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Les trois axes préconisés par la Banque mondiale

Ils sont contenus dans une tribune publiée cette semaine sur le site de l’institution, par Ousmane Diagana, son vice- président pour l’Afrique centrale et de l’ouest.

Avant la crise planétaire de la Covid-19, 51% soit un peu plus de la population mondiale avait accès à l’Internet. Pourtant, ce taux ne dépasse guère 30% pour les pays d’Afrique occidentale et centrale, déplore Ousmane Diagana, le vice-président du groupe de la Banque mondiale pour ces deux régions susmentionnées. Dans une tribune publiée sur le site de l’institution financière internationale, il évoque trois pistes de solutions à même de renverser la tendance actuelle.

La réduction de la fracture numérique

La première a trait à une mobilisation tous azimuts contre la fracture numérique, dans l’optique de l’amélioration de l’accès abordable d’internet à un bon nombre de personnes dans ces deux parties importantes du continent africain. Selon l’auteur de la tribune susmentionnée, les pays d’Afrique de l’Ouest et centrale sont confrontés à un quadruple défis à relever. Il s’agit d’abord de la faible couverture et qualité du réseau, des coûts d’exploitation élevés, des barrières non tarifaires qui élèvent les risques d’exploitation et renchérissent les investissements et une faible ou le défaut de concurrence. Dans ce cas, « fournir des services financiers via des téléphones portables se révèle difficile lorsque moins de 40 % de la population possèdent un cellulaire. Cette disparité entre « possédants » et « démunis » affecte de façon disproportionnée les populations rurales, les femmes et les groupes vulnérables de la région et s’accompagne également de différences nationales significatives. Pour un Go de données mobiles à haut débit, les Centrafricains doivent consacrer plus de 20% de leur revenu moyen, contre 0, % pour les Égyptiens », déplore Ousmane Diagana. Au Sénégal, seules 26 % des petites entreprises utilisent des smartphones, contre 65% au Brésil. Or, lors d’une pandémie comme celle que connait le monde à l’heure actuelle, le smartphone connecte non seulement les gens, mais se révèle aussi un outil indispensable aux entreprises et aux économies.

Cependant, la réduction de la fracture numérique telle que préconisée par la Banque mondiale a un coût non négligeable. D’après un rapport conjoint de cette institution et de la Commission du haut débit des Nations Unies celui-ci est estimé en Afrique d’ici 2030 à 100 milliards de dollars, soit un plus de 55.000 milliards de Fcfa à raison d’un dollar à 550 Fcfa. Bien que le coût semble élevé, des solutions existent. « Il nous faut donc augmenter les investissements et attirer les opérateurs et partenaires stratégiques nécessaires en mobilisant des capitaux privés, ainsi qu’aborder les risques du capital et créer des alliances stratégiques entre gouvernements et opérateurs privés. Il convient également de soutenir la conception et la mise en oeuvre de politiques et réglementations pour réduire les risques et encourager les investissements privés dans les infrastructures numériques. Ces deux leviers permettront de résoudre les problèmes d’accès aux services et rendre la connectivité efficace », explique Ousmane Diagana.

La mise en place des infrastructures numériques adéquates

Environ 500 millions d’Africains ne disposent pas de pièce d’identité officielle. Une situation qui rend difficile l’accès aux services clés et ne leur permet pas de bénéficier des opportunités créées par la numérisation. A ce fait, s’ajoute la non fiabilité des systèmes d’identification de certains pays d’Afrique de l’Ouest et centrale. Les approches couramment utilisées, manuelles et sur papier pour identifier des populations rendent difficiles, tant pour les gouvernements que pour le secteur privé la réduction des fraudes et du gaspillage. Pourtant, les identifications numériques alignées sur les dix principes d’identification pour le développement durable offrent la possibilité d’étendre les réseaux et de transformer les prestations de soins de santé, d’accès à l’éducation ainsi qu’aux services financiers et a d’autres services clés, en particulier pour les populations rurales, les femmes et les groupes les plus vulnérables. « Heureusement de plus en plus de pays africains sont bien avancés dans ces processus, et une grande majorité d’entre eux le font déjà grâce aux appuis technique et financier de la Banque mondiale et à son programme d’Identification pour le développement (ID4D) », se félicite le vice-président de la Banque mondiale.

Les identifiants numériques sont l’un des trois composants des infrastructures numériques, avec les paiements numériques et les plateformes de base de données fiables. « Une infrastructure numérique permet tant aux particuliers qu’aux entreprises de prouver et vérifier leur identité en toute sécurité, d’effectuer et recevoir des paiements en toute facilité, de partager et vérifier les données personnelles telles que les antécédents de crédit et les qualifications académiques », explique Ousmane Diagana. Combinées, ces fonctions génèrent des avantages sociaux et économiques importants et accélèrent la transition vers les économies, les sociétés et les gouvernements numériques. Pour la réussite de ce programme de transformation numérique, nous devrons développer une meilleure collaboration avec l’ensemble des institutions nationales afin de permettre d’une part aux Africains d’avoir plus de contrôle sur leurs données personnelles et d’autre part faciliter aux gouvernements que leurs programmes et services de transferts monétaires atteignent les bénéficiaires tout en réduisant la fraude et l’évasion fiscale.

Une synergie d’actions au plan régional

Tout en poursuivant les efforts de numérisation au niveau national, les pays d’Afrique de l’Ouest et centrale doivent regarder au-delà de leurs frontières, insiste la Banque mondiale. « Je suis persuadé que le succès dans l’économie numérique nécessite des économies d’échelle et des effets de réseau bien au-delà de ce qu’un pays peut réaliser tout seul. Nos recherches récentes en Afrique de l’Est montrent qu’un marché numérique plus intégré et compétitif parmi six pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) générerait jusqu’à 2,6 milliards de dollars de PIB et 4,5 millions de création d’emplois dans la sous-région. Le potentiel d’un marché numérique intégré en Afrique de l’Ouest et centrale et à l’échelle continentale est encore plus important », a déclaré Ousmane Diagana.

Pour faire de cette vision une réalité, il a soulevé l’urgence d’aider les pays d’Afrique centrale et de l’ouest à moderniser et à harmoniser leurs télécommunications, à mettre en place des politiques de protection des données et des réglementations pour promouvoir les investissements dans les infrastructures haut débit et cloud à l’échelle régionale, ainsi qu’un accès général aux services avec un contenu numérique pertinent y compris dans les zones démunies. Ceci comprendra également « l’établissement de politiques d’enregistrement des entreprises et de taxation numérique, ainsi que des paiements numériques transfrontaliers rapides, peu coûteux et fiables pour débloquer commerces numérique et électronique. Rien de tout cela ne peut survenir du jour au lendemain », a-t-il poursuivi. Une transformation numérique en Afrique nécessitera un leadership et une collaboration accrus de la part des gouvernements, du secteur privé et de la société civile.

REACTION

Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique centrale et de l’ouest
« L’enjeu est donc considérable et les opportunités significatives »

A mesure que l’infrastructure numérique s’améliore, il est nécessaire que les secteurs public et privé puissent promouvoir et inciter l’adoption de l’internet en développant des systèmes et des applications qui permettront aux populations d’effectuer des transactions en ligne, comme répondre à des appels d’offre du gouvernement, effectuer des transactions bancaires ou faire des demandes de carte de crédit. La crise sanitaire a révélé l’impérieuse nécessité d’un accès démocratique et équitable à une connectivité de haut débit abordable et sécurisée. A cause du strict confinement des populations, de nombreux services n’ont pu être disponibles pour les habitants des différents pays que par le biais de l’internet. Dans ce contexte, la demande universelle pour ce service va continuer d’augmenter de façon exponentielle. Les pays de l’Afrique de l’Ouest et centrale ne seront pas en reste et devront approfondir les réformes et attirer les investissements nécessaires pour une digitalisation accrue des services, condition essentielle pour une croissance économique forte, résiliente, verte et créatrice d’emplois de qualité. L’enjeu est donc considérable et les opportunités significatives. Bien que les défis ne soient pas à sous-estimer, le potentiel dont dispose la sous-région de l’Afrique occidentale et centrale permet d’espérer une accélération de la numérisation de son économie.

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