Il est reproché à ces structures l’abandon des chantiers au cours des exercices 2023, 2022 et 2021.
L’assainissement du secteur des marchés publics reste une préoccupation dominante du ministère des Marchés publics (Minmap). Le ministre délégué à la présidence chargé des marchés publics, Ibrahim Talba Malla, a ainsi rendu public il y a quelques semaines, une liste de 216 entreprises menacées de résiliation de contrat pour abandon de chantiers au cours des exercices 2023, 2022 et 2021. Pour éviter cette sanction, « ces prestataires disposent d’un délai de 21 jours pour reprendre ou achever les travaux concernés ou produire les justificatifs de leur absence », explique le Minmap. Parmi ces chantiers, on retrouve les travaux de construction d’un pont en béton armé sur le Mayo Tagouri, sur la route communale Tignère-Wogomdou, région de l’Adamaoua, ou encore l’exécution en régie des travaux de construction d’un complexe gare routière dans la ville d’Akonolinga, région du Centre.
Selon l’Agence de régulation des marchés publics (Armp), l’abandon des chantiers peut s’expliquer par le phénomène de la corruption et l’attribution biaisée des marchés. « Il a été démontré que le secteur des marchés publics dans le monde et au Cameroun en particulier, est un domaine très exposé à la corruption. Cette activité faisant courir beaucoup de personnes qui à tort ou à raison pensent venir y faire fortune. Et c’est ainsi qu’on y retrouve beaucoup d’aventuriers n’ayant aucune expérience en la matière, entraînant par ce fait la mauvaise exécution ayant pour conséquence les chantiers abandonnés », explique l’Armp.
Ce n’est pas la première fois que le ministère délégué à la Présidence de la République en charge des Marchés publics se prononce sur le phénomène des marchés abandonnés. En 2017, pas moins de 334 entreprises avaient reçu des avertissements, puis interdites en 2019 de soumissionner à la commande publique pour une durée de 2 ans. En 2016, 122 sociétés défaillantes avaient été suspendues, avec toutes les conséquences réglementaires du point de vue de l’exclusion de la commande publique. Cette mesure rentre dans le cadre du processus d’assainissement du secteur des marchés publics en général, et de lutte contre le phénomène des marchés abandonnés en particulier. Elle consiste ainsi à retirer de la liste des prestataires de l’Etat, les entreprises qui compromettent l’efficacité de la consommation du budget d’investissement public.
Selon le Minmap, ces différentes suspensions portent déjà des fruits. Entre 2012 et 2017, le Trésor public a pu économiser près de 500 milliards de Fcfa. En plus des économies réalisées, on enregistre des améliorations considérables dans l’exécution des prestations, avec notamment plus de 90% des marchés entièrement exécutés et réceptionnés dans les dix régions du pays depuis 2015.