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VIH, tuberculose et paludisme plus mortels en Afrique

En 2020, la Covid-19 a considérablement perturbé les systèmes de santé et la prestation de services de santé dans le cadre de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme dans les pays à revenu faible et intermédiaire d’Afrique et d’Asie. C’est en substance ce qui ressort d’un récent rapport du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme publié le 13 avril dernier. L’enquête a été menée dans 502 établissements de santé répartis dans 32 pays dont 24 pays en Afrique. Il s’agit notamment de l’Afrique du Sud, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, Eswatini, l’Éthiopie, le Ghana, la Guinée, le Kenya, Madagascar, le Malawi, le Mali, le Mozambique, la Namibie, le Niger, le Nigéria, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Rwanda, la Sierra Leone, le Togo, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe.

En clair, depuis l’apparition de cette crise sanitaire en début d’année dernière, les pouvoir publics ont pratiquement délaissé le traitement de ces maladies qui causent un nombre incommensurable de décès, notamment en Afrique, pour davantage se consacrer à la lutte contre la pandémie. Concernant le paludisme qui est principalement à l’origine de la hausse du taux de mortalité en Afrique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déjà prévenu en novembre 2020, que la perturbation du traitement de la malaria causée par la pandémie de coronavirus pourrait entraîner des dizaines de milliers de décès dus au paludisme. « Dans les scénarios les plus optimistes, une interruption de 10 % de l’accès à un traitement antipaludéen efficace en Afrique subsaharienne pourrait entraîner 19.000 décès supplémentaires. Si l’accès aux soins diminue de 15%, 28.000 décès supplémentaires devraient être observés. Des interruptions de 25 % et 50 % dans la région pourraient entraîner respectivement 46.000 et 100.000 décès supplémentaires », indiquait encore l’instance onusienne.

Près de cinq mois après, l’on est pas loin de ces prévisions non seulement pour le paludisme, mais également pour le VIH et la tuberculose. En effet, comme l’a indiqué dans le rapport le directeur exécutif du Fonds mondial, Peter Sands, « avec la chute spectaculaire de la gestion des cas de paludisme, nous sommes confrontés à un risque réel de pic de mortalité. Nous avions réalisé d’importantes avancées pour combler les lacunes dans l’identification des personnes tuberculeuses manquant à l’appel et nous faisons maintenant marche arrière. La dure réalité est que nous allons être témoins d’une augmentation progressive des décès liés au VIH, à la tuberculose et au paludisme en 2021 en raison des perturbations engendrées par le Covid-19 en 2020. »

Ainsi, en comparant les données recueillies durant la période d’avril à septembre 2020 avec la même période de six mois en 2019, on a constaté que : le dépistage du VIH a chuté de 41 % ; l’orientation des cas de tuberculose lorsque les patients suspectés d’avoir la tuberculose sont orientés vers les prochaines étapes de diagnostic et de traitement a chuté de 59 % ; les diagnostics du paludisme ont chuté de 31 % ; le nombre de consultations prénatales a chuté de 43 %. Il est clair que les actions ainsi que les financements sont désormais pour la plupart, dirigés vers la lutte contre la Covid-19. Le Fonds mondial lui-même n’est pas en marge puisqu’il a déjà déployé près d’un milliard de dollars US (550 milliards de Fcfa) pour lutter contre le Covid-19 et en atténuer l’impact sur le VIH, la tuberculose et le paludisme dans plus de 100 pays.

La situation s’est aussi aggravée par le fait que de nombreux malades ont décidé de fuir les formations hospitalières, de peur de se faire diagnostiquer la Covid-19 et subir par la suite une mise en quarantaine. Conséquence, le paludisme qui tue chaque année des millions d’enfants de moins de 5 ans en Afrique a repris du poil de la bête. Même le Sida qui paraissait en mauvaise posture, semble sortir à nouveau la tête de l’eau. Face à cet état de choses, il y a urgence pour l’Afrique à y remédier en tirant d’une part les leçons de la lutte contre le nouveau virus, puis en adaptant les programmes vitaux de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme au sein des Etats comme le préconise le Fonds mondial.

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