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COMMANDE PUBLIQUE : 54% des marchés publics captés par les PME entre 2020 et 2023

C’est ce que révèle le rapport d’une étude de la Banque mondiale présenté à Yaoundé le 27 juin dernier au cours d’un atelier présidé par le secrétaire général du Minmap.

Sur la base des chiffres de l’étude sur le diagnostic de la vulnérabilité des Petites et moyennes entreprises (PME) et de leur accessibilité à la commande publique rendue publique le 27 juin dernier à Yaoundé, 54% des marchés publics et 91% des bons de commande administratifs (BCA) émis par l’État sur la période 2020-2023, ont été captés par les PME. Celles-ci se sont adjugées 2032 milliards de Fcfa, soit 1474 milliards de Fcfa sur les marchés publics et 559 milliards de Fcfa sur les BCA sur la même période. Selon cette étude commandée par le ministère des Marchés publics (Minmap) sur financement de la Banque Mondiale, sur la période 2020-2023, le gouvernement camerounais a commandé diverses prestations auprès des entreprises, pour un montant total de 3358 milliards de Fcfa. Selon Evrard Walter Nzamba du cabinet Ytengui Consulting Africa, ayant réalisé ladite étude, elle n’intègre pas les coûts des biens et services obtenus par les partenariats public-privé (PPP), les marchés spéciaux comme l’acquisition du matériel militaire, ou encore les évacuations sanitaires. Sur la période, les marchés publics se sont élevés à 2747 milliards de Fcfa, soit 82% du montant global et les BCA généralement appelés « 4,9 » parce que n’atteignant pas 5 milliards de Fcfa, se sont chiffrés à 611 milliards Fcfa, soit 18% du montant global sus évoqué. Malgré ces chiffres, les PME disent rencontrer d’énormes difficultés en matière de marchés publics.

LeS DIFFICuLtéS ReNCoNtRéeS PAR LeS PMe

La première a trait à l’absence ou au déficit d’informations relatives aux marchés publics et aux BCA. Selon l’étude susmentionnée, 54% des PME avouent n’avoir pas connaissance du journal des marchés publics. Cependant, le principal problème est celui de la capacité financière. Certains chefs d’entreprise présents évoquent la caution comme premier frein. Ensuite, le financement du besoin en fonds de roulement et le financement de l’outil productif. Présent à l’atelier, Daniel Claude Abate, président du Mouvement des entreprises du Cameroun (Mecam), met une emphase sur le non-respect par l’Etat et les autres entreprises donneuses, des délais prescrits pour le règlement des marchés. « C’est la principale difficulté que rencontrent les entreprises. La loi prescrit 90 jours, mais dans la pratique c’est toute autre chose. Par conséquent, le chef d’entreprise doit se transformer en agent de recouvrement au lieu de penser la politique de développement stratégique de son entreprise », s’indigne-t-il. Toute chose qui laisse libre cours à des pratiques peu orthodoxes comme la corruption. « Se faire payer est un autre marché public », ironise-t-il.

Le CASSe-tête DeS CheFS D’eNtRePRISe

D’autres chefs d’entreprises présents en ont profité pour narrer leurs déboires du fait du dépassement des délais qui s’étale souvent sur des années. « Au lieu de 90 jours ou éventuellement 120 jours, on se retrouve souvent à 800 jours voire plus, sans être payé », déplore le directeur général de l’entreprise Prisma. Une situation qui engendre des désagréments vis-à-vis des fournisseurs et des banquiers entre autres, sans oublier le renchérissement du coût des facteurs de production. « On se retrouve avec des coûts qui dépassent même le montant global du marché. Car, si vous avez contracté un crédit bancaire, vous devez parfois fournir des garanties et des hypothèques et si le paiement tarde à arriver, vous vous retrouvez en difficulté et vous tournez à perte », ajoute un autre chef d’entreprise.

Au-delà des difficultés financières, la capacité technique est une forme de goulot d’étranglement. En effet, beaucoup d’entreprises ne maîtrisent pas le rôle des différents intervenants dans le cadre des marchés publics (Minmap, Agence de régulation des marchés publics, etc). Aussi, l’absence de programme d’accompagnement spécifique des PME à la commande publique est perçue comme une autre difficulté. D’autant plus que 14% de ces entreprises disent n’avoir jamais bénéficié d’une formation dans le cadre des marchés publics.

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