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Secteur bancaire : Main basse sur Afriland First Bank en RD Congo

En la plaçant sous administration provisoire, la Banque centrale du Congo a ignoré les instructions gouvernementales et les différents verdicts des juridictions du pays pour s’inscrire dans des manœuvres visant à faire main basse sur la filiale locale du groupe panafricain.

Afriland first Bank Congo démocratique est placée sous administration provisoire de la Banque centrale du Congo, « à la suite de la crise de gouvernance qu’elle traverse depuis un certain moment ». C’est ce qui ressort de la présentation de la situation du système bancaire de la République démocratique du Congo (RDC) par la Banque centrale. Une situation que beaucoup qualifient d’incompréhensible au regard des performances de la banque. En effet, avec des fonds propres de base passant de 38,32 millions de dollars en 2020 à 48,05 millions de dollars à fin juin 2021, la banque d’ailleurs classée 5ème respectait tous les ratios prudentiels dépassant largement les 30 millions de dollars exigés.

Pour mieux comprendre la situation actuelle, il faut aller aux origines de la crise managériale que connaît la filiale congolaise du groupe bancaire Afriland First Group (AFG). Elle remonte au 24 janvier 2022 lorsque Patrick Kafindo, alors Directeur général (DG) par intérim après la mort du titulaire, est révoqué par le conseil d’administration de la banque. Ceci après que la banque s’est vu infliger une pénalité de 150 189,05 dollars par la Banque centrale. Pourtant, c’est ce dernier qui, depuis le 1er juillet 2021, avec l’appui de la mission rapprochée de la Banque centrale, tient les rênes de l’institution au détriment des actionnaires et des administrateurs qui n’y ont plus aucun contrôle, apprend-t-on du communiqué de presse signé le 3 juin 2022 par Jean Paul Kamdem et Jean Paulin Fonkoua, respectivement vice-président exécutif d’Afriland First Group et président du conseil d’administration d’Afriland First Bank S.A.

Les instructions gouvernementales ignorées

Or, au terme de 56ème session du conseil des ministres du 3 juin dernier, le ministre des Finances par ailleurs président du Comité de stabilité monétaire de la RDC, y a présenté un rapport qui insiste sur « l’impérieuse nécessité d’une résolution ordonnée des difficultés actuelles notées auprès d’Afriland First Bank Congo démocratique S.A dans la stricte application de la loi bancaire par la Banque centrale du Congo ». Par la suite, celle-ci « a été encouragée à prendre toutes les dispositions idoines pour protéger la stabilité du système bancaire et l’épargne du public dans les plus brefs délais, conformément à la loi organique portant sur son organisation et son fonctionnement », a-t-il ajouté. Une résolution qui a donné espoir aux actionnaires et administrateurs qui n’ont pas manqué de remercier le gouvernement congolais qui, par cet « acte majeur, rejoint les préoccupations plusieurs exprimées par ces derniers depuis près d’un an ». Ces derniers disent avoir alerté les pouvoirs publics sur les abus que cette situation pouvait créer au détriment de l’intérêt général.

L’autre curiosité dans l’affaire a trait au fait que les décisions du conseil d’administration d’Afriland du 21 janvier 2022 portant organisation de la banque et nomination des dirigeants pourtant actées par la banque centrale, ont été suspendues par elle à la grande surprise générale. Entretemps, c’est la banque qui se trouve paralysée parce que n’ayant plus d’organes de gestion et de contrôle depuis plusieurs mois. Une situation qui laisse libre cours à l’ex DGA et ses soutiens au mépris de la stabilité financière du pays et de l’intérêt général.

Les pistes de sortie de la crise

L’application stricte et exclusive de la loi bancaire est la principale voie de résolution de la crise managériale que traverse Afriland First Bank Congo démocratique en ce moment. Elle est susceptible de libérer toutes les parties impliquées. « Elle va libérer la Banque centrale du Congo, l’Etat congolais, et la banque qui sont aujourd’hui otages d’une guérilla administrative et politico-judiciaire ouverte et entretenue par l’ex DGA, pourtant désavoué par le conseil d’administration, et qui continue depuis plusieurs mois et dans l’impunité totale, à poser des actes dans l’illégalité totale au nom d’Afriland First Bank Congo démocratique », souligne le communiqué de presse publié par la banque.

En effet, la communauté des actionnaires reste convaincue que l’impératif de stabilité financière peut être préservé en ceci qu’elle représente environ 95% des actions, et propriétaire de First Bank Congo démocratique depuis 17 ans. Cette dernière a été bien gérée durant cette période avec des indicateurs de croissance, de solvabilité et de rentabilité au vert indépendamment des régimes politiques et monétaire. Ces acteurs sont à eux seuls, capable de redresser la banque selon le top management de cette dernière.

Aussi, la restauration de la hiérarchie des organes de décision prévue par la loi bancaire et actée par la Banque centrale, est une étape déterminante dans la résolution de cette crise. Car, le groupe bancaire panafricain dit avoir des moyens humains, matériels et financiers lui permettant de respecter ses engagements. Les regards sont d’ores et déjà tournés vers les autorités du pays.

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