Lancées le 27 mai dernier, les souscriptions de cette opération devraient s’achever le 27 juin. Un mois plus tard, le silence actuel laisse penser à une seconde contre performance en 6 mois.
après l’échec de son premier emprunt obligataire 2024 où il n’a pu obtenir que 20 milliards de Fcfa sur les 150 milliards de Fcfa recherchés, le Gabon a lancé le 27 mai dernier les souscriptions à son deuxième emprunt. Celles-ci devraient s’achever le 27 juin dernier conformément au document produit à cet effet. Plus d’un mois après, on est toujours sans nouvelle de cette seconde opération à l’intervalle de 6 mois. Ce silence laisse planer le spectre d’une autre contreperformance sur le marché financier sous régional. Le pays du général Brice Clotaire Oligui Nguema souhaitait à travers le lancement du second obligataire tranches multiples dénommée « EOG Multi-tranches 2024-2030 », mobiliser 200 milliards de Fcfa, soit 50 milliards de Fcfa de plus par rapport à la première opération auprès des investisseurs de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale).
L’emprunt obligataire susmentionné est structuré en trois principales tranches. Il s’agit notamment de la tranche A dont le taux d’intérêt est de 6,60% Net pour une maturité de 3 ans (50 milliards de Fcfa) ; la tranche B au 6,75% Net pour une maturité de 4 ans (100 milliards de Fcfa) et la tranche C au taux de 7% Net pour une maturité de 6 ans (50 milliards de Fcfa). Le prix de l’obligation s’élève à 9 500 Fcfa tandis que la souscription minimale à 500 000 Fcfa et la valeur nominale de l’obligation à 10 000 Fcfa.
LeS ParTiCuLariTéS De La NouveLLe oPéraTioN
À la différence de la première opération, le Gabon s’est séparé du duo Emrald Securities Services (ESS Bourse) et CBC Bourse respectivement dirigées par les Camerounais Christian Din Dika et Bertrand Tognia, et arrangeur principal et co-arrangeur de la précédente opération, pour miser Building Emerging Markets (BEM Securities) et Attijari Securities Central Africa (Asca), respectivement arrangeur principal et chef de file, et co-arrangeur de la nouvelle opé- ration. Des changements ont aussi été apportés sur les rémunérations des différentes tranches. Celle de la tranche A a été revalorisée par rapport aux 6% de la première opération, idem pour la tranche B en hausse par rapport aux 6,5% de mars dernier. Par contre, le taux d’intérêt de la tranche C a été revu à la baisse. Il passe de 7,5% à 7%. Cette opération, faut-il le souligner, est la première phase d’un programme destiné à lever 400 milliards de Fcfa.
Pour le ministère de l’Economie et des Participations, émetteur de cette opé- ration, il s’agit de mobiliser des fonds nécessaires au développement du Gabon. Les fonds mobilisés permettront le financement des projets d’investissements inscrits dans le plan national de développement pour la transition et d’apurer une partie de la dette extérieure. « Ensemble, contribuons au développement du Gabon » est le slogan choisi à cet effet.
La FriLoSiTé DeS iNveSTiSSeurS SouS réGioNaux
Pour les experts financiers, plusieurs facteurs peuvent expliquer la frilosité des investisseurs du marché sous régional. Le premier selon eux, a trait au resserrement de la politique monétaire par la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (Beac). Dans l’optique de lutter contre l’inflation, elle a entrepris depuis quelques années, de ponctionner l’excès de liquidités des banques après avoir relevé ses principaux taux directeurs. L’autre facteur serait lié au fait que la majorité des investisseurs sont les banques qui sont tenues par des ratios prudentiels imposés par la Commission bancaire de l’Afrique Centrale (Cobac). Toute chose qui limite leurs marges de manœuvre. L’autre facteur évoqué est l’impréparation.