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Pénurie de carburant : Le gouvernement avoue son incapacité à gérer

Après Douala, Yaoundé connait une carence en gasoil depuis une semaine, amenant le gouvernement le 11 juillet 2022 à pondre un communiqué qui montre qu’il n’a pas prévu une situation pourtant prévisible.

La fourniture des carburants, notamment du gasoil est perturbée depuis une dizaine de jours au Cameroun. Douala a donné l’alerte en début du mois dans les grandes stations-services et Yaoundé a pris le relais en fin de semaine dernière. Des images des automobilistes amassés devant ces lieux de vente de carburants attendant le précieux liquide, font le tour des réseaux sociaux.

Dans un communiqué publié le 11 juillet dernier, le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, donne les raisons de cette pénurie de gasoil. « Il convient de faire observer que ces perturbations sont dues principalement, à l’importante enveloppe de la subvention des prix à la pompe qu’il faut effectivement mobiliser en temps réel pour assurer les importations des produits pétroliers. Pour le seul mois de juin, cette subvention, encore appelée manque à gagner, s’élève à 80 milliards de FCFA et pour tout le 1er semestre de l’année en cours, à 317 milliards de Fcfa », révèle le membre du gouvernement. Le communiqué poursuit en indiquant que « le président de la République a instruit le gouvernement de mobiliser les ressources financières adéquates en vue d’assurer le paiement continu de cette subvention. La mise en œuvre de cette instruction a permis de déclencher, depuis ce jour, 11 juillet 2022, le déchargement d’importants volumes de produits déjà disponibles dans nos eaux. Ainsi, 28 000 mètres cube de Super, 22 000 mètres cube de Gasoil et 12 500 mètres cube de Jet A1 sont en cours de déchargement et mis progressivement à la consommation. Par ailleurs, des volumes supplémentaires de 88 000 mètres cube de Gasoil et 35 000 mètres cube de Super sont disponibles dans eaux camerounaises et seront déchargés dans les prochains jours ».

Ce n’est pas la première pénurie de l’année 2022

En avril, les automobilistes parcouraient plusieurs stations-services pour trouver du gasoil à Yaoundé et même dans plusieurs autres villes du pays. Déjà à la mi-mars, la société de distribution de l’électricité Eneo, signifiait au gouvernement, « l’insuffisance de combustible (LFO) au niveau de la Scdp (Société camerounaise de dépôts pétroliers, Ndlr) ». Une situation qui restreignait la fourniture des marketeurs en fuel dont Total, Ola et Neptune Oil qui alimentent ses centrales thermiques. Un mois plus tard, Eneo avait annoncé publiquement la situation. «Eneo Cameroon annonce que des contraintes dans l’approvisionnement en combustibles vont impacter la production de sa centrale thermique de Limbe à partir de ce lundi 18 avril 2022. (…) De ce fait, le déficit de l’offre sera accentué dans les régions du Littoral, du Sud-Ouest, de l’Ouest et du Nord-Ouest », ainsi écrivait cette société dans un communiqué. Le gouvernement à travers le Minee avait alors réagi deux jours plus tard en ces termes : «À la faveur des cargaisons qui viennent d’être livrées, le pays dispose d’un stock confortable à même de satisfaire la demande nationale ».

Le document ne donne aucune précision sur le volume du stock disponible. Le membre du gouvernement assure toutefois que « des instructions ont par ailleurs été données à la Sonara (raffineur public, devenu marketeur Ndlr) et à la Scdp de travailler de concert avec Camrail (transporteur ferroviaire, Ndlr) et des marketeurs en vue d’accélérer le transfert desdits produits, sans délais, vers les différents dépôts de l’intérieur qui ont vocation à approvisionner les stations-service du pays ». La gestion approximative de cette première crise a entrainé en juillet une deuxième d’ampleur plus grande avec des conséquences plus néfastes sur l’économie. La troisième qui n’est pas souhaitable risque d’être fatale.

Commentaires et analyse

Nous relevons dans le communiqué du ministre de l’Eau et de l’Energie sur la gestion de la pénurie de gasoil, deux principales allégations qui montrent que le gouvernement ne sait pas gérer et avoue en public cette incapacité. Il y a d’abord l’importance de la somme de 80 milliards de Fcfa « de la subvention des prix à la pompe qu’il faut effectivement mobiliser en temps réel pour assurer les importations des produits pétroliers ». En effet, ce n’est pas en juin que le Cameroun doit mobiliser l’argent pour la subvention du mois. Cette dépense ne surprend pas. Elle est prévisible et les marchés monétaires et financiers sont là pour aider les vrais gestionnaires à boucler leurs besoins en fonds de roulement. Dans une gestion prévisionnelle, la mobilisation devrait être faite avant pour une exécution saine en juin. Et la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (Csph) dans tout ça ? Ensuite, le ministre nous déclare que « le président de la République a instruit le gouvernement de mobiliser les ressources financières adéquates en vue d’assurer le paiement continu de cette subvention ». Ahurissant !

Il est temps de cesser d’infantiliser le Cameroun dans un document officiel qu’est un communiqué. C’est le président de la République qui doit instruire les fonctionnaires payés pour mobiliser au quotidien les ressources de l’Etat. Le culte de la personnalité se poursuit ainsi. « La mise en œuvre de cette instruction a permis de déclencher, depuis ce jour, 11 juillet 2022, le déchargement d’importants volumes de produits déjà disponibles dans nos eaux ». Ça veut dire que le carburant était à quai et on attendait l’instruction présidentielle. Du n’importe quoi ! Le président de la République a mieux à faire. Et si on pouvait aussi solliciter son instruction pour distraire les deniers publics. Mais seulement, en observateur de la société, nous prévenons le Minee que prochainement, les transporteurs déjà furieux, risqueront de le surprendre dans son attente de l’instruction présidentielle.

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