Vous êtes ici
Accueil > Fenêtre > Macron tance Condé et protège Ouattara

Macron tance Condé et protège Ouattara

Dans l’intervalle de 48 heures, le président français, Emmanuel Macron a accordé deux interviews sur l’Afrique, d’abord à Grand Continent, puis à Jeune Afrique. A chaque fois, le numéro un français fait une déclaration d’amour au continent noir. Cet amour platonique dénué de réalité que chaque président de la France ne cesse de dire de bouche pour contenter quelques naïfs.

Selon Macron, « Il y a une manipulation évidente de la part de certaines puissances hégémoniques qui ont un nouvel impérialisme en Afrique et qui utilisent ce ressentiment pour fragiliser l’Europe et la France ». Toutefois, le président Macron pense que « l’Europe ne réussira pas, si l’Afrique ne réussit pas. Cela est sûr. On le voit quand on n’arrive pas à créer la sécurité, la paix, ou la prospérité à travers le fait migratoire. » On comprend dès lors que la percée des puissances comme la Chine, la Turquie, la Russie et autres en Afrique donne des insomnies à la France qui voit son pré carré lui échapper.

Macron livre par ailleurs sa vision de l’Afrique. « Quand on prend l’Europe et la relation à l’Afrique, on a vingt-sept histoires avec l’Afrique », explique le président français en évoquant une vision africaine disparate depuis Bruxelles, capitale de l’Europe des 27. « Je ne dirais pas que l’opposition est entre l’Est et l’Ouest. Prenez la France et l’Allemagne, nous n’avons pas la même relation avec l’Afrique. D’abord parce que le langage est important et que l’Afrique est en grande partie francophone. Et nous avons une relation avec l’Afrique francophone qui est particulière. J’ai voulu, moi, rebâtir une relation très forte avec l’Afrique anglophone et lusophone, ce que j’assume. J’ai été le premier Président français à aller au Ghana ou à aller au Kenya par exemple. Ou à me rendre à Lagos. Cela paraît fou, mais c’était comme ça : la France n’avait une relation qu’avec une certaine Afrique ». Macron pose ensuite cette question : « qu’est-ce qui pourrait compliquer aujourd’hui la relation de l’Europe avec l’Afrique ? » Il répond : « C’est le fait migratoire, c’est cela. C’est qu’on ne regarde l’Afrique que par ce truchement. Je pense que c’est une erreur. Il faut le régler, sur certains sujets. On assiste aujourd’hui à un détournement massif du droit d’asile. C’est cela qui dérègle tout ».

Au détour de ces interviews, Macron se pose en donneur de leçon, en apostrophant le président guinéen Alpha Condé tout en adoubant Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire. « Je pense que la situation est grave en Guinée pour sa jeunesse, pour sa vitalité démocratique et pour son avancée », a déclaré le président français à Jeune Afrique. Il poursuit en indiquant que « le président Condé a une carrière d’opposant qui aurait justifié qu’il organise de lui-même une bonne alternance. Et d’évidence, il a organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir. C’est pour ça que je ne lui ai pas encore adressé de lettre de félicitations », lance-t-il. On peut se demander si le fait de ne pas adresser ses félicitations à Condé va empêcher ce dernier de jouir de son troisième mandat. Sur la Côte d’Ivoire, le président français déclare : « penser vraiment » qu’Alassane Ouattara « s’est présenté par devoir à la présidentielle du 31 octobre alors qu’il ne le voulait pas ». Il poursuit en indiquant que « la France n’a pas à donner de leçons ».

Cette politique de deux poids deux mesures de la France ne se justifie qu’à la dimension des intérêts politico-économiques que ce pays tire dans ces deux pays. Pourtant, les situations politiques en Guinée et en Côte d’Ivoire sont presque similaires. Condé et Ouattara sont d’anciens opposants qui ont modifié la Constitution de leur pays, contre le gré du peuple, pour s’offrir un troisième mandat présidentiel.

Laisser un commentaire

Top