Le silence, je crois qu’il peut être expliqué par la tradition de non-alignement héritée de la Guerre froide, qui pousse plusieurs États à garder une sorte d’équidistance envers les superpuissances, surtout lorsque celles-ci s’affrontent. Il faut rappeler aussi que les Africains vivent beaucoup avec des conflits au quotidien et se prêtent assez mal à cette forme de caporalisation de l’émotion et de l’indignation, car, s’il fallait s’indigner pour chaque crise, on ne s’en sortirait plus. Mais il y a aussi un autre facteur, qui est l’opportunisme de certains États. Il ne vous a pas échappé qu’un pays plutôt proche de la Russie, d’ailleurs, comme l’Algérie, s’est quand même empressée de proposer à l’Europe de lui fournir du gaz, si le besoin se faisait sentir. Donc il y a une sorte d’opportunisme, là… Puis en troisième lieu – un facteur hyper important, je crois -, c’est l’inconscient anti-impérialiste et on pourrait dire antioccidental, aussi, de beaucoup d’Africains, y compris de nombreux dirigeants.