C’est l’un des 15 résolutions de la déclaration finale du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement tenu du 22 au 24 octobre 2024 dans la ville de Kazan en Russie.
Réunis dans la ville russe de Kazan du 22 au 24 octobre 2024, les Brics ont appelé à une réforme des institutions de Bretton Woods, en tenant compte de la représentation accrue des pays en développement. Cette interpellation fait suite au plaidoyer des ministres africains des Finances du 15 avril de cette année pour une réallocation des droits de tirage spéciaux (DTS) aux banques de développement régionales. Ce plaidoyer a été renouvelé au cours d’une réunion regroupant ces derniers, le lundi 15 avril 2024 dans la capitale américaine. C’était en marge des assemblées du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale à l’image de celles actuellement en cours à Washington. En fait, l’Afrique veut parler d’une même voix sur les grands problèmes posés au G20 (les 20 premières puissances mondiales, Ndlr). Il s’agit notamment de l’approche de la dette soutenable, la réforme du système de gouvernance des institutions financières multilatérales, le financement des infrastructures propices au développement et une transition énergétique juste. Un combat que semble s’être approprié les Brics en appelant à une « plus grande participation des pays les moins développés, en particulier l’Afrique, aux processus mondiaux », saluant au passage, le vif intérêt du Sud global à se rassembler.
Certains experts financiers à l’instar de Martin Eyebe Soppo annonçaient déjà des profondes mutations dans l’ordre économique et financier mondial. « Pour la première fois, les paramètres fondamentaux de l’économie mondiale bougent dans une cadence accélérée. La guerre russo-ukrainienne a entrainé des sanctions qui ont réduit le volume transactionnel des échanges en dollar dans le monde. Une option d’impact physique qui devrait entraîner une tendance à la baisse du cours du dollar. Nous avions déjà évoqué cela dans un de vos articles en décembre 2022. Pour freiner cette tendance, on va supposer que la régulation de la complexité des Etats qui composent l’Amérique va, à travers ses outils de contrôle, renforcer les paramètres qui gouvernent leurs économies », indiquait il dans une récente interview à LFA.
Parallèlement à cette situation d’autres alternatives s’activent à l’instar des Brics (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud). Le principal point commun, à ce bloc de pays, est d’être des économies émergeant grâce à une forte croissance, représentant des marchés attractifs pouvant s’émanciper de l’influence des puissances occidentales. Ils représentent 27% du PIB mondial en termes de parité de pouvoir d’achat (PPA) ; à savoir, un taux de conversion monétaire qui permet d’exprimer dans unité commune (ici le dollar avec le forex) les pouvoir d’achat des différentes monnaies. « La diminution du flux de volume du dollar fragilise la croissance de cette devise dans sa propre économie. Au même moment, et à l’intérieur du système; de grosses institutions financières américaines comme Goldman Sachs ont anticipé en créant un fonds d’investissement dédié aux Brics, pour donner aux investisseurs un nouvel espoir dans un environnement pessimiste par des couvertures de risque financier et même de risque d’opération », poursuit-il.
UN COMbAt eNtAMé DePUiS 2023 AU MAROC
En effet, la réforme du système de gouvernance des institutions financières multilatérales avait déjà été soulevée l’année dernière au cours des travaux de Marrakech. Les ministres africains des Finances, de la planification et du développement économique avaient alors appelé à des réformes visant à renforcer le modèle opérationnel du continent. Ceci afin d’assurer une meilleure représentation des pays africains, sous-représentés dans les organisations internationales. Toute chose qui limite sa voix et son influence dans les prises de décision. « Nous voulons que tout le monde soit traité équitablement. D’où la nécessité de réformer cet aspect également. Une autre chose importante est que l’Afrique ne doit pas être considérée comme un continent ayant besoin de générosité, mais que nous devons tous être traités sur un pied d’égalité », dénonçait Cyril Ramaphosa, président sud-africain.
Longtemps critiqués, la Banque mondiale et le FMI avaient décidé, à la faveur de leurs assemblées annuelles 2023 tenues au Maroc, d’accorder une troisième place à l’Afrique au sein de leurs conseils d’administration. Toutefois, les ministres africains des Finances appellent à plus de réformes visant à renforcer le modèle opérationnel, les instruments de prêt et la structure de gouvernance du FMI afin de faire face plus efficacement aux chocs exogènes mondiaux. « Cette représentation nous permettra de mieux défendre nos intérêts nationaux », estimait alors William Ruto, président de la République du Kenya. Concrètement, l’Afrique souhaite obtenir du FMI, le relèvement des limites d’accès annuelles de la Facilité de crédit rapide (FCR) et de l’instrument de financement rapide l’IFR de 50 % à 100 % de la quote-part, tout en maintenant les limites d’accès cumulatives plus élevées à 150 % de la quote-part au moins jusqu’à la fin de 2024. En réponse, Kristalina Georgieva, qui vient d’être reconduite DG du FMI soulignait certaines avancées faites par l’institution qu’elle dirige à cet effet : « Nous avons pris deux décisions distinctes, la première a été d’allouer 650 milliards de dollars à nos membres en fonction de leur quota, et la seconde a été prise pendant la période de pandémie, lorsque les liquidités étaient rares. Nous avons réalisé que nous ne pouvions y parvenir qu’en étudiant 90 % de nos membres », a-t-elle relevé.