémentaire, et s’impliquer davantage dans les négociations entourant la création de la Zlecaf, en appui et en coopération avec la puissance publique. « La Zlecaf a beau être un facteur de croissance, elle n’est pas encore concrète car il reste des freins à son implémentation », fait savoir Ahmed Bouzguenda, Vice-président du Conseil d’administration de Poulina Group Holding (PGH) Tunisie.

Partenariat

La relation avec les autorités reste un point de contentieux et les patrons africains attendent toujours plus et mieux de leur Etat. S’ils reconnaissent que la crise sanitaire Covid-19 aura été un facteur d’accélération des partenariats entre acteurs privés et publiques, et que ces derniers, face à l’urgence, ont rapidement su s’adapter et lever certaines lourdeurs administratives, 93% des répondants estiment cependant que les recommandations du secteur privé demeurent insuffisamment prises en compte par les pouvoirs publics. Pourtant, aux côtés des pouvoirs publics, les acteurs privés se veulent le moteur du développement africain et veulent participer à l’émergence d’un véritable « business model africain ». A ce propos, Henri Claude Oyima, Président directeur général du groupe BGFI Bank affirme : « le management par les processus permet d’adresser les enjeux de transversalité, d’agilité et d’engagement qui constituent des facteurs clés de succès en Afrique ». Des propos soutenus par Abiodun Ajayi, directeur de l’Afrique Subsaharienne de la Bank of America, qui mentionne à son tour qu’« il est important d’atteindre une taille critique sur son marché domestique avant de se diversifier géographiquement. »

Concernant le volet RSE (responsabilité sociétale des entreprises), 73% des dirigeants consultés affirment que la crise de la Covid-19 devrait avoir un impact positif sur le développement d’initiatives locales et le renforcement des démarches RSE en rapport avec l’intégration des enjeux du développement durable, à moyen et long terme au sein de l’entreprise ou de l’organisation. « Quand vous êtes un CEO, vous avez un attachement particulier à votre impact. L’entreprise n’a de sens que si elle apporte quelque chose. En dépit des indicateurs obligatoires en raison de la cotation, il faut un footprint local et être un acteur citoyen : c’est un devoir, quel que soit la taille de l’entreprise », affirme Tahirou Barry – Conakry Terminal (Bolloré Ports).

Le baromètre Africa CEO Forum-Deloitte met également en avant certaines priorités. Notamment celle liée au déploiement de nouvelles mesures de santé et de sécurité au travail afin de maintenir l’activité, la fourniture des outils et solutions informatiques favorisant la continuité des opérations. La flexibilisation des échéances financières via la suspension ou la limitation des paiements et la négociation de lignes de financement. L’écosystème financier africain est encore en cours de maturation et de consolidation. Toutefois cet écosystème a réalisé des progrès constants au cours des dernières années : 44% des dirigeants estiment ainsi que l’accès au crédit bancaire s’améliore, et seulement 12% d’entre eux font état de difficultés accrues.

L’un des principaux freins, pouvant limiter l’accès au financement en particulier pour les PME et les ETI étant la solidité des garanties que présentent les demandeurs de fonds, Richard Bielle de Cfao suggère : « qu’il faudrait protéger les porteurs de projet du risque de change grâce à un mécanisme incitatif, structuré sous forme de fond de garantie ou d’assurance, porté par une agence sélectionnant les projets éligibles. »

Fondée en 2012, l’Africa Ceo Forum réunit chaque année des décideurs des plus grandes entreprises africaines, investisseurs internationaux, dirigeants de multinationales, chefs d’État, ministres et représentants des principales institutions financières actives sur le continent.

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