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Les magistrats à l’école de l’Antic

Un séminaire de formation est organisé à leur intention du 15 au 17 septembre 2021 à Yaoundé.

«Sensibilisons nos magistrats du Tribunal criminel spécial (TCS) sur la cybercriminalité et la cybersécurité ». C’est par ce slogan que s’est ouvert le séminaire de formation à leur intention et élargi aux Officiers de police judiciaire (OPJ) qui se tient du 15 au 17 septembre 2021 à Yaoundé. L’initiative de l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (Antic) vise à associer le corps de la justice au combat contre cette nébuleuse qui ne cesse de faire des ravages. Selon cette structure, entre 2015 et 2017, sept sites web d’administrations publiques au Cameroun, ont subi au moins, une attaque de type « web defacement ». En 2017, 34 sites gouvernementaux ont été attaqués par des programmes malveillants avec, à la clé, plusieurs centaines d’usurpation d’identité sur les réseaux sociaux dont 182 contre des membres du gouvernement. Une situation qui ne va pas sans conséquence économique. Par exemple, 4 milliards de Fcfa de pertes économiques liées au « scamming » ont été enregistrées dans les principaux foyers que sont les zones universitaires des villes de Douala, Yaoundé, Bamenda et Buea selon l’Antic. Le secteur bancaire n’en est pas épargné. Car, selon la même source, les pertes dues à la fraude à la carte bancaire en 2017, s’évaluent à environ 3,7 milliards de Fcfa, contre plusieurs milliards de Fcfa du fait de la fraude à la Simbox. L’ampleur de la situation a poussé les universitaires à s’y pencher.

Selon le Pr Guy Mvelle de l’Université de Dschang par ailleurs directeur scientifique du récent colloque de Yaoundé sur cette problématique, en 2017, plusieurs pays africains ont été touchés par l’expérience du « ransomware », un logiciel généralement utilisé par des kidnappeurs pour exiger la rançon pour la libération des otages. Sont cités : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, le Sénégal, l’Ouganda, le Sud-Soudan, la Côte d’Ivoire, le Kenya, la Namibie, le Zimbabwe et Madagascar pour ne citer que ceux-là. D’après le Cyber security Index 2018 de l’Union internationale des télécommunications (UIT), la grande majorité des pays africains se révèlent encore très faibles face aux menaces informatiques. Au Cameroun, la révélation des crimes sur les systèmes d’information remonte en 2011, lorsque la compagnie aérienne Cameroon airlines corporation (Camair-co) a été victime d’un coup de piraterie ayant entraîné la perte de 500 billets d’avion selon lui. Pourtant, au début des années 2000, le numérique portait les promesses de développement, de pacification, de surveillance généralisée des territoires et de progrès économiques pour les Etats africains. Ceci, du fait des opportunités de marchandisation et d’échange de valeurs qu’il diffusait. Avec une croissance de 22% d’utilisateurs d’internet en 2017 (passant de 5,01 millions à 6,13 millions), le Cameroun est devenu le centre de gravité de la cybernétique en Afrique centrale d’après des experts en TIC.

L’émergence d’un cyberespace né de l’interconnexion des réseaux a révolutionné les modes de vie, tout en bouleversant les pratiques politiques, sécuritaires, économiques, culturelles, pédagogiques, sans oublier la démultiplication des moyens de communication, tout en ouvrant de nouveaux horizons aux acteurs étatiques et interétatiques. Malheureusement, cette percée de l’internet a engendré la naissance des défis proportionnels aux promesses. Parmi ceux-ci figurent en bonne place, des crispations territoriales, les bouleversements des liens sociaux et stratégiques, ainsi qu’une prolifération de conflits et d’antagonismes entre les différents acteurs. Des défis qui finissent par se cristalliser en de nouvelles formes de menace aussi bien dans le champ politique, sécuritaire, économique, diplomatique et culturel. Parmi les 10 premières menaces relevées par « Global risk report » en 2020, figurent en bonne place les fraudes ou vols informatiques et les cyber attaques.

A l’heure du « in data » et du « out data », les débats se multiplient autour d’une question stratégique qui est celle de la maîtrise des enjeux de la cybercriminalité. Selon les universitaires et experts des TIC, la cyber sécurité en raison du développement d’internet, et de son usage non contrôlé soulève des intérêts multiples auxquels sont confrontés les Etats, les gouvernements, les armées, les entreprises et même les particuliers.

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