Vous êtes ici
Accueil > Assurances, Economie, Microfinance > Économie > Actualité > Péril sur le Cameroon business forum

Péril sur le Cameroon business forum

La rencontre prévue pour le 15 décembre 2021 semble menacée du fait du refus du Gicam d’y participer.

en déclinant l’invitation à lui adressée le 1er décembre dernier par Séraphin Magloire Fouda, le Secrétaire général des services du Premier ministre (Sgpm) à prendre part à la 12ème édition du Cameroon Business Forum (CBF) prévue le 15 décembre 2021 sauf changement de dernière minute, Célestin Tawamba fait planer le spectre de l’annulation voire même la mort programmée de ce cadre privilégié d’échanges entre le secteur public et privé présidé chaque année par le Premier ministre, chef du gouvernement. Dans une correspondance adressée à ce dernier, le 2 décembre dernier, le président de la plus importante organisation patronale du Cameroun dénonce l’exclusion du secteur privé dans la préparation de cette édition.

LES GRIEFS DU SECTEUR PRIVE ENVERS LE CBF

En effet, le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) se dit favorable pour la refonte du Cameroon Business Forum (CBF) et l’instauration d’un cadre de concertation permanent entre le secteur public et le privé. « Aujourd’hui, face aux nombreux défis économiques et sociaux auxquels fait face le gouvernement et à la grogne croissante des entreprises, l’urgence à refonder le cadre de partenariat entre l’Etat et le secteur privé est plus que jamais réelle », note le Gicam. A la place, le patronat propose la mise en place d’une structure de dialogue novatrice dénommée le Cameroon Business Council (CBC) toujours placée sous l’autorité du Premier ministre, chef du gouvernement, voire même du chef de l’Etat. Le nouveau cadre de concertation contenu dans le livre blanc du Gicam s’il venait à être mis sur pied, devrait davantage impliquer le secteur privé dans le projet transformationnel du Cameroun tout en engagent des réformes structurelles au niveau de l’environnement des affaires et stimuler l’investissement. Car selon le Gicam, le montant des investissements directs étrangers (IDE) attirés au Cameroun depuis 2012 n’a connu aucune progression significative. En outre, la contribution du secteur industriel au produit intérieur brut (PIB) n’était que de 26,4% en 2019 alors qu’elle était déjà de 32,4% en 1993 selon le principal mouvement patronal camerounais. Comme si cela ne suffisait pas, le pays figure depuis près d’une décennie parmi les 25 pays où le climat est moins favorable aux affaires, oscillant entre la 156ème et la 167ème place du classement « Doing business » de la Banque mondiale sur 190 pays.

Un changement de paradigme Pour changer cet état de choses, d’aucuns suggèrent le renforcement du mode opératoire du CBF. Celui-ci doit être une « instance inclusive c’est-à-dire représentative ». Dans ce cas, « la Chambre de commerce, de l’industrie, des mines et de l’artisanat (Ccima) n’a pas vocation dans un cadre bipartite Etat-secteur privé à assumer le leadership de la représentation du privé », explique un expert rencontré. A la place, il faudrait une approche concertée à savoir une implication permanente du secteur privé au sein de l’organe de pilotage paritaire, mais aussi dans la préparation conjointe des dossiers, le partage de l’agenda et du calendrier ainsi que l’élaboration conjointe des plannings de mise en oeuvre et le suivi-évaluation pour ne citer que ces aspects. A cela s’ajoute le consensus sur la base d’une contractualisation des recommandations.

En outre, bon nombre de patrons se disent favorables à l’extension du périmètre d’intervention du CBF. Selon eux, celui-ci doit viser un spectre plus large que le seul prisme des indicateurs du « Doing Business » de la Banque mondiale, de manière à traiter de tous les aspects qui fondent la transformation économique du pays. Selon le Gicam, la mise sur pied en 2019 de deux comités de suivi distincts dont l’un relève du Doping business sus évoqué au sens strict dénommé « Comité Doing Business », et l’autre relevant de l’environnement des affaires baptisé « Comité CBF », constituent déjà un pas vers l’avènement nécessaire d’un cadre de type nouveau. « L’abandon récent par la Banque mondiale du classement Doing Business devrait une fois pour toute, militer dans le sens d’une refonte complète du périmètre actuel d’intervention voire du CBF dans son ensemble », plaide le Gicam.

DIVISION ENTRE LES ACTEURS

Une position qui divise pour autant. Car, l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc) se désolidarise de l’action du Gicam. Cela avait déjà commencé au lendemain de l’annonce des entreprises du Gicam à arrêter la production dès le 1er janvier 2022 en protestation de la hausse des prix des matières premières à l’international. Les raffineurs des oléagineux promettent de poursuivre leurs activités au-delà du 1er janvier 2022. « L’Asroc s’engage à continuer à travailler pour répondre à la volonté du gouvernement et du président de la République, Paul Biya, qui ont toujours soutenu les segments de la 1ère ainsi que de la 2e transformation de cette filière des oléagineux, de lutter contre la vie chère », précise Jacquis Gabriel Kemleu Tchabgou, le Secrétaire général de cette association dans un communiqué du 23 novembre 2021. Poursuivant son propos, ce dernier « en dépit de la conjoncture internationale difficile liée à la pandémie à coronavirus, qui se caractérise par le relèvement des cours des matières premières et du fret maritime, la filière des oléagineux tient à rassurer les consommateurs qu’au regard du dialogue qu’elle entretient avec le gouvernement, des dispositions ont été prises pour assurer un approvisionnement continu en huiles végétales raffinées, en savons de ménage et de toilette durant les fêtes de fin d’année et au-delà », soutient-il.

LA MULTIPLICITE DES CADRES DE DIALOGUE ETAT-SECTEUR PRIVE

Toutefois, des instances de dialogue entre l’Etat et le secteur privé existent pour autant depuis la fin des années 1990. Il s’agit notamment du Comité interministériel élargi au secteur privé, des cadres bipartites de collaboration à l’instar de celle entre certains départements ministériels comme les Finances (Minfi), le Commerce (Mincommerce), des Petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat (Minpmeesa) et le Gicam. A cela s’ajoute la plateforme d’échanges instituée avec l’Assemblée Nationale depuis 2014 et le Cameroon Business Forum (CBF) institué en 2009 à l’initiative du gouvernement camerounais et de la Société financière internationale (SFI). Malgré la multiplicité de ces instances, le secteur privé ne semble pas trouver son compte. En réponse à la menace du Gicam, le ministre des Finances a annoncé le 16 novembre 2021, une réduction de la base imposable des marchandises importées par voie maritime. « Le montant du fret à intégrer dans la valeur en douane des marchandises importées par voie maritime est affecté d’un abattement de 80% de la somme totale effectivement payée ou à payer pour l’acheminement desdites marchandises, dans le contexte de l’augmentation inédite du coût de transport international des marchandises », a annoncé Louis Paul Motazé dans un communiqué officiel.

Laisser un commentaire

Top