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AFRIQUE CENTRALE ET EST : L’urgence de la diversification économique

Cette problématique est au cœur de la 3ème session conjointe du Comité intergouvernemental d’experts et hauts fonctionnaires qui se tient depuis le 15 octobre 2024 à Yaoundé.

Entamée par la rencontre des experts le 15 octobre 2024, la 3ème session conjointe du Comité intergouvernemental d’experts et hauts fonctionnaires (CIE) s’achève demain. En ouvrant les travaux des experts, le ministre camerounais de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey a présenté les enjeux de cette rencontre placée sous le thème : « Mise en œuvre rapide des solutions de recherche et d’innovation pour accélérer la diversification économique en Afrique Centrale et de l’Est ». Cette thématique est une suite logique des discussions sur le consensus de Douala adopté en septembre 2017. « La recherche et l’innovation ont accéléré le développement économique et particulièrement l’essor industriel partout où ils ont été intégrés. Si nous voulons atteindre le niveau élevé de valeur ajoutée, il y a besoin de renforcer la recherche et l’innovation», a expliqué Alamine Ousmane Mey.

Pour le directeur du Bureau sous régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique pour l’Afrique, directeur du Bureau sous régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Jean Luc Mastaki, il est urgent pour les pays de ces deux sous régions de mettre l’accent sur la diversification économique. « Les économies de l’Afrique centrale ont longtemps été caractérisées par une forte dépendance des matières premières. Lorsqu’on regarde par exemple les économies de la Cemac, on se rend compte 70% des exportations de ces pays sont concentrés sur le pétrole et le pétrole brut. Lorsqu’on va dans un pays comme la RDC, nous sommes ici sur le large format de l’Afrique centrale, on se rend compte que les ressources minérales par exemple constituent encore une fois la grande part des exportations. Ce sont des produits que nous exportons sans beaucoup de valeur ajoutée. Ils sont souvent sujet aux fluctuations des cours au niveau international et cela fait que nos pays souffrent tous d’une certaine vulnérabilité macroéconomique. C’est pour cela que nous à la CEA depuis 2017, nous continuons à marteler qu’il faut donner la valeur ajoutée à ces produits en promouvant une industrialisation locale qui nous permettra finalement de pouvoir renforcer le niveau du commerce intra régional qui est très faible », a indiqué Jean Luc Mastaki. En rappel, les deux premières sessions du CIE conjoint des bureaux de la CEA pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est ont été tenues respectivement auxSeychelles et au Burundi, en Afrique de l’Est. Il convient de rappeler que la dernière réunion de cette instance s’est tenue sous le thème : « Ériger l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est en origines des produits de qualité et en destinations d’investissement de choix pour accélérer l’industrialisation et la diversification, et renforcer la sécurité alimentaire ».

Créée en 1958 par le Conseil économique et social (Ecosoc) des Nations Unies, la CEA est l’une des cinq commissions régionales de l’institution. Elle a pour mandat d’appuyer le développement économique et social de ses États membres, d’encourager l’intégration régionale et de promouvoir la coopération internationale pour le développement de l’Afrique.

IntervIew

Jean Luc Mastaki, directeur du Bureau sous régional pour l’Afrique Centrale de la Commission économique pour l’Afrique
« La diversité économique consiste à augmenter la part des produits manufacturés dans notre panier d’exportation »

Dans cet entretien, le directeur du Bureau sous régional Afrique centrale de la CEA reprécise les enjeux de la diversification économique.

Pourquoi est-il urgent aujourd’hui de mettre l’accent sur la diversification de l’économie en Afrique centrale ?

Les économies de l’Afrique centrale ont longtemps été caractérisées par une forte dépendance des matières premières. Lorsqu’on regarde par exemple les économies de la Cemac, on se rend compte que 70% des exportations de ces pays sont concentrés sur le pétrole et le pétrole brut. Lorsqu’on va dans un pays comme la RDC, nous sommes ici sur le large format de l’Afrique centrale, on se rend compte que les ressources minérales par exemple constituent encore une fois la grande part des exportations. Ce sont des produits que nous exportons sans beaucoup de valeur ajoutée. Ils sont souvent sujet aux fluctuations des cours au niveau international et cela fait que nos pays souffrent tous d’une certaine vulnérabilité macroéconomique. C’est pour cela que nous à la CEA depuis 2017, nous continuons à marteler qu’il faut donner la valeur ajoutée à ces produits en promouvant une industrialisation locale qui nous permettra finalement de pouvoir renforcer le niveau du commerce intra régional qui est très faible. Lorsqu’on regarde au niveau africain, la moyenne est de 12%, mais en Afrique centrale, les optimistes parlent de 2% et les autres parlent de -2% du commerce intrarégional. Donc nous sommes une sous-région qui ne commerce pas avec elle-même. Pourquoi ? Parce que beaucoup de nos produits sont des matières premières que nous ne consommons pas. Quelqu’un dirait même que nous produisons ce que nous ne consommons pas. Donc la diversité économique consiste à augmenter la part des produits manufacturés dans notre panier d’exportation, ce qui permettra non seulement de rendre endogène les emplois, c’est-à-dire l’industrialisation, l’industrie et les secteurs qui crées le plus d’emploi décent. La majorité de la population est jeune. En Afrique 64% de la population de l’Afrique est constituée de jeunes de -24 ans. Les perspectives d’emplois sont importantes et c’est à travers une industrialisation inclusive qu’on peut répondre à cela et aussi lorsqu’on diversifie une économie on se protège par rapport à certains chocs exogènes. On a encore en mémoire les effets de la crise de la Covid19, la crise Russo ukrainienne est encore là. Si nous continuons à dépendre des circuits d’approvisionnement extérieurs, nous restons extravertis et vulnérables à tout choc qui peut intervenir sur le marché.

Que peuvent apporter la recherche et l’innovation dans la diversification de l’économie ?

La recherche et l’innovation sont les socles de l’industrialisation et de la diversification économique. La recherche et le développement qu’elle soit publique ou privée, permet de créer de nouveaux produits et de promouvoir de nouveaux procédés de production qui vont nous amener vers des produits plus élaborés, plus complexes que nous manquons encore mais qui vont aussi nous amener vers des produits plus compétitifs et la recherche est cruciale là-dessus. Mais pendant cette rencontre, nous allons essayer de passer au crible les défis liés à ces secteurs-là dans nos pays. Et deux à trois facteurs majeurs, d’abord la problématique du financement qui est insuffisante et non durable de la recherche et du développement. Nous sommes à moins de 0,5 du PIB en moyenne en Afrique centrale et en Afrique de l’Est. Certains pays africains sortent du lot, notamment l’Afrique du Sud et le Rwanda qui font des efforts. Les pays maghrébins sont en train d’évoluer. Il va falloir que nos pays puissent s’investir davantage dans la recherche. Au-delà de la recherche publique, la recherche privée n’est pas très visible. Il va falloir promouvoir le secteur privé et l’encourager à aller vers la recherche pour promouvoir de nouveaux produits. L’autre défis, c’est le système d’innovation comme on l’appel, qui comprend à la fois les chercheurs, les liens entre la recherche et l’innovation c’est-à-dire toute la procédure de protection de droits de propriété intellectuelle. Il va falloir que le système soit coordonné pour qu’en fin de compte, nos inventeurs puissent être rémunérés sur la base des inventions qu’ils font.

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