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Les textes seuls ne suffiront pas à éradiquer la corruption en Afrique

L’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) organise le 14 avril prochain, en collaboration avec la Banque africaine de développement (BAD), une table ronde virtuelle sur le thème: « Conformité des entreprises en matière de lutte contre la corruption en Afrique : pratiques, défis et perspectives ». Selon le communiqué publié à cet effet, l’évènement qui va réunir entre autres des représentants du secteur privé africain et des pays membres de l’ocde, dont des représentants d’organisations professionnelles et d’entreprises internationales, permettra de passer en revue les mesures prises par les entreprises africaines, pour promouvoir les politiques de lutte contre la corruption et les mesures de conformité connexes.

Les organisateurs ont en outre fait savoir que les échanges s’appuieront sur l’initiative Ocde/BAD pour l’intégrité des affaires et la lutte contre la corruption en Afrique. Ce partenariat lancé en 2008 et adopté trois ans plus tard, vise à soutenir les gouvernements africains des 21 pays (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Éthiopie, Ghana, Kenya, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigéria, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone, Afrique du Sud, Tanzanie, Ouganda et Zambie) qui en font partie, dans leurs efforts de lutte contre ce fléau. Plus spécifiquement, l’initiative vise à appuyer ces Etat dans leur lutte contre la corruption d’agents publics dans les transactions commerciales, ainsi qu’à améliorer l’intégrité et la responsabilité des entreprises, tout en favorisant la croissance grâce à un environnement propice à attirer les investissements étrangers.

Des initiatives à l’instar de cette table ronde et plusieurs autres organisées tant au niveau régional que national pour déboulonner la corruption, sont à saluer sur le sol africain. Mais seulement, leur efficacité reste à prouver dans la mesure où ce fléau continue de plomber l’essor des économies africaines qui éprouvent déjà beaucoup de mal à se développer. En observant par exemple les derniers classements de l’Indice de perception de la corruption (IPC) publiés chaque début d’année par l’ONG Transparency international, on se rend compte que la plupart des pays n’ont guère progressé dans la lutte contre la corruption depuis près de dix ans. La situation est même plus criarde dans la partie subsaharienne de l’Afrique qui s’avère être la région la moins bien notée dans le classement 2020, avec une note de seulement 32 sur 100, alors que l’Europe de l’Ouest et l’Union européenne reconnue comme la région la plus performante, affiche tout de même un score honorable de 66 sur 100. Pire encore, parmi les 50 pays les plus corrompus au monde sur 180 classés dans l’IPC 2020 dans le secteur public, plus de la moitié (27) se trouvent en Afrique.

Les dirigeants africains sont conscients du fait que le développement socioéconomique du continent est conditionné par l’éradication de la corruption. Même si cela ne peut se faire totalement, il convient tout de même de réduire les incidences de ce fléau au sein de la société sur les plans économique, politique, judiciaire et autres. De l’avis de plusieurs experts, la corruption peut mettre en péril la réalisation des objectifs du développement durable. A titre d’exemple, elle peut réduire le revenu fiscal en mettant en danger la capacité du gouvernement de percevoir des impôts et des droits de douane, et en même temps perturber le fonctionnement de la bureaucratie et l’allocation des ressources notamment au secteur privé. Son impact est également avéré dans le développement du commerce et l’investissement.

En somme, la mise en place des textes pour encadrer la lutte contre la corruption en Afrique est une bonne chose. Au-delà des recommandations des ONG qui appellent les Etats à garantir la transparence de la passation des marchés, la promotion de l’espace civique ou encore la publication des données pertinentes, l’idéal serait d’être plus rigoureux en sanctionnant énergiquement les corrupteurs et les corrompus, qui contribuent inexorablement à nourrir ce fléau qui fait désormais partie intégrante des moeurs sociales en Afrique.

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