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Les raisons de la pléthore des réseaux parlementaires

Leur objectif vise à influencer les politiques publiques en intervenant via les lobbies à l’élaboration des projets et des propositions de loi.

Au moment où s’ouvre la deuxième session du parlement pour l’année législative en cours, les réseaux parlementaires semblent être la voie qu’explorent les députés et les sénateurs pour influencer, de manière directe, les politiques publiques. Une pratique qui s’est davantage développée au cours de l’actuelle législature. On en compte plus d’une vingtaine à ce jour. Parmi les plus connus figurent en bonne place, le Réseau des parlementaires pour la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale (Repar-Cefdhac) dirigé par l’honorable Jean Jacques Zam, le Réseau des parlementaires espérance jeunesse (Reje) sous la houlette de l’honorable Joshua Osih, le Réseau des parlementaires pour la promotion des investissements et des contrats de partenariat (Repicop) de l’honorable Banmi Emmanuel Dinga, le Réseau des parlementaires pour la promotion de l’entreprenariat privé (Promo-entrepreneuriat) de l’honorable Roger Melingui, le Réseau des parlementaires chargés des télécommunications et des technologies de l’information et de la communication (Repatic) de l’honorable Julien Bara et le Réseau des femmes députés de l’Assemblée nationale de l’honorable Laurentine Koa Mfegue. A ceux-ci, s’ajoutent le Réseau des parlementaires pour la réduction des risques de catastrophes (Reparc) de l’honorable Emah Etoundi, le Réseau des parlementaires pour la promotion des droits de l’Homme et de la cyber sécurité (Reprodhocy) de l’honorable Zondol Herssesse, et le Réseau des parlementaires camerounais pour la lutte contre la malnutrition (Racine de vie) de l’honorable Emah Etoundi pour ne citer que ceux-là. De nouveaux réseaux ont vu le jour à l’instar du Réseau des parlementaires pour le sport (Reps) de Cabral Libii, le Réseau des parlementaires pour la sécurité routière (Legis-securoute) de l’honorable Donald Malombe Essembe, et le Réseau des parlementaires pour la diaspora, la coopération décentralisée et transfrontalière (Rep-Cod) de l’honorable Louis Henri Ngantcha entre autres. Cela pousse à s’interroger sur leur véritable efficacité quand on sait que l’Assemblée nationale tout comme le Sénat sont des institutions dotées de Commissions à travers lesquelles, le parlement joue pleinement son rôle.

Un véritable instrument de lobbying

Pour des experts approchés, ces réseaux visent à influencer l’élaboration d’un projet ou une proposition de loi avant que cela n’arrive en commission pour examen. De ce fait, ils agissent en amont tandis que celle-ci agit en aval. Dès lors, les explications de certains présidents de réseaux parlementaires trouvent tout leur sens. Dans un communiqué signé le 27 mars 2021, l’honorable Cabral Libii, député du parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) par ailleurs leader dudit parti politique, annonçait sa désignation en qualité de président du Réseau des parlementaires pour le sport (Reps). « J’ai ainsi la charge d’un instrument parlementaire qui permettra entre autres, d’effectuer un suivi étroit des politiques publiques, et de contribuer de manière significative à l’essor du sport au Cameroun », a-t-il indiqué via le même canal. Le nouveau venu parmi les réseaux parlementaires, a pour objectif principal, le renforcement de la bonne gouvernance dans la gestion du sport et des loisirs, si possible, par le biais d’une législation y afférente. A cela s’ajoute l’accompagnement du gouvernement dans la mise en oeuvre des politiques cohérentes et équitables sur toute l’étendue du territoire camerounais, ainsi que la prise en compte de tous les sports et loisirs.

Bien avant lui, l’honorable Louis Henri Ngantcha, président du Réseau des parlementaires pour la diaspora, la coopération décentralisée et transfrontalière (Rep-Cod) a indiqué au cours d’une audience avec Achille Bassilekin III, ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat (Minpmeesa) à Yaoundé, le 9 juillet 2020 que le réseau dont il a la charge, joue un rôle de « facilitateur » entre le gouvernement et les Camerounais de la diaspora. Aussi, il oeuvre pour un dialogue entre les élus camerounais de la diaspora et ceux du Cameroun, tout comme il encourage la création des Très petites entreprises (TPE) et les Petites et moyennes entreprises (PME) par la diaspora camerounaise désireuse de retourner au bercail. Dans un arrêté signé le 18 août 2020 relatif à la création du Réseau des parlementaires pour la décentralisation et le développement local (Repaddel), le président de l’Assemblée nationale a indiqué ses missions. Au-delà de « la contribution effective du parlement et du parlementaire à la mise en oeuvre, à l’approfondissement et à l’accélération du processus de décentralisation au Cameroun, il s’agit de renforcer la contribution de ce dernier, à la promotion du développement local, de la démocratie locale et de la gouvernance locale, ainsi que sa fonction de contrôle de l’action gouvernementale en oeuvrant pour l’institutionnalisation de l’évaluation des politiques publiques de décentralisation et de développement local et la production des résultats d’évaluation solides pour en faire usage dans le travail parlementaire dans le but d’appuyer la prise de décisions et l’élaboration des politiques publiques de décentralisation et de développement local fondées sur des données probantes », précise l’arrêté du président de l’Assemblée nationale.

Là où d’aucuns y voient une immixtion du législatif sur le domaine de l’exécutif, les spécialistes des questions politiques et institutionnelles répondent par la négative. Selon eux, ces derniers n’empiètent pas sur le domaine de l’exécutif. Ils sont dans leur rôle, et l’exécutif fait partie de leurs cibles selon un spécialiste joint par LFA.

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