Six banques ont déjà souscrit au Plan national d’optimisation de la trésorerie (Pnot), favorisant ainsi le rééchelonnement d’environ 1000 milliards de Fcfa d’une ardoise de 2314 milliards de Fcfa à fin septembre 2024.
six banques ont déjà au Plan national d’optimisation de la Trésorerie (Pnot) lancé le 14 octobre dernier par le ministre de l’Economie et des Finances, Jean-Baptiste Ondaye, apprend t-on de sources crédibles. Un acte qui va permettre le rééchelonnement de plus de 1000 milliards de Fcfa sur une dette évaluée à 2314 milliards de Fcfa à fin septembre 2024. Un ouf de soulagement pour Jildas Ngonkoua Abouli, Conseiller à la dette et au suivi des engagements financiers de l’Etat au ministère congolais de l’Economie et des Finances. « La situation financière difficile que traverse le pays en ce moment, s’explique particulièrement par le fardeau de la dette plus précisément celle du marché sous régional. Cette dette a une forte concentration sur les années 2025, 2026, 2027, voire 2028. Ce qui est davantage contraignant c’est que mensuellement, l’Etat doit mobiliser 100 milliards de Fcfa pour le remboursement de cette dette contre 70 milliards de Fcfa en 2023. D’un autre côté, nous avons des ressources fiscalo-douanières qui en moyenne s’élèvent à 75 milliards de Fcfa par mois. Comparaison faite, ils révèlent que le service de la dette exerce une pression sur les recettes fiscalo-douanières de l’ordre de 130% mensuellement », explique-t-il.
LEs AvANtAgEs EscomPtés PoUr LE trésor PUbLic
Pour diminuer cette pression, la République du Congo a mis en place le Pnot. Une opération de gestion proactive et volontaire de la dette publique intérieure du Congo, visant à l’échange anticipé des Bons du trésor assimilables (BTA) et les Obligations du trésor assimilables (OTA) détenus par les établissements financiers qui décideront de participer à l’opération. L’initiative qui bénéficie du concours de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) s’inscrit dans le cadre de sa stratégie de gestion de la dette publique à moyen terme (Sdmt). « Il fera en sorte que la pression de la dette soit déplacée sur un horizon de 5 ans et plus. Cela a pour corollaire d’allonger les maturités de la dette, de réduire la pression et de dégager des marges de manœuvre, c’est-à-dire des ressources qui vont permettre à l’Etat de faire face à ses obligations sociales comme la paie des salaires de tous ses agents, payer les bourses, les arriérés de pension, les pensions elles-mêmes et assurer les arriérés commerciaux intérieurs. L’Etat pourra également mobiliser de nouvelles ressources lui permettant de faire de nouveaux investissements », détaille l’expert financier congolais.
A fin septembre 2024, l’encours des BTA et OTA du Congo s’élevait à 2314 milliards de Fcfa pour une maturité moyenne de 3 ans. 62,7% de cet encours, soit 1451 milliards de Fcfa s’amortissent d’ici à fin 2026. Fort de ce constat et conformément aux meilleures pratiques de gestion proactive de la dette publique, le Pnot vise au refinancement sur les maturités jusqu’à 10 ans (2034) du portefeuille existant des titres publics congolais. Ceci au travers d’une opération d’échange volontaire ouverte à l’ensemble des établissements financiers détenant ces titres, indique-t-on. Selon les sources officielles, ces derniers disposeront d’une optionalité dans le choix de la maturité des nouveaux titres, afin d’opter pour un nouveau portefeuille adapté à leurs préférences et caractéristiques bilancielles. « Compte tenu des forts bénéfices attendus de l’opération, la Beac a marqué son soutien pour la mise en place du Pnot et envisage d’y concourir en apportant ses propres titres (BTA) à l’offre d’échange », indique le ministre congolais de l’Economie et des Finances.
UNE PoNdérAtioN dE 0% PoUr LEs NoUvEAUx titrEs PUbLics
Par ailleurs, au regard des engagements pris par le pays pour l’apurement de ses arriérés domestiques en particulier depuis le décret du 19 septembre 2023 et conformément à la réglementation en vigueur, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) a accordé une pondération à hauteur de 0% des nouveaux titres publics qui seront émis dans le cadre du Pnot. « Cette décision permettra de libérer du capital réglementaire pour les établissements bancaires participants, avec des externalités positives pour l’ensemble des émetteurs de la Cemac, bénéficiant d’une liquidité accrue sur le marché primaire », se félicite le gouvernement congolais. L’initiative du Congo qui s’inscrit dans le cadre de son programme avec le Fonds monétaire international (FMI) vise une saine gestion de ses finances publiques et de sa dette intérieure. Elle repose sur une concertation avec l’ensemble des acteurs du marché et veut contribuer à son bon fonctionnement. Les établissements financiers agréés en qualité de spécialistes en valeurs du Trésor (SVT) ont été invités à prendre attache avec le ministre congolais de l’Economie et des Finances pour échanger sur les modalités de mise en œuvre de cette opération.
Réaction
Jildas Ngonkoua Abouli, conseiller à la dette et au suivi des engagements financiers de l’Etat
« Le service de la dette exerce une pression sur les recettes fiscalo-douanières »
La situation financière difficile que traverse le pays en ce moment, s’explique particulièrement par le fardeau de la dette plus précisément celle du marché sous régional. Cette dette a une forte concentration sur les années 2025, 2026, 2027, voire 2028. La décomposition de cette dette affiche que les BTA affichent un pourcentage de 17,2% contre les OTA qui représentent 82,8%. Ce qui est davantage contraignant c’est que mensuellement, l’Etat doit mobiliser 100 milliards de Fcfa pour le remboursement de cette dette contre 70 milliards de Fcfa en 2023. D’un autre côté, nous avons des ressources fiscalo-douanières qui en moyenne s’élèvent à 75 milliards de Fcfa par mois. Comparaison faite, ces chiffres révèlent que le service de la dette exerce une pression sur les recettes fiscalo-douanières de l’ordre de 130% mensuellement. Alors, pour casser cette pression, le ministre de l’Economie et des Finances a lancé le Pnot. Ce programme fera en sorte que la pression de la dette soit déplacée sur un horizon de 5 ans et plus. Cela a pour corollaire d’allonger les maturités de la dette, de réduire la pression et de dégager des marges de manœuvre, c’est-à-dire des ressources qui vont permettre à l’Etat de faire face à ses obligations sociales comme la paie des salaires de tous les agents de l’Etat, payer les bourses, les arriérés de pension, les pensions elles-mêmes et assurer les arriérés commerciaux intérieurs. L’Etat pourra mobiliser de nouvelles ressources lui permettant de faire de nouveaux investissements.