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Les obstacles des entreprises camerounaises décriés par le patronat

Outre les difficultés de financements auxquelles ils doivent faire face, les entrepreneurs locaux font face à la pression fiscale, l’insécurité juridique, l’insuffisance de l’offre énergétique et internet et le non-paiement des factures par l’Etat.

Actuellement, le climat des affaires n’est pas au beau fixe au Cameroun et la thèse du vaccin avancée par le représentant de la Banque mondiale ne passe pas. Le développement économique et social du pays souffre de plusieurs maux. Ils sont d’après le patronat camerounais, liés principalement à la fiscalité, la justice, les infrastructures, la dette intérieure et le financement. « S’agissant de la fiscalité, c’est à dessin que je commencerai par la pression fiscale. Non seulement parce qu’elle impacte sévèrement les entreprises, mais aussi parce que nos analyses divergent sur l’appréciation de son niveau dans le contexte du Cameroun. De fait, si la Banque mondiale peut ne pas s’inquiéter d’un taux de pression fiscale de 15%, force est de relever qu’il s’agit d’un taux à trompe-l’oeil dès lors que le numérateur et le dénominateur ne se rapportent pas à la même population », affirme Célestin Tawamba, président du Gicam.

De même au Cameroun, très peu d’entreprises paient l’impôt. Et cette situation jugée inadmissible par le patronat est pourtant lourde à porter pour la minorité qui s’acquitte de ses devoirs. Le système fiscal camerounais est plutôt axé sur le chiffre d’affaires et non sur les revenus engendrés. Du coup, comme décrit le patronat camerounais, l’impôt sur les sociétés payé peut atteindre les 100, 500 ou 800% de bénéfice. « Et il est même supporté par des entreprises qui enregistrent des pertes », apprend-on.

Pour justifier cela, Albert Zeufack, l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la Région Afrique propose plusieurs solutions. « La question de la fiscalité. Je crois qu’il est important de recadrer cette question et se dire que dans le modèle de financement, il y a une baisse tenancière des financements, internationaux, il y a une baisse significative de l’aide au développement. Ce qui veut dire que les pays africains devraient de plus en plus compter sur leurs propres ressources. C’est une situation difficile certes, mais cela voudrait dire que les pays doivent lever plus d’impôts. Quelque part, c’est aussi une importance pour eux, que nos pays se prennent en main, se prennent en charge et cessent de dépendre des autres. C’est un peu le contexte dans lequel il y a cette pression fiscale… », fait savoir l’expert.

Les obstacles sont nombreux

Par ailleurs, la pression fiscale ne constitue pas le seul goulot d’étranglement du système fiscal camerounais. D’après les opérateurs économiques, il faut ajouter la complexité, l’iniquité, l’instabilité des réglementations fiscales, la faible garantie des droits du contribuable, ainsi que le coût lié au suivi de l’administration de l’impôt et du contentieux fiscal.

En ce qui concerne la justice, elle est décrite comme « balbutiante et inefficace ». Pour le patronat camerounais, l’insécurité juridique et judiciaire s’aggrave. Elle est favorisée par différentes dérives et insuffisances qui portent notamment sur : les difficultés de réalisation de certaines sûretés réelles rattachées à des transactions commerciales ; la longueur et la lourdeur des processus de règlement des litiges commerciaux préjudiciables à la nécessaire fluidité de l’environnement des affaires ; l’irrespect des règles et les abus de toutes sortes en matière procédurale voire le recours à des connivences beaucoup trop fréquente dans les procédures de justice et l’insuffisance des infrastructures physiques et technologiques ainsi que, la qualité de la formation du personnel judiciaire notamment en matière de contentieux fiscal.

Le point sur l’insuffisance en offre d’énergie et d’internet a également été observé. Il en va de même pour le poids de la dette intérieure. « La fragilité des entreprises est également alimentée par une dette intérieure de près de 2000 milliards, qui fait des entreprises le principal bailleur de fonds de l’Etat », s’insurge le Gicam.

Les solutions du Gicam

Au regard des difficultés que rencontre le secteur privé actuellement, le Gicam propose : la mise en place d’un nouveau cadre de dialogue public-privé ; le changement de paradigme fiscal et la signature d’un pacte de performance entre l’Etat et le secteur privé ; de soutenir les pouvoirs publics dans la réforme de la justice avec la mise en oeuvre à minima des tribunaux de commerce déjà prévu par le gouvernement depuis de longue date ; l’accélération de la réforme du secteur des télécommunications avec notamment la libéralisation du réseau de transport à fibre optique permettant d’assurer l’extension rapide du backbone national et sa redondance ; l’accompagnement du Cameroun dans les politiques de relance économique et non d’ajustement systématique ; la revue de l’assistance et mission de la Societé financière internationale (SFI) notamment son intervention directe dans le développement du secteur privé, une action plus concrète dans l’économie réelle.

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