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Quels métiers pour accompagner l’industrialisation ?

La convention signée le 6 octobre dernier à Yaoundé entre DTA et le Minefop, vise la création d’un environnement adapté aux enjeux de la transformation structurelle de l’économie camerounaise.

En paraphant la convention de partenariat avec le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle (Minefop), le 6 octobre 2021 à Yaoundé, la Digital Transformation Alliance (DTA) entend créer un environnement de formation technique, professionnel adapté aux enjeux de la transformation structurelle de l’économie camerounaise. « Quand on parle d’industrialisation, il faut de nouveaux métiers que nous n’avons pas aujourd’hui. Cette convention va nous permettre d’avoir un environnement propice à la création de ces nouveaux métiers et d’accompagner la création des contenus également, sans oublier de nouveaux types de formations par alternance avec l’industrie », explique Pr Achille Mbang Sama, responsable de DTA.

Pour le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle (Minefop), Issa Tchiroma Bakary, « c’est un moment fondateur qui annonce la détermination de notre Nation à se prendre en main ». Selon lui, « le développement d’une Nation repose sur sa capacité à prendre en main sa propre technologie, à former son capital humain, et à mettre en place une société de compétences. Toutes les Nations qui sont grandes aujourd’hui, ont commencé comme ça. L’indépendance d’un pays repose aussi sur sa technologie au même titre que la langue et la monnaie », argumente-t-il. Et sa collègue en charge des Postes et télécommunications (Minpostel), Minette Libom li Likeng qui a déjà eu à signer une convention de partenariat avec la structure sus citée, d’indiquer que cette dernière « offre l’écosystème adéquat pour la création des projets novateurs ». Celui-ci est appelé à être ouvert aux autres porteurs de projets, a-t-elle lancé.

En effet, les champs de compétence de la DTA comprennent le développement et l’adéquation des technologies de pointe pour l’industrialisation. Ils s’étendent à la mise en place des centres d’innovation technologiques et industriels. Aussi, ils visent la création des contenus, le développement et l’introduction des systèmes collaboratifs, outils et plateformes technologiques, techniques et pédagogiques pour une formation professionnelle adaptée aux enjeux de développement comme l’a relevé Alamine Ousmane Mey, le ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat). Selon lui, « leur mise en oeuvre opérationnelle va induire, moyennant l’accompagnement de tous les acteurs, un effet multiplicateur vertueux sur le tissu productif national », a-t-il insisté.

REACTIONS

Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat)
« C’est l’expression du partenariat public-privé qui est fructueux »

C’est un sentiment de fierté qui m’anime au moment où nos compatriotes de la diaspora ont répondu de manière concrète à l’appel du chef de l’Etat, Paul Biya. Appel selon lequel, nous sommes invités à transformer nos produits, innover, changer le paradigme de notre modèle de production et de consommation, et d’oser. Oser, c’est ce que le chef de l’Etat a toujours souhaité à l’endroit de la jeunesse entrepreneuriale camerounaise créatrice. Cet appel a trouvé une réponse que nous sommes venus célébrer. Une réponse qui est traduite par le DTA001, le premier véhicule qui a été non seulement fabriqué, mais aussi et surtout créé au niveau de notre pays par nos compatriotes en utilisant des technologies des plus performantes au monde. Faisant ainsi de notre stratégie nationale de développement (SND 30), basée sur la transformation structurelle, une stratégie qui se met en oeuvre avec l’implication de tous les acteurs. C’est aussi l’expression du partenariat public-privé qui est fructueux, qui va combiner l’innovation, l’audace, le risque que prennent les jeunes startuppers, les PME qui ont besoin du soutien gouvernemental. Voilà pourquoi nous sommes là pour créer le cadre nécessaire au développement des initiatives comme celle que nous venons de voir autour de la DTA. C’est aussi le lieu d’inviter nos compatriotes à croire d’abord en eux, à oser, à croire à la jeunesse de notre pays, à l’accompagner et la soutenir pour qu’elle produise ce dont elle est capable et satisfaire nos besoins. C’est avec beaucoup de fierté que le Cameroun connait cette expérience et va certainement la soutenir ainsi que d’autres à venir dans l’optique du renforcement de l’innovation, la recherche pour la réussite de l’insertion socio-économique du Cameroun dans le cercle des grandes Nations qui créent, produisent et mettent sur le marché des produits compétitifs qui vont à la conquête du reste du monde.

Issa Tchiroma Bakary, ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle
« L’indépendance d’un pays repose aussi sur sa technologie »

C’est un moment fondateur qui annonce la détermination de notre Nation à se prendre en main. Le développement d’une Nation repose sur sa capacité à prendre en main sa propre technologie, à former son capital humain, et à mettre en place une société de compétences. Je pense que toute la Nation devrait en être informée, et en être fière. Les uns et les autres devraient se retrousser les manches pour accompagner ces innovateurs. Toutes les Nations qui sont grandes aujourd’hui, ont commencé comme ça. L’indépendance d’un pays repose aussi sur sa technologie au même titre que la langue et la monnaie…Bravo à nos compatriotes. Tout à l’heure j’ai posé la question à nos compatriotes. Ils sont tous là, ce sont des ingénieurs, ce sont des gens qui sont en mesure de décider. Ils ont fait preuve d’innovation, d’invention, de créativité et du devenir de notre Nation. Oui ! Les jeunes ont compris grâce à Dieu, grâce à cette initiative que nous souhaitons voir se multiplier. Nous allons remplir notre part du contrat pour le développement de notre pays et pour son émergence.

INTERVIEW

Pr Achille Mbang Sama, ingénieur et responsable de DTA
Dans cet échange, il évoque le bien fondé du développement technologique dans la transformation structurelle de l’économie camerounaise.
« Notre ambition est la création d’une unité locale »

Pouvez-vous de façon succincte présenter les caractéristiques de votre véhicule tout en indiquant le processus ayant conduit à son aboutissement ?

Il s’agit d’un mini SUV (sports utility vehicle), une mini 4 fois 4 qui présente les caractéristiques d’être flexible, adaptée à nos réalités et qui peut être adaptée aux utilisations comme dans l’agriculture, la voirie urbaine, la transformation urbaine et des questions de sécurité. Elle a la capacité d’avoir des composantes d’autonomie. Nous l’avons démontré à travers des petits robots. Elle est complètement entourée de capteurs pour l’analyse de l’environnement, la reconnaissance des obstacles etc. Nous l’avons programmé à 90 km/h. Elle peut aller au-delà. C’est une voiture à essence. Nous avons réfléchi sur la possibilité de fabriquer la voiture électrique, mais nous avons opté pour les moyens élémentaires. C’est une voiture à essence certes, mais la consommation est hybride, c’est-à-dire détachée du moteur. Raison pour laquelle il est électrique et solaire. C’est un prototype. C’est pourquoi c’est difficile à quantifier parce qu’il s’agit d’une première fois. On échoue, on recommence etc. L’investissement est toujours autre. Mais, c’est un véhicule qui est prêt. Nous sommes en train de finaliser la modélisation de la gamme de production. Quel robot, quelle machine pour produire quelle pièce ? Si aujourd’hui, on nous demandait de produire cela, je crois qu’en l’espace d’un an, nous pouvons être capables de mettre sur pied une première usine et démarrer avec les premiers véhicules parce que la fabrication est aussi en grande partie locale même si pour notre prototype, la carrosserie, les châssis, le moteur et les composantes ont été achetés mais assemblés. Nous apprenons de ces composantes pour pouvoir accentuer la fabrication locale.

Des indiscrétions avancent entre 5 et 6 millions de Fcfa investis dans la réalisation de ce prototype. Le confirmez-vous ?

On ne peut véritablement pas quantifier cela parce que nous avons reçu des contributions tripartites et de manière individuelle. Donc, il nous est difficile de dégager le montant de ce premier véhicule.

Aviez-vous bénéficié de l’accompagnement des banques dans ce projet ?

Afriland First Bank a accompagné financièrement une partie du projet. On ne va pas décliner le montant ici. Mais, nous avons encore de très gros contributeurs parmi lesquels la fondation Dassault Système qui a injecté un volume important en termes d’accompagnement (en environnement, outils, expertise etc). Bref, c’est assez consistant. A côté, il y a également le ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat) dont la contribution avoisine celle d’Afriland First Bank en termes financiers. Là, également, nous ne pouvons malheureusement pas décliner le montant.

Sur quoi va porter votre partenariat avec le Minefop ?

Avec le Minefop, il s’agit de créer un environnement de formation technique, professionnel adapté aux enjeux de la transformation structurelle de notre économie. Il y a certains métiers que nous n’avons pas. Avec le ministre Tchiroma, il nous dit que le Cameroun ne dispose pas de soudeurs experts. On a donc besoin des métiers basiques et supérieurs pour accompagner tout ce processus. Quand on parle d’industrialisation, il faut de nouveaux métiers que nous n’avons pas aujourd’hui. Cette convention va nous permettre d’avoir un environnement propice à la création de ces nouveaux métiers et d’accompagner la création des contenus également sans oublier de nouveaux types de formations par alternance avec l’industrie.

Quid de celle avec le Minepat ?

Celle avec le Minepat s’inscrit en droite ligne de la SND 30. Nous sommes honorés d’y être associé comme contributeur technique pour sa réalisation. Nous pouvons apporter notre expertise pour l’industrialisation, le développement du capital humain, et l’opérationnalisation de la SND-30. La convention dure le temps que les partenaires veulent. Nous allons évaluer notre apport et ce qui reste à faire dans le cadre de ce partenariat sachant que les engagements des uns et des autres sont clairement définis dans la convention. Ensemble, nous allons développer des programmes et des projets.

Qu’est ce qui est contenu dans l’Accord-cadre signé avec les Cvuc ?

Vous savez, les Communes et villes unies du Cameroun (Cvuc) sont pour nous, un outil important de dissémination des technologies. Si les communes s’approprient lesdites technologies, nous serons capables d’impulser le développement des communes. Ce qui fait que l’innovation technologique est au coeur de notre cible. Cela va favoriser la création d’emplois ainsi que la résolution de bon nombre de problématiques auxquelles sont confrontées des communes. Car, elles sont la base du développement décentralisé. C’est vraiment très important pour nous. Vous comprenez pourquoi nous sommes très heureux d’avoir été choisi par les Cvuc pour la signature de cet accord-cadre. Ensemble, nous allons développer des projets et des centres d’innovation technologique et les disséminer.

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