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Pourquoi l’Afrique doit limiter ses importations de riz

Selon le directeur exécutif du ‘’All India Rice Exporters Association’’, Vinod Kaul, les exportations indiennes de riz ont atteint 11,58 millions de tonnes (Mt) sur la période d’avril à décembre 2020. Cela représente une hausse de 80,37% par rapport à la même période en 2019. Les pays africains s’avèrent ainsi être les premiers clients de cette Nation asiatique, suivis de ceux du Proche Orient, des Etats-Unis et de l’Union européenne. En effet, sur les 11,58 Mt de cette céréale commercialisées par l’Inde, 8,2 millions étaient du riz nonbasmati et 70% de cette quantité ont été exportés vers l’Afrique avec pour premiers clients la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo, le Niger et le Liberia.

Ces chiffres démontrent à suffisance que l’Afrique est le plus grand importateur de riz dans le monde. C’est d’ailleurs la deuxième céréale la plus consommée dans la région après le maïs. Dans une note politique à l’attention des parties prenantes de la Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique (Card) publiée en mai 2020 sous l’intitulé : « Impacts potentiels du Covid-19 sur la production et l’offre de riz en Afrique et options politiques », l’on apprend que sur les 34,234 millions de tonnes de riz exportées en totalité ou en partie en 2018, environ 10,771 millions de tonnes (soit 31,46% du commerce mondial de riz) étaient destinées à l’Afrique. Sur la période 2019-2020, le volume de riz importé par l’Afrique a augmenté pour atteindre 13 millions de tonnes d’après le département américain de l’agriculture (Usda). Ce qui représente le tiers de la consommation mondiale et 40% de la consommation du continent.

Ces chiffres sont confortés par de nombreux experts, qui ont révélé que malgré une hausse de sa production rizicole, le continent dépense chaque année 7 milliards de dollars (3819 milliards de Fcfa) pour ses importations de riz appelées à nourrir sa population. « l’Egypte est le seul pays d’Afrique qui est autosuffisant. La Côte d’Ivoire l’est à 50 %, Madagascar entre 70 et 75 % », avait à cet effet révélé il y a deux ans le Sierra-Léonais Harold Roy-Macauley, directeur général d’Africa-Rice, une organisation intergouvernementale regroupant 26 pays d’Afrique de l’Ouest, du centre et de l’Est.

Mais paradoxalement, l’Afrique est dotée d’un énorme potentiel naturel et humain qui devrait pourtant lui permettre de produire suffisamment du riz, et ne plus enrichir d’autres pays à l’instar de la Chine, premier exportateur mondial, l’Inde qui arrive en seconde position, la Thaïlande, le Vietnam ou encore le Pakistan à travers des importations. Les sommes investies pour l’achat de cette denrée alimentaire, devraient normalement servir à booster la production locale à travers la création des nouvelles rizières, elles-mêmes sources d’emplois. A noter que l’Afrique n’a produit que 19,4 millions de tonnes de riz au cours de la saison 2019-2020, une production insignifiante, car ne représentant que 4% de la production mondiale. D’ailleurs à titre de comparaison, la Thaïlande à elle seule a produit plus de 20 millions de tonnes, bien plus que l’ensemble du continent.

Il est donc temps pour les dirigeants africains de prendre conscience du potentiel du continent, surtout en matière de production agricole afin d’assurer sa sécurité alimentaire. Et cela ne concerne pas seulement le riz. Etre largement dépendant des autres sur le plan alimentaire, c’est subir les perpétuelles flambées des prix des pays producteurs. Ce fût le cas en 2008 avec la hausse vertigineuse des prix des aliments de première nécessité qui ont provoqué les émeutes de la faim, à l’origine de plusieurs remous sociaux.

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