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Vie chère : Le prix du ciment divise l’Etat et les producteurs

Le sujet était au cœur de la rencontre du 20 juin dernier à Yaoundé entre le ministre du Commerce et les responsables des entreprises Cimencam, Cimaf et Dangote.

C’est un dialogue de sourds entre le gouvernement camerounais et les producteurs de ciment. La rencontre de Yaoundé du 20 juin dernier entre le ministre du Commerce (Mincommerce) et les responsables des Cimenteries du Cameroun (Cimencam), des Cimenteries d’Afrique (Cimaf) et de Dangote Cement Cameroon (DCC), n’a abouti à rien de concret. Les différentes parties sont restées sur leur position : L’Etat en faveur du maintien du prix du sac de ciment malgré la hausse des facteurs de production ; et les cimenteries exigeant la hausse de ce produit en plus d’incitations fiscalo-douanières, pour couvrir ne serait-ce qu’une partie de leurs charges. Entretemps, les consommateurs en paient les frais. Entre spéculation et surfacturation, ils ne savent plus à quel saint se vouer.

De leur côté, les équipes de la Brigade nationale de contrôle et de répression des fraudes (Bncrf) du ministère du Commerce (Mincommerce) usent de tous les moyens y compris la force, pour faire respecter les prix homologués. Pourtant, la situation semble claire. L’évolution du cours du clinker, principal intrant utilisé dans la fabrication du ciment, est à l’origine de l’augmentation du prix de ce produit malgré le refus du gouvernement. Selon les acteurs, il est passé de 45 euros, soit 29.475 Fcfa, la tonne de janvier 2021 à 85 euros, soit 55.675 Fcfa en mars 2022. A cela s’ajoute la hausse des prix des agents de mouture de +20%, du gypse +78%, des pièces de rechange de +20 à 50%, et des coûts des sacs vides +78%. Aussi, l’évolution du fret maritime de 20 euros soit 13.100 Fcfa par tonne de janvier 2020 à 53 euros soit 34.715 Fcfa en décembre 2021, soit environ +165%, n’arrange pas les choses.

Les répercussions sur le marché et les entreprises ne sont plus à démontrer : Il y a tout d’abord surcoût sur un sac de ciment de 50kg de + 1000 à 1200 Fcfa hors taxe. Le secteur enregistre des pertes financières de plus de 15 milliards de Fcfa depuis le second semestre de l’année dernière. Une situation qui induit la réduction drastique des capacités d’approvisionnement des pièces détachées et des sacs des entreprises.

En termes de propositions et attentes des acteurs du secteur figure en bonne place, l’ajustement partiel des prix de vente par tonne à la réalité des coûts pour le 42,5 R, et le 32,5 R. Au plan fiscal, ils souhaitent la suppression de tous les contrôles fiscaux des années Covid 2020 et 2021, ainsi qu’un abattement total de 100% des droits de douane sur le fret et la réduction de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour chaque maillon de la chaîne de distribution de nos produits finis. Un diaLOgUe de sOUrds Or, les pouvoirs publics veulent maintenir le prix à 4.900 Fcfa au niveau local. En le faisant, l’Etat semble laisser la responsabilité aux entreprises, puisqu’il continue de collecter les impôts et taxes qui lui sont dus. Entretemps, Cimencam doit supporter entre 2 et 3 milliards de Fcfa de charges supplémentaires par mois du fait du maintien par les autorités camerounaises du prix de ses produits malgré les vents contraires.

Dans une correspondance adressée en fin d’année 2021 à la directrice générale de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), le ministre Luc Magloire Mbarga Atangana faisait pourtant observer à cette dernière « qu’entre janvier et juin 2021, les prix du clinker, matière première principale utilisée dans la fabrication du ciment, tout comme le fer à béton et le gypse ont fait un bond respectif de 100, 95,54 et 60% par rapport à la même période l’année précédente », soulignait-il. Comme solution, l’Etat à travers le ministre des Finances (Minfi) a décidé de l’abattement de 80% du coût du fret à prendre en compte dans la détermination de la valeur en douane des marchandises importées par voie maritime. Bien qu’importante, la mesure est jugée insuffisante pour faire face à la conjoncture selon les entreprises réunies sous la bannière du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam).

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