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Macron au Cameroun : La France en quête de repositionnement dans le pays

Cette troisième rencontre officielle avec le président Paul Biya qui se déroule dans le cadre d’une visite prévue du 25 au 27 juillet 2022 présente des enjeux notamment politiques et économiques.

C’est ce jour que le président français Emmanuel Macron, invité par son homologue Paul Biya, arrive au Cameroun dans le cadre de sa toute première visite officielle dans le pays depuis son accession à la magistrature suprême en 2017. L’étape de Yaoundé qui s’achève le 27 juillet prochain, constitue le premier arrêt d’un voyage qui va le conduire jusqu’au 28 juillet prochain au Bénin et en Guinée Bissau, deux Nations ouest africaines qu’il ira également découvrir pour la première fois en tant que chef d’Etat.  Selon l’Elysée, cette première tournée africaine d’Emmanuel Macron depuis la réélection en avril dernier, vise principalement à « garder le fil du renouvellement de la relation de la France avec ses partenaires africains ». Elle permettra en outre de « marquer la continuité et la constance de l’engagement du président de la République dans la démarche de renouvellement de la relation avec  le continent africain », indique encore la même source.

Il est indéniable que le Cameroun représente l’étape la plus importante du voyage du jeune président français en Afrique. Une étape aux enjeux multiformes, notamment sur les plans politique et économique. Il est clair que les relations n’ont pas véritablement été flamboyantes ces dernières années entre Yaoundé et Paris. En cinq ans, il y a eu très peu d’échanges officiels entre Emmanuel Macron et Paul Biya. Les quelques rares fois où les deux dirigeants se sont retrouvés en tête-à-tête, c’était en marge d’un évènement et jamais dans le cadre d’une visite officielle. La première rencontre bilatérale avait en effet eu lieu le 10 octobre 2019 à Lyon, dans le cadre de la conférence du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. La deuxième entrevue s’est quant à elle déroulée deux mois plus tard, soit le 11 novembre 2019, à l’occasion du deuxième Forum de Paris sur la Paix.

La visite d’Emmanuel Macron au Cameroun, peut donc traduire sa volonté manifeste de se rapprocher un peu plus de Paul Biya, au pouvoir depuis bientôt 40 ans. Surtout que les affidés de « L’homme lion », comme on le surnomme au pays, semblent n’avoir pas encore oublié la sortie jugée «maladroite » du président français en février 2020, lorsqu’il fut interpellé par l’activiste camerounais Abdoulaye Thiam au Salon de l’agriculture à Paris, au sujet de la situation de la guerre dans la partie anglophone. On se souvient que M. Macron avait déclaré sans aucun protocole diplomatique, avoir mis « la pression sur Paul Biya pour qu’il traitele sujet de la zone anglophone et de ses opposants », non sans promettre à son interlocuteur qu’il l’appellerait encore la semaine d’après, pour mettre « le maximum de pression pourque cette situation cesse ». Une sortie qui n’avait pas du tout plu au régime de Yaoundé, contribuant ainsi à crisper davantage l’atmosphère entre la France et le Cameroun.

De l’avis des spécialistes des questions politiques, la venue du président Macron au Cameroun devrait donc davantage profiter à Paul Biya, dont la longévité au pouvoir ne laisse pas indifférents des dirigeants occidentaux. « Cette visite doit aussi profiter à Paul Biyaà son aura, à sa réputation auprès de ses pairs et
des autres chefs d’État africains. L’idée c’est de dire “Macron ne va pas au Gabon, il ne va pas au Congo Brazzaville, mais il vient au Cameroun» »
, a déclaré à cet effet Antoine Glaser, spécialiste des rapports entre la France et les pays d’Afrique francophone, dans un entretien accordé à la chaine de télévision TV5 Monde.

Outre le rapprochement politique, la visite d’Emmanuel Macron au Cameroun dissimule mal ses relents économiques. En effet, si le président français a accepté de faire le déplacement vers la première économie d’Afrique centrale, c’est sans doute pour tenter de redonner de la vigueur à la coopération économique en perte de vitesse entre les deux pays. Plusieurs entreprises de l’Hexagone ont dû quitter le territoire camerounais sous la contrainte. A l’inverse la France a régressé sur le terrain au Cameroun face à la percée de certaines puissances étrangères comme la Chine, la Turquie, l’Inde. A cet effet, de nouveaux accords pourraient être conclus sur le plan économique pour tenter de redynamiser cette coopération.

Autres enjeux qui pourraient être au cœur des futurs échanges entre Emmanuel Macron et Paul Biya, les questions sécuritaires, notamment la crise dans les régions anglophones du Cameroun et la guerre antidjihadiste dans le nord du pays.

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