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Les performances sociales des EMF en 2020

Selon les résultats d’une enquête menée par le Cnef, sur 104 EMF intérrogés, 75 ont participé et la majorité indique qu’elle sert les exclus du secteur bancaire classique en utilisant les indicateurs de pauvreté et les services adaptés aux besoins de cette clientèle.

Le Comité Nationale économique et financier du Cameroun (Cnef) vient de rendre public, un rapport sur la gestion de la performance sociale dans les Établissements de microfinance (EMF)au Cameroun. Selon le secrétariat du Cnef, ce Rapport qui est le premier du genre, porte sur l’année 2020, et seuls les établissements connectés à la plateforme informatique du Cnef, ont été ciblés pour cette toute première enquête sur la gestion des performances sociales du Comité. « Le questionnaire sur les performances sociales du Cnef a été transmis à 104 établissements, et 75 ont transmis des réponses au secrétariat général du Cnef, soit un taux de réponses de 67% », justifie le rapport. Selon les résultats de ladite enquête, la majorité des établissements interrogés expriment leur intention de servir les exclus du secteur bancaire classique, mais la manifestation de cette intention n’est effective que dans un nombre réduit d’EMF. Sur les 75 établissements ayant effectivement participé à l’enquête, aucun n’exprime l’engagement fort et durable de contribuer à l’amélioration de la situation des exclus du système bancaire classique à travers un meilleur accès aux services financiers (avancé). Toutefois, 31 établissements expriment l’engagement clair de remplir leur mission sociale (Probant) ; 37 EMF manifestent l’intention claire de la remplir, et déclarent avoir pris des mesures en ce sens (En progrès) ; 07 établissements manifestent l’intention de la remplir mais ne disposent pas de la capacité de le faire (Amorcé). Par catégorie, 50% des EMF de 1ère catégorie et 30% des EMF de 2ème catégorie ayant participé à l’enquête, manifestent un engagement clair envers les objectifs sociaux (Probant). 50% des EMF de 1ère et 2ème catégorie ayant répondu au questionnaire, manifestent l’intention claire d’atteindre des objectifs sociaux et ont pris des mesures en ce sens (En progrès). Enfin, 20% des EMF de 2ème catégorie manifestent l’intention de remplir leur mission sociale mais n’en ont pas la capacité (Amorcé).

L’analyse par dimensions révèle que le ciblage des exclus est la dimension dans laquelle les EMF sont les moins performants, toutes catégories confondues, suivie de l’amélioration du capital social des clients, la responsabilité sociale, et l’adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle. L’analyse par catégorie révèle quant à elle, que les EMF de 2ème catégorie sont les plus performants en matière de ciblage des exclus et d’adaptation des produits et services. Par contre, les EMF de 1ère catégorie sont meilleurs en matière de transparence, d’amélioration du capital social, et de responsabilité sociale.

Ciblage des pauvres et exclus

L’enquête révèle que 74% des établissements ayant répondu à l’enquête utilisent des indicateurs de pauvreté et d’exclusion pour cibler leur clientèle. Ces indicateurs sont la faible alphabétisation, les faibles revenus, le logement précaire, l’absence de patrimoine, l’éloignement géographique, le nombre de membres de la famille, le type d’activité exercé et le handicap physique. Cependant, moins de 5% d’entre eux ont des agences dans des zones difficiles d’accès. De même, le montant minimum pour ouvrir un compte d’épargne est supérieur à 5.000 Fcfa dans 78% de ces établissements. Par ailleurs, les femmes représentent plus de la moitié des bénéficiaires de crédits dans les livres de 2% d’entre eux, et dans 41% des établissements, les déposants ayant un niveau d’épargne mensuelle inférieur à 10.000 Fcfa représentent moins de 20 % de la clientèle. Comme indiqué précédemment, la 2ème catégorie obtient les notes les plus élevées en matière de ciblage des exclus.

Adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle cible

Le rapport indique que 89% des établissements ayant participé à l’enquête proposent des prêts adaptés aux besoins des clients dans les domaines de l’éducation, de l’habitat, de la santé, du commerce, de l’agriculture, de l’élevage et de l’équipement. Dans ce cadre, 60% définissent les échéanciers de remboursement des crédits conjointement avec les emprunteurs ; 52 % proposent des produits d’épargne spécifiques ; 93% offrent des services financiers innovants tels que le transfert d’argent, les paiements par chèque et cartes bancaires, le micro crédit en ligne, le mobile banking, la monnaie électronique et autres.

Par ailleurs, 37% d’entre eux effectuent périodiquement des visites auprès de plus de la moitié de leurs clients, et 83% ont mis en place des mesures spécifiques pour les satisfaire, telles que l’adaptation des horaires d’ouverture des agences et l’ouverture de points de collecte les jours de marchés. 76% des établissements traitent les demandes de crédit reçues en moins de deux semaines, 76% délivrent des relevés de comptes écrits aux clients, et 57% mènent des études de marché pour améliorer leurs services, soit à travers l’analyse des dossiers de demande de prêts (35%), soit sous la forme d’enquêtes sur le terrain (22%). Enfin, en ce qui concerne l’accès des clients aux services non financiers adaptés aux besoins sociaux, il n’est généralisé que chez 28% des établissements. « La 2ème catégorie obtient les meilleures notes dans 4 domaines sur les 6 relatifs à l’adaptation des services. Les 2 domaines où elle est la moins performante sont l’accès des clients aux services non financiers et l’adaptation à leurs besoins », lit-on.

Amélioration du capital social et économique

Les informations financières publiables sont accessibles à l’ensemble de la clientèle dans 70% des établissements, par affichage (35%) ou à la demande (35%). En outre, les clients peuvent rencontrer un haut responsable en cas de différends dans 70% des établissements, et 28% d’entre eux disposent en interne d’une instance dédiée au règlement des litiges. Par ailleurs, 44% des répondants disposent de programmes de formation des petits entrepreneurs, et 74% mènent des actions ponctuelles ou régulières pour faciliter l’accès à certains services. La 1ère catégorie obtient la note la plus élevée en termes de confiance et de partage de l’information. Les notes en matière de construction du capital social des clients sont quasiment égales dans les deux catégories.

Responsabilité sociale

Dans ce volet, 74 % des établissements répondent qu’ils disposent d’un statut du personnel et d’une grille salariale et 50%, de plans annuels de formation du personnel. En outre 46% ont mis en place une couverture médicale pour le personnel. Par ailleurs, 78% ont adopté des mesures destinées à prévenir le surendettement de la clientèle et à limiter les taux d’intérêt excessifs. En plus, 61% des établissements ayant participé à l’enquête exigent systématiquement une police d’assurance conséquente de la part des emprunteurs, préalablement à l’octroi des crédits. Les employés de 72% des établissements parlent couramment les dialectes des communautés dans lesquelles ils sont implantés. 26% des établissements offrent des financements pour la réalisation de projets communautaires. 65% participent à un système de solidarité avec d’autres établissements, et 11% disposent d’une caisse spéciale pour intervenir en cas de catastrophes ou de sinistres au sein des communautés auprès desquelles ils sont implantés. La 2ème catégorie obtient les meilleures notes en matière de politique de gestion des ressources humaines et de responsabilité sociale envers la communauté locale.

Contexte de l’enquête

Avec un taux de bancarisation de la population adulte de 22,1% à fin 2019, le système financier camerounais crée encore beaucoup d’exclus. Afin d’inverser cette tendance, les pouvoirs publics ont retenu la microfinance comme principal véhicule, dans le cadre de la Stratégie nationale de la finance inclusive (snfi). L’article 1er du Règlement n° 01/02/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions d’exercice et de contrôle de l’activité de microfinance dans la Cemac, définit la microfinance comme l’activité exercée par des entités agréées n’ayant pas le statut de banque ou d’établissement financier, qui pratiquent à titre habituel, des opérations de crédit et ou de collecte de l’épargne, et offrent des services financiers spécifiques au profit des populations évoluant pour l’essentiel en marge du circuit bancaire traditionnel. Cette définition met en exergue l’importance de la performance sociale dans le cadre de l’exercice de l’activité de microfinance. Selon le Cgap en effet, la performance sociale est la traduction effective dans la pratique des objectifs sociaux d’une institution de microfinance. Ces objectifs sont notamment de servir durablement un nombre croissant de pauvres et d’exclus, d’améliorer la qualité et l’adéquation des services financiers, d’améliorer la situation économique et sociale des clients, et de garantir la responsabilité sociale envers ces derniers, les employés et la communauté servie. Pour cette raison, le suivi des performances sociales dans le Casemf a été institué par le Cnef, afin de permettre aux EMF, aux pouvoirs publics, et aux partenaires au développement d’évaluer les actions et l’engagement des EMF à remplir effectivement leur mission sociale. Le rapport présentait donc une vue d’ensemble de la situation du secteur de la microfinance en la matière au cours de l’année 2020.

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